Lille le 7/12/2012
Pour chacun des intervenants, le temps est compté ; et pour le confort de l’auditoire, les redondances ne doivent pas être de mise, si possible… D’autant que beaucoup d’entre vous connaissent bien le sujet du jour : les problèmes environnementaux, les gaz à effet de serre, le dérèglement climatique… Et même, les nouvelles constructions.
Alors, plutôt que de vous infliger un listing d’actions ou de bonnes intentions départementales, permettez-moi de vous livrer une seule et simple réflexion sur la période que nous vivons… Parce qu’elle est très significative.
Durant le week-end, sur la plupart des chaines de télévision, vous avez un zapping, c’est-à-dire des extraits de certaines émissions qui auraient pu vous marquer chaque jour de la semaine. Et en fonction de notre rendez-vous d’aujourd’hui, j’ai fait mon propre zapping des 8 derniers jours. Et je l’ai fait sans tricher sur un seul sujet. Je vous le livre.
· Point n°1 : Depuis plus d’un mois et particulièrement toute la semaine dernière, l’ensemble des médias, audios ou écrits a parlé de la transition énergétique, de la constitution du comité de pilotage pour mener la réflexion, des avis des uns et des autres sur ce type de démarche, sur le but de cette démarche et sur les acteurs de cette démarche. Je me garderai bien d’émettre un jugement quelconque mais ce qui me semble vraiment important, c’est qu’on en parle, qu’il y ait un vrai débat et qu’on sensibilise la population.
· Point n°2 : Toujours la semaine dernière, sur un radio d’information nationale, toute une journée a été consacrée aux conséquences sociologiques, politiques et économiques de l’apparition d’un nouveau type de citoyens : le « rurbain », c’est-à-dire ces personnes, ces familles qui ont décidé d’aller habiter à quelques dizaines de kilomètres de la grande ville. Et par l’intermédiaire de flashs de 10 minutes, tout au long de la journée, les spécialistes ont rappelé, disséqué et expliqué le phénomène de la périurbanisation avec ses conséquences sur l’aménagement du territoire, sur le fonctionnement des rurbains, sur les conséquences familiales et financières que la périurbanisation a entrainé. Et, bien entendu, ils ont évoqué les conséquences directes ou indirectes sur l’environnement. Et pour finir, Ils formulaient des préconisations qui, à vrai dire, ne nous sont pas inconnues, le SRCAE étant passé par là. Et, sincèrement, tous ces spécialistes osaient dire des choses qui dérangent un tant soit peu.
· Point 3 : Le lendemain, plusieurs reportages télévisés étaient ciblés, une fois de plus, sur le problème de la précarité énergétique, et en particulier sur ce processus, de plus en plus courant, qui fait que des personnes vivant à la limite du seuil de pauvreté, basculent dans la précarité uniquement à cause du coût de l’énergie. Quand on est responsable d’un centre d’action sociale ou d’une épicerie sociale, on peut attester que, depuis 3 à 4 ans, le type de public ayant besoin d’aide a évolué. Et le coût de l’énergie y est pour beaucoup.
· Point 4 : Le jour suivant, c’est la clôture de la conférence de DOHA… Qui ne semble pas être une franche et belle réussite… Comme la conférence de Copenhague. Et de rappeler que les signataires de l’accord, à Doha, ne représentent que 15% des émissions de gaz à effet de serre. Et que, comme d’habitude, les plus gros pollueurs ont refusé de signer.
· Point 5 : 24 heures après, on rediffuse sur la 5, le film de Yan-Arthus Bertrand, « Home »… Et ce film se termine avec une phrase : « En 1 heure, le soleil envoie sur terre autant d’énergie que la terre en consomme en 1 mois. »
· Point 6 : on annonce, il y a 48 heures, que le prix du gaz va augmenter de 2,4%... Ce qui fait une augmentation de 80% depuis 2005…
· Point 7 : Le même jour, j’apprends que la commune où j’habite est classée en catastrophe naturelle parce qu’il est tombé en 5 semaines ce qui tombe, normalement en 9 mois et parce que, au fil des décennies, les gens ont fait un peu n’importe quoi dans l’aménagement du territoire. Et j’en assume aussi toute la responsabilité, étant depuis 20 ans un élu local.
Alors pourquoi vous avoir parlé de ce zapping. Simplement pour constater
- Que l’environnement, l’énergie et le changement climatique deviennent, certains diraient « Enfin »… deviennent des sujets de préoccupation sociétale majeure ;
- Que l’information, la communication et la sensibilisation sont devenus des outils incontournables pour orienter cette troisième révolution industrielle que nous allons vivre ;
- Qu’on ne pourra pas se passer d’une mobilisation générale : citoyen, collectivités, états, décideurs et usagers ;
- Et qu’on ne fera pas l’économie d’une remise en cause de beaucoup de nos fondements sociétaux.
Ce n’est que le 5ème Cap Climat. Je crois qu’il y en aura encore beaucoup d’autres mais le principal, c’est que la volonté soit là et une volonté sans ostracisme et sans égoïsme. Et vous le savez tous, cette volonté-là, celle qui assume et qui avance, cette volonté-là n’est pas forcément la monnaie la plus universelle. Mais le principal, c’est de le savoir et de tout faire pour que ça change.
C’est bien pour cela que nous sommes ici aujourd’hui. Du moins, je l’espère.
Merci de votre attention.
Hervé POHER