Réunion de groupe avant le vote sur la loi : « les nouveaux droits des malades en fin de vie ».
« Vous ne pouvez pas dire que cette loi est une loi pour les médecins ou une loi pour les malades… C’est une loi pour les deux, médecins et malades.
D’autant que cette loi, de la façon dont elle est écrite est porteuse, dès le départ, d’une hypocrisie… d’une double hypocrisie. Mais cette hypocrisie est nécessaire, obligatoire, incontournable.
Première hypocrisie : on parle de sédation profonde et continue… Mais il y a bien longtemps que les médecins font de la sédation profonde et continue. A l’hôpital comme à domicile… Ils n’ont pas besoin de la loi et qu’on leur dise ce qu’il faut faire… Ou les produits qu’on doit utiliser. Mais ils le font presque en cachette, en repartant avec les ampoules vides dans la poche.
Seconde hypocrisie : Les médecins savent très bien qu’en faisant comme cela, ils accélèrent un tout petit peu le cours des choses.
Mais ils font tout cela par respect pour le malade, par solidarité pour la famille et parce que c’est leur boulot, leur mission et leur devoir. Bien sûr, tous les médecins ne le font pas : ça dépend du dialogue qu’ils ont avec leur malade, du dialogue qu’ils ont avec la famille et du dialogue qu’ils ont avec eux-mêmes.
Tout en sachant qu’ils risquent forcément quelque chose… Car on pourrait très bien leur demander pourquoi ils ont injecté du Droleptan, du Largactil ou de la morphine. Mais ceux qui le font le font parce que c’est leur devoir.
Pour être honnête avec vous, cela fait 30 ans que je me demande s’il faut légiférer sur la fin de vie. Et je ne sais toujours pas… Car je pensais que c’était dans l’âme et dans le rôle du médecin d’assumer ce moment.
Alors, c’est vrai que cette loi est nécessaire… Et sous cette forme-là, parce que, pour l’instant, on ne peut pas aller plus loin. Alors, avoir retiré le mot « continue » après le mot sédation, est une aberration, une bêtise, une contre-vérité.
<< Interrogation sur le vote/ Vote contre le texte pouvant être interprété comme un vote contre la loi/ Besoin de communiquer sur le sens du vote>>
Voilà ce que voulais vous dire. C’est simplement le témoignage d’un ancien praticien… Praticien ayant pratiqué une certaine philosophie médicale. J’ai bien dit philosophie, pas technique médicale. »
Hervé Poher