Contexte : Au cours de la discussion, en commission, sur la loi santé (15 juillet 2015/ CF article précédent), je suis intervenu sur le problème des effectifs et des déserts médicaux.
Etant d’un milieu « hautement médicalisé » et ayant travaillé sur ce sujet pendant des années (Mise en place des Programmes Régionaux de Santé, Présidence d’une Conférence Sanitaire…), je me suis permis de donner mon point de vue.
Et, parlant de l’évolution du corps médical et du manque de médecins, j’ai osé mettre dans la même phrase les mots « féminisation » et le mot « problème ». Ce qui m’a valu d’être critiqué sur Internet.
Attaques sur les réseaux sociaux, où on me traite de « sexiste » et, pendant qu’on y est, souffrant « d’absentéisme au Sénat» (en se basant sur un site internet non officiel, construit à partir de l’Open Data du Sénat, c’est-à-dire que ce site en déduit des présences en fonction de ce qui est publié et non pas des présences enregistrées par le Sénat.)
Mots interdits ? Etre politiquement correct ? Ne pas oser évoquer certaines réalités… Pour trouver des solutions ?
Définitions du Larousse :
Féminisation : « Augmentation de la proportion des femmes dans une profession, une organisation, etc »
Problème : « Point sur lequel on s'interroge, question qui prête à discussion, qui fait l'objet d'argumentations, de théories diverses. »
Voici ma réponse envoyée le 17 juillet.
Monsieur.
Permettez que je réponde à vos « 2 attaques militantes », une qui est qui est basée sur un compte-rendu de réunion de commission (et tout le monde sait que ces compte-rendu ne sont qu’un résumé des discussions) et l’autre sur l’interprétation d’un site « Nos sénateurs.com » (qui n’est pas un site officiel du Sénat).
Sur la féminisation de la médecine.
N’a-t-on plus le droit de prononcer le mot « femme » dans nos réunions ? Le politiquement correct dont vous vous faites le chevalier blanc nous interdit il de parler ou seulement d’évoquer des phénomènes de société ? La féminisation des études médicales est une réalité (et je ne fais pas une critique en disant cela). Très naturellement, une certaine proportion de femmes-médecins ne s’installent pas (et je ne fais pas une critique en disant cela). Et sur celles qui s’installent, un certain nombre préfèrent un emploi salarié ou un travail à temps partiel (et je ne fais pas une critique en disant cela). C’est normal, c’est logique, c’est naturel et parfaitement compréhensible. Qu’on le veuille ou non, les emplois du temps d’un homme et d’une femme ne sont pas les mêmes (et je ne fais pas une critique en disant cela). Tout au contraire, c’est plutôt à la gloire des femmes.
Et je parle en connaissance de cause : j’étais médecin (généraliste en milieu rural), mon épouse est médecin (pédiatre réanimatrice hospitalière), un de mes fils est médecin (Réanimateur urgentiste SMUR) et sa femme est médecin (généraliste urbain) !!! Je sais donc comment fonctionne une famille de médecins, je connais les emplois de temps de mon épouse ou de ma belle-fille et j’ai donc une certaine légitimité à évoquer ces problèmes.
Et, ce qui a été évoqué dans notre réunion de commission, c’est le problème du numérus clausus : numérus clausus qui a été inventé, dans les années 70 alors que 85% des étudiants étaient des hommes. Maintenant, 60% des étudiants sont des étudiantes…
Ce n’est pas être sexiste que d’évoquer le phénomène et d’essayer de trouver des solutions (numérus clausus à géométrie variable en fonction du sexe des candidats…) et c’est quand même malheureux de se voir interdire de prononcer certains mots, en réunion, sous prétexte du « politiquement correct ».
Enfin, je vous signale que le problème évoqué était celui des effectifs médicaux et pas seulement celui des déserts médicaux.
Pour ce qui est du site Nos Sénateurs. Com ». Je vous signale - que ce n’est pas le site officiel du Sénat. - qu’il est bourré (malheureusement) d’inexactitudes :
- sur le graphe (et en réalité) plus de 30 semaines de présence… et il est noté 23 (mais ça va passer peut-être à 27 ou 28 dans 3 jours ! quand ils feront une révision des chiffres) ;
- question orale posée le 7 juillet (pas répertoriée) ; les votes solennels (sans procuration) du mardi à 15h15 (donc présent) non repris… Et j’en passe.
- pour votre curiosité, à l’inverse, certains sénateurs sont notés à 39 ou 40 semaines de présence… Alors qu’entre le 1er août 2014 et aujourd’hui, le Sénat n’a pas été ouvert 39 semaines (pas ouvert en août 2014, ni en septembre 2014 pour cause d’élections sénatoriales, vacances de Noël, Pâques….). C’est là qu’on voit la limite des décomptes informatiques basés sur des comptes-rendus de réunions!
En résumé, monsieur. Je veux bien être attaqué sur des prises de positions, critiquables ou discutables, mais dans tous les cas, je refuse d’exclure de mon vocabulaire certains mots parce que le « politiquement correct » nous l’interdit.
Quant au travail au Sénat : venez passer une journée avec nous… Et vous verrez que 70% de notre travail dans cette enceinte n’est pas et ne peut pas être répertorié sur un site internet. Pour l’instant, nous ne sommes pas équipés de puce électronique entre les oreilles.
Hervé Poher