Sénat : le groupe écologiste a trouvé son sauveur, le « mutant » Hervé Poher
François Vignal
Le 08.03.2016 à 15:50
Le sénateur apparenté PS Hervé Poher va rejoindre le groupe écologiste du Sénat.
Un transfert qui assure la survie du groupe, menacé de disparition depuis le départ de Jean-Vincent Placé au gouvernement. Ce sénateur du Pas-de-Calais a l’avantage d’être écolo-compatible.
Le groupe écologiste du Sénat a trouvé son sauveur : c’est le sénateur apparenté PS Hervé Poher. Depuis la nomination de Jean-Vincent Placé au gouvernement, les neuf sénateurs du premier groupe écolo de la Haute assemblée cherchaient un remplaçant. Au Sénat, il faut être dix pour pouvoir se constituer en groupe politique et bénéficier des avantages qui en résultent : temps de parole et moyens financiers alloués par l’Etat.
« Je suis un mutant, le cœur socialiste et la tête écolo » « Il s'agit d'un rattachement administratif pour leur permettre d'exister », a déclaré Hervé Poher. « Il serait inimaginable et injuste que le groupe n’existe plus alors qu’on passe notre temps à dire que le XXIe siècle sera celui de l’écologie » explique à publicsenat.fr le sénateur du Pas-de-Calais, qui a annoncé la nouvelle ce matin lors de la réunion du groupe PS.
En tant que sénateur rattaché, les consignes de vote définies par le groupe ne l’engageront pas. « J’ai toute liberté. On va inaugurer une nouvelle façon de fonctionner », explique-t-il. Il se réserve le droit d’aller aux réunions des socialistes ou à celle des écologistes. Le temps pressait. Les sénateurs écologistes avaient jusqu’à vendredi minuit pour trouver un nouvel ami. Ils cherchaient dans l’idéal un écolo-compatible.
Exactement le profil d’Hervé Poher. « Je suis un mutant » plaisante-t-il, « j’ai eu une mutation génétique au fil des années, avec toutes les responsabilités que j’ai eues. J’ai le cœur socialiste et la tête écolo. Ça ne me dérangeait pas intellectuellement de faire ce geste pour eux ».
« C’est un Ch'ti arrangement » plaisante la sénatrice écologiste Marie-Christine Blandin, élue voisine du Nord. Plus sérieusement, elle ajoute : « Ce n’est pas une tractation politique, c’est une démarche d’Hervé Poher. Il n’adhère pas à toutes les positions des membres du groupe écologiste, mais il pensait que démocratiquement, dans la Haute assemblée, il serait dommage qu’un groupe soit condamné à la dissolution pour une simple raison d’effectif ». Marie-Christine est allée apporter elle-même la lettre de demande de rattachement d’Hervé Poher au président du Sénat, Gérard Larcher. « Il s’est félicité que l’issue soit heureuse » selon la sénatrice écologiste. « Il est engagé de longue date sur les parcs naturels, la protection de l’environnement, l’eau potable » Pour l’ancienne présidente du Conseil régional du Nord-Pas-de-Calais, « c’est bien d’être sauvé par quelqu’un comme lui. Il est engagé de longue date sur les thèmes qui nous sont chers : les parcs naturels, la protection de l’environnement, l’eau potable. Il s’est occupé du site des Cap Blanc-Nez et Cap Gris-Nez ». Dernièrement, Hervé Poher a été l’orateur du groupe PS pour le texte sur la biodiversité. Il est aussi membre de la commission du développement durable.
Il avait été exclu du PS en 2012 par Martine Aubry pour dissidence. Désigné par les militants locaux pour les législatives, Solférino avait pourtant investi quelqu’un d’autre. « En 2002, j’avais déjà laissé la place à Jack Lang, de nouveau en 2007. En 2012, ça commençait à bien faire » dit-il.
Avant cette issue heureuse pour le groupe, plusieurs pistes avaient été à l’étude. D’abord celle d’un sénateur des DOM-TOM. Mais les intéressés n’avaient pas voulu (voir notre article). Pour rien n’arranger, le groupe PS ne voulait pas, il y a un mois, donner de coup de pouce. La semaine dernière, une solution pour le moins baroque était évoquée, en la personne de Robert Navarro, sénateur exclu du PS, mis en examen et… pro corrida. Les verts auraient vu rouge.