Sénat : les Verts sauvés par un bon samaritain au « cœur socialiste et la tête écolo » Le sénateur apparenté PS du Pas-de-Calais, Hervé Poher, rejoint le groupe écologiste du Sénat. Ce ralliement assure la survie de ce groupe menacé de disparition par le départ au gouvernement de Jean-Vincent Placé remplacé par son suppléant, un communiste. Résultat les Verts n’étaient plus que neuf. Or pour former un groupe au Sénat et bénéficier des avantages qui en découlent (fonds alloués par l’Etat et temps de parole) il faut être au minimum dix. Les Verts dont les finances sont plus que dans le rouge et l’influence en berne cherchaient et dans l’urgence un bon samaritain.
« Il s’agit d’un rattachement administratif pour leur permettre d’exister », explique Hervé Poher. Il est vrai qu’ancien médecin ayant prêté le serment d’Hypocrate, il ne peut laisser aucun malade sur le bord de la route. En tant que sénateur rattaché, les consignes de vote définies par le groupe ne l’engageront pas. « J’ai toute liberté. On va inaugurer une nouvelle façon de fonctionner », a- annoncé l’arrivant qui ne manque pas d’humour. Le sénateur du Pas-de-Calais qui se définit comme « un mutant » se réserve le droit d’aller aux réunions des socialistes ou à celle des écologistes.
Les sénateurs écologistes qui avaient jusqu’à vendredi minuit pour trouver un sénateur écolo- compatible ont poussé un grand « ouf » de soulagement. Depuis trois semaines, ils battaient en vain la campagne. Le PS avait commencé par ne pas vouloir entendre leurs appels du pied. Les sénateurs des DOM-TOM approchés avaient fait la sourde oreille. Du coup les neuf avaient songé à Robert Navarro, sénateur de l’Hérault, exclu du PS, mis en examen et pro-corrida. Un comble !
Leur nouvel ami ne justifie pas son geste qui surprend l’opinion, il met à nu les ressorts de son cœur et de sa pensée : « j’ai eu une mutation génétique au fil des années, avec toutes les responsabilités que j’ai eues (maire, conseiller général, président de parc naturel) J’ai le cœur socialiste et la tête écolo. Ça ne me dérangeait pas intellectuellement de faire ce geste pour eux ».
« C’est un Ch’ti arrangement » plaisante la sénatrice écologiste Marie-Christine Blandin, élue voisine du Nord avant d’ajouter : « Ce n’est pas une tractation politique, c’est une démarche d’Hervé Poher. Il n’adhère pas à toutes les positions des membres du groupe écologiste, mais il pensait que démocratiquement, dans la Haute assemblée, il serait dommage qu’un groupe soit condamné à la dissolution pour une simple raison d’effectif ». Engagement dans la défense de l’environnement « C’est bien d’être sauvé par quelqu’un comme lui ».
Les Verts, reconnaissants se réjouissent de compter parmi eux quelqu’un comme Hervé Poher, membre de la commission du développement durable, qui se bat depuis longtemps sur des thèmes qui leur sont chers : les parcs naturels, la protection de l’environnement, l’eau potable. Le mois dernier Hervé Poher a été l’orateur du groupe PS lors de l’examen le texte sur la biodiversité. En 2012, ce sénateur du Pas-de-Calais a été exclu du PS en 2012 par Martine Aubry alors patronne du parti pour dissidence. Alors qu’il avait été désigné par les militants locaux comme leur candidat aux législatives, Solférino en avait décidé autrement, avait investi quelqu’un d’autre et Hervé Poher s’était maintenu. « En 2002, j’avais déjà laissé la place à Jack Lang, de nouveau en 2007. En 2012, ça commençait à bien faire », explique-t-il.