Commission/ rencontre avec Météo France, le ministère de l’intérieur, les assurances...
« Je fais partie de ces élus qui souffraient du « syndrome du nuage gris » : ayant subi plusieurs inondations, j’avais toujours une paire de bottes dans le coffre de ma voiture et je passais mon temps à scruter les cieux ! De fait, ma commune était inondée en moyenne tous les quatre ans … depuis le 16ème siècle. Mais au 21ème siècle, les habitants ne s'en accommodent plus.
Au sujet des alertes communiquées par Météo France, je me demande quand même si vous n’appliquez pas, trop facilement, la politique du parapluie et nous sommes, peut-être, tombés dans l'excès de prudence : au moindre risque, une alerte. Sur ma commune, pour les cinq dernières « alertes orange », quatre n’ont donné que des pluies banales. Seule la cinquième a donné des coulées de boue... Je sais bien qu'il est très difficile de localiser précisément une alerte. Et on ne peut pas être précis à quelques kilomètres près. Mais la conséquence de la multiplication des alertes fait que les élus municipaux n'y prêtent plus vraiment attention.
J'ai probablement été le champion de France des catastrophes naturelles et je voudrais signaler une anomalie au sujet de cette procédure. Quand l'état de "Cat Nat" est déclaré pour la commune Dupont, une maison située sur la commune Durand, mais proche de la commune Dupont et qui a subi les mêmes dommages que cette commune, parfois un mètre d’eau, ne pourra pas bénéficier de cet état de catastrophe naturelle parce que située en dehors du territoire de la commune Dupont. Anormal !
Autre sujet. Le premier PLU du Pas de Calais a été fait pour ma commune, et j'ai essayé d'y introduire la notion de vulnérabilité. Mais rapidement, on s’est aperçu que cela avait un impact sur le prix du foncier et de l'immobilier et les services de l’Etat m’ont même demandé de faire très attention. C'est donc une notion à manier avec beaucoup de prudence...
La culture du risque, pourquoi pas ? Car c'est l'activité humaine qui est bien souvent responsable, surtout pour les inondations. Aux communes d'agir : il faut modifier les PLU, faire la chasse aux permis de construire de complaisance, les permis électoralistes… Bref, devenir raisonnable !
Autre remarque : Les services de l'État nous cherchent parfois des poux dans la tête ! Exemple : j'ai voulu installer une pompe pour faire baisser le niveau d’eau dans un marais habité. L'eau aurait été versée dans un canal, qui aboutissait à la mer. Dans un premier temps, on me l'a refusé, car l'État me soupçonnait de vouloir rendre cette zone constructible… Alors que c’était une zone biotope, une zone Natura 2000 et une zone de préemption du Conseil Général. Donc impossible de la rendre constructible… Ensuite, on me l’a refusée… Car cette pompe risquait de tuer des anguilles !!! Je crains que ce type d'argument ne passe plus dans la population !
Après la première inondation que j'ai vécue comme maire, en 1997, j'ai demandé à l'État de faire un plan de prévention du risque inondation (PPRI), pour que les responsabilités soient partagées. C’est normal… De temps en temps, j’aurais dit : « Ce n’est pas moi, c’est le règlement ». Il a accepté le principe du PPRI. C’était en 1997… Nous sommes en 2016, et nous attendons toujours.
Enfin, une idée comme ça. Lorsqu'une commune réalise d'importants travaux et que les inondations et autres catastrophes diminuent, pourquoi ne pourrait-elle pas bénéficier d’un bonus au niveau des assurances ? J'ai investi plusieurs centaines de milliers d'euros, avec l'aide du département, de la région et de l'État, et depuis six ou sept ans nous n'avons plus d'inondations. Un rabais sur la prime d'assurance ne serait pas injustifié. »
Hervé Poher