2016/10/19 : Commission Sénat/ Audition de M. Jean Pisani-Ferry, Commissaire général de France Stratégie
"Je tiens à remercier, tout d’abord, le commissaire général pour son remarquable diagnostic, ce formidable état des lieux du territoire. C’est passionnant. D'ailleurs, votre document écrit restera à mes yeux une référence au moins pour l'année 2016.
Cependant, originaire du Pas de Calais, sa lecture de ce document m'a donné envie de prendre des antidépresseurs, tant les informations qu'il contient n'ont rien d'encourageant !
Beau document mais fait de cartes et de graphes. Or les cartes et les graphes ont aussi leur limite et je prendrai un exemple par l'absurde pour l'illustrer. En effet, vous mettez en évidence une scissure entre le sud-ouest et le nord-est. Et, on s'aperçoit que les emplois d'un certain niveau, les personnes d’un certain âge et l'argent se trouvent à majorité dans le Sud-Ouest. De même, c’est dans le sud-ouest que les Chinois exportent le plus leurs marchandises. On peut donc en déduire que c’est dans le Sud-Ouest que les aînés ont les moyens d'acheter chinois ! Ce qui ne serait pas illogique car les chinois vont où il y a de l’argent à faire !
Par ailleurs, je ne sais pas si je me trompe mais je ne vous ai jamais entendu parler de la notion de bassin de vie. Et dans la cartographie et la gestion des collectivités, cette notion est devenue beaucoup plus importante que la notion de bassin d’emploi.
J’aurais aussi aimé aller plus loin dans la précision de vos cartes pour analyser le phénomène d’'apparition des « rurbains » ; phénomène apparu il y a une vingtaine d'années ; phénomène sur lequel il faudrait se pencher et ce, d'autant plus qu'il semblerait qu'ils aient tendance, les études sociologiques le montrent, à voter pour les partis extrêmes !
Enfin, en ce qui concerne l'enseignement supérieur, je vous demande l’autorisation d’envoyer votre document au gouvernement. Vous avez souligné que l'offre ne faisait pas tout. Sans doute mais ça compte quand même… En effet, l'ancienne région Nord-Pas-de-Calais, pour quatre-millions-cinq-cent-mille habitants, ne compte qu'une seule faculté de médecine, tandis que Paris en compte onze ! Autant dire qu'il est plus difficile aux habitants de Boulogne ou de Berck de suivre des études de médecine. "
Hervé Poher