Les couleurs magiques
Conte pour Mathilde
Depuis quelques centaines d’années, la terre était devenue difficile à vivre. Le ciel était gris et le soleil se cachait bien souvent. Les animaux étaient devenus rares et les fleurs ne poussaient plus.
Tout cela à cause des hommes car ils avaient sali la terre avec leurs pollutions, avec leurs papiers, en coupant les arbres et en jetant à la mer plein de choses. Et du coup, la mer était noire ou jaune ou rouge…
Bref, la terre était devenue triste.
Quelques hommes vivaient encore dans une tribu de Calais. Ils travaillaient dur et essayaient de vivre malgré la tristesse. Ils étaient dirigés par Lotard, le magicien.
C’était un grand monsieur, un grand magicien et il savait plein de choses : il savait lire des livres ; il savait faire la poule au pot ; il savait fabriquer de la limonade ; il savait parler aux tortues ; bref, il savait tout faire. Dans sa maison, il y avait un beau livre : le livre sacré qui racontait comment était la terre, dans le temps. Et lui, Lotard voulait que la terre redevienne belle, que les fleurs puissent repousser, que le soleil puisse briller à nouveau. Mais il n’avait pas la formule magique pour réussir tout cela et il ne savait pas comment faire.
Un jour de grand hiver, alors que la neige recouvrait les collines de Calais, Lotard et son chien Claquemur décidèrent d’aller à la plage pour voir si la mer avait gelé. En chemin, ils rencontrèrent trois petites fées qui s’étaient perdues. Elles s’appelaient Cloé, Roxane et Mathilde. Elles jouaient à cloche-pied et avaient l’air de beaucoup s’amuser.
Après les avoir saluées, Lotard continua son chemin. Mais Claquemur, le chien, resta auprès des fées et s’adressa à elles. Car c’était une particularité de ce monde devenu bizarre : les chiens pouvaient parler.
« Vous semblez bien vous amuser, s’écria Claquemur. Pourtant le monde est triste car il ne fait plus jamais beau. »
Pour que le monde redevienne beau, il suffit de le vouloir, répondit Cloé.
Mais mon maitre Lotard ne sait pas comment faire.
Pour le savoir, il suffit de demander à celles qui savent, ajouta Roxane.
Mais qui peut savoir tout cela ?
Nous, nous savons. Dis à ton maitre de venir nous voir… On lui expliquera comment changer le monde. » termina Mathilde
Sitôt entendu, sitôt obéi. Et Claquemur partit tout courant rejoindre son maitre pour lui dire de venir parler avec les trois petites fées.
Lotard fut un peu étonné. Comment de petites fées pouvaient-elles savoir la façon de réparer la terre et de redonner à la nature ce qu’elle avait de plus beau. Mais il allait, quand même, par curiosité faire un geste et il irait discuter avec elles.
Le lendemain, il revint voir les trois fées et leur demanda :
« Alors, mesdemoiselles, il parait que vous connaissez la méthode pour guérir le monde ? dit-il un peu moqueur. Si cette méthode existait, on l’aurait déjà appliquée. »
Lotard, tu es peut-être un grand magicien mais tu ne connais pas tout. Et comme tous les hommes, tu as oublié certaines choses qui sont simples.
Des choses simples ? interrogea Lotard
Oui, des choses simples. Nous allons te les expliquer. »
Et Cloé demanda :
« Regarde-nous, Maitre Lotard, nous sommes les gardiennes du futur et à partir de nous, tu peux trouver la solution à tes problèmes. Regarde-nous bien toutes les trois et dis-nous ce que tu vois. »
Eh bien, je vois trois petites fées…
Oui mais comment sont-elles ? Insista Cloé
Fort jolies !
Oui mais regarde et explique comment nous sommes ! Décris-nous et tu trouveras la solution à toutes tes questions. »
Lotard était perplexe. Il se demandait si les petites fées ne se moquaient pas de lui. Pourtant, il obéit :
« Je vois trois petites fées, dit-il. La première est brune avec des yeux marrons. Elle est très jolie. La deuxième est rousse avec les yeux verts. Elle est aussi très jolie. La troisième est blonde avec des yeux bleus. Et c’est la plus jolie…
Eh bien, maitre Lotard, sers-toi de ce que tu as vu pour repeindre le monde ! Avec un beau pinceau et un peu d’imagination, tu peux redonner à la terre ses plus belles couleurs.
Et d’un seul coup, Lotard comprit ce qu’il devait faire. Il sortit de sa grande poche un énorme pinceau.
Puis il demanda à Cloé.
« Cloè ; le noir de tes cheveux et le marron de tes yeux peuvent me servir. Puis-je te les emprunter ?
Bien sûr, Maitre Lotard. Les fées sont là pour vous aider à rêver. »
Lotard approcha son pinceau des cheveux noirs de Cloé et le pinceau devint tout noir. Puis, avec ce pinceau, il toucha la terre et la terre devint noire. Ensuite il approcha le pinceau de ses yeux de Cloé et le pinceau devint marron. Et avec ce pinceau, il toucha le tronc des arbres qui devinrent tous marrons.
Il demanda alors à Roxane.
« Roxane. Le rouge de tes cheveux et le vert de tes yeux peuvent m’être utiles. Puis-je t’en prendre un peu ? »
Bien sûr, Maitre Lotard. Les fées sont là pour vous aider à embellir. »
Avec le pinceau rouge, il coloria le soleil et avec le pinceau vert, aussi vert que les yeux de la petite fée, il coloria les arbres.
Et pour finir, Il demanda à Mathilde :
« Mathilde, tes cheveux sont les plus beaux du monde et tes yeux sont d’un bleu magnifique. Puis-je m’en servir ? »
Mais je suis là pour cela Maitre Lotard. Je suis venue pour donner du bonheur. Alors sers-toi de mes couleurs. »
Quand le pinceau fut tout blond, il coloria les champs de blé et quand il prit le bleu des yeux de la petite fée, il coloria le ciel.
Et le monde était redevenu beau. Avec simplement six couleurs, Lotard avait réparé la terre.
Et tous les gens de Calais furent heureux, se mirent à danser et à chanter. Ils dansèrent toute la nuit autour de Lotard le grand magicien et des trois petites fées.
Grâce aux petites fées, ils avaient retrouvé tout ce qui était important et surtout grâce à Mathilde, ils avaient retrouvé le bleu du ciel… Et ça, ça n’avait pas de prix !
Ne cherchez pas dans les livres de magie… Vous ne trouverez pas la fée Mathilde… Elle n’existe que dans nos cœurs…
Papy Guînes
FIN
DE
L’HISTOIRE