Article paru dans le Nord-Littoral du 13/06/2017
Nous sommes le 1er mars... 2016 quand Hervé Poher prend la plume. Sur son blog, le sénateur écologiste, qui a passé toute sa jeunesse à Calais, anticipe alors l’un des plus grands épisodes de l’histoire politique française.... et il ne le sait pas encore.
Pour l’ancien maire de Guînes, vice-président du conseil départemental et sénateur c’est certain :
« 1) Hollande ne sera pas candidat à la primaire et il ne sera même pas candidat à la présidentielle.
2) Macron va se présenter (jeune, hors parti, bousculant…)
3) Macron se présente avec l’accord (caché) de Hollande (et en plus, belle peau de banane pour Valls). »
Nous sommes alors en mars 2016 et il n’y a pas encore eu les primaires, ni à droite, ni à gauche... François Hollande est toujours enclin à se présenter, fort d’une amélioration des chiffres du chômage et Emmanuel Macron n’a toujours pas démissionné du gouvernement, ce qu’il fera fin août 2016. D’ailleurs En Marche n’existe même pas encore !
La prédiction d’Hervé Poher est d’une précision redoutable !
La montée en puissance de Macron
L’élu explicite quelque peu son propos. Pour lui le but recherché est double :
« Essayer d’une part, de placer quelqu’un au deuxième tour (effet Kennedy et ras-le-bol des partis) ; Dynamiter d’autre part, une bonne fois pour toute le PS (où certains vieux conservateurs ne veulent pas toucher à l’héritage de Mitterrand) et créer un nouveau parti social-démocrate. Sur ce dernier point, Hollande, Valls, Macron et d’autres sont tous d’accord. »
Tous d’accord excepté qu’Emmanuel Macron aura quand même pris de vitesse François Hollande et Manuel Valls. Mais au final, le PS a bel et bien été mis en pièces comme il l’avait annoncé !
Poher conclut sur le fait qu’« on verra(it) au fil des mois, la montée en puissance de Macron, la non-candidature de certaines personnes pouvant être dangereuses et, a contrario, l’officialisation de candidatures sans intérêt… Et tout cela sous le calcul et avec la bénédiction de Hollande… Je prends les paris… » disait-il. Il aurait dû parier. Poher l’avait prédit. Il n’y a jamais eu autant de petites candidatures notamment aux législatives.
Certains ont préféré ne pas se présenter. Macron est monté en puissance, adoubé par François Hollande qui a fini par considérer qu’il avait lancé un élève. Et dans la pensée de l’ex-président le disciple a fini par dépasser le maître.
« Il fallait tuer le parti socialiste » ....
- Que pensez-vous des résultats du PS, parti que vous connaissez bien, même si vous en avez été exclu en 2012...
«Ils ont voulu me réintégrer, mais j’ai refusé... mais j’ai continué de côtoyer les parlementaires socialistes. Cela fait longtemps que je les préviens qu’ils vont vers la déroute. Ils ne m’ont pas cru. »
- Pour quelles raisons prédisiez-vous cela?
« Nous sommes sur une fin de cycle naturel doublée d’un stratagème monté par François Hollande... (lire ci-dessus). Le PS est devenu un boulet avec des caciques qui ne veulent pas voir évoluer le PS... Il fallait le tuer. »
- Personne ne vous a écouté?
« Non mais avec les paris que j’ai gagnés je peux manger au restaurant gratuitement jusqu’à la fin de mes jours. »