Reprenant le texte de décembre 2015 (après les élections régionales), on peut imaginer une lettre de remerciements envoyée par Marine...
Lettre imaginaire de Marine...
Voilà ce qu’aurait pu être un courrier envoyé ce jour… Est-il éloigné de la vérité ?
Le 05/12/2018.
Merci. Merci à tous. Merci pour tout.
C’est une grande période pour moi… Et je me dois d’être honnête : c’est bien grâce à vous.
Merci à vous, les Grands Dirigeants, vous qui n’avez jamais écouté. Depuis des années, les gens vous parlent angoisse, besoins, désespérance, misère… Et vous, depuis des années, vous leur répondez : impôts, équilibre budgétaire, taxes et finance. C’est vrai: Vous m’avez bien aidée…
Merci à vous, les Grands Chefs, vous qui vous croyez investis. Depuis des années, les gens dénoncent les usages politiques, les mœurs politiques, les arrangements politiques… Vous êtes persuadés que le titre, le poste, la fonction vous appartiennent et que l’électeur n’est là que pour entériner votre bon plaisir et valider votre petit désir. Vous avez oublié qu’un homme, ce n’est pas qu’une voix. C’est vrai: Vous m’avez bien aidée…
Merci à vous, les Grands Stratèges, vous qui n’y connaissez rien. Depuis toujours, les gens veulent avoir l’impression « qu’on peut les écouter un peu», avoir l’impression « qu’on peut les comprendre un peu», garder l’impression « qu’on a en face de soi quelqu’un qui connait un peu la vie, la vraie vie». Au lieu de cela, vous leur donnez des parisiens hors-sol, des énarques trop formatés, des parachutés en mal de reconnaissance et des technocrates bien méprisants. Le peuple attendait des chefs qui font rêver ; vous lui avez donné des comptables qui font pleurer. Vous deviez raconter une histoire au peuple… Vous ne l’avez pas fait ; du coup, le peuple veut écrire lui-même son histoire. C’est vrai: Vous m’avez bien aidée…
Merci à vous, les Grands Parleurs, politiciens de tous bords qui agitez la démocratie mais « la démocratie utile à soi-même » ; qui parlez de solidarité mais « de solidarité vis-à-vis de sa caste » ; qui maniez la bienveillance, mais « bienveillance vis-à-vis de son clan. » Depuis des années, les gens vous envoyaient des avertissements… Vous ne les avez pas vus car vous ne vouliez pas les voir. C’est vrai: Vous m’avez bien aidée…
Merci encore aux médias. Depuis des années, il vous faut, chaque jour, à chaque heure, à chaque instant, l’événement qui fera la une, l’information qui fera râler, le scoop qui fera causer. Le calme et le positif n’ont jamais fait vendre des journaux et ça, vous le savez bien. Alors, vous avez malaxé les scandales, trituré les erreurs et fait la promotion du négatif. Et maintenant, vous faites semblant d’être étonnés devant la montée du populisme… Alors que vous devriez être contents : ça fera de l’audience et ça alimentera l’information pendant un moment. En attendant, c’est moi qui profite. C’est vrai, vous m’avez bien aidée.
Merci enfin à vous membres de la « boboïtude conquérante ». Vous avez voulu de l’inédit, du neuf, du sensationnel ; vous avez voulu changer le monde sans changer votre monde ; vous avez voulu balayer les vieux concepts, les vieilles habitudes, les vieilles certitudes... Tout en vous croyant investis d’un pouvoir secret. Alors, en 2017, pour les présidentielles, vous avez créé un nouveau type de campagne électorale : on n’écoute pas… on démolit ; on n’emmène pas vers l’espoir… on traine dans la boue ; on ne valorise pas les atouts… On fait la promotion des erreurs. Vous avez fait du « dégagisme » une pratique jouissive. Et vous avez gagné. Dix-huit mois après, vous en voyez le résultat : les gens n’ont plus confiance dans leurs élus, se méfient de leur élite et ont décidé de s’occuper eux-mêmes de leur avenir. Et, du coup, ils votent uniquement pour protester. C’est vrai : vous m’avez bien aidée.
Imbus, suffisants et méprisants, vous devriez, tous, maintenant rester chez vous. C’est le meilleur service que vous pouvez rendre à la nation et c’est le devoir minimum que vous vous devez d’offrir au citoyen.
Avec mon éternelle reconnaissance.
Marine.