« Pourquoi n’ai-je pas revêtu de gilet jaune et n’ai-je pas participé au Grand Débat ? Pour une raison très simple.
Pendant 25 ans de vie publique, j’ai dénoncé violemment la prise de pouvoir de la technostructure et l’effacement des politiques… Car la technostructure ne saura jamais ce que veulent dire les mots « terrain », « souffrance », « besoin », « espoir »… Hélas, je n’ai pas été entendu.
Pendant 25 ans, j’ai alerté sur le fait que les comptables avaient la main mise sur notre société et que les philosophes étaient obligés de se taire. Or la république, la liberté, les droits de l’homme ont été inventés par des philosophes et non par des comptables… Hélas, je n’ai pas été entendu.
Pendant 25 ans, j’ai affirmé qu’il fallait se méfier du tout-informatique, de la dématérialisation, d’internet et de la dépersonnalisation du service public. Simplement parce que l’ordinateur a, certes, de belles capacités mais il manque singulièrement d’humanité… Hélas, je n’ai pas été entendu.
Pendant 25 ans, dans tous mes postes, j’ai brandi l’étendard de l’écologie, de l’environnement, en demandant une mobilisation de tous pour sauver notre avenir… On m’a souvent pris pour un doux-dingue, un pessimiste et un excité… Et, hélas, je n’ai pas été entendu.
Alors dans la démarche « Gilet jaune » et dans le Grand Débat, débat qui rassemble enfin tous ces thèmes, je ne me sens plus du tout légitime. Le peuple évoque lui-même tous ces sujets mais il les évoque dans la rue. J’ai parlé 25 ans, sans doute un peu comme dans le désert car je n’ai pas été entendu et encore moins écouté … Cela prouve simplement que je ne suis, sans doute pas le meilleur des porte-paroles. Alors, il vaut mieux que je cultive mon jardin. C’est moins stressant et là, au moins, je suis sûr d’une chose : les oiseaux m’écoutent eux ! »
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Hervé Poher