Je devais offrir le tome II des Contes de Grand-père à tous mes petits-enfants, en juin prochain. Mais tout le monde est confiné et les journées peuvent paraitre longues. Alors, je mets les histoires en ligne. Ça leur fera passer un peu de temps… Bisous aux 9.
Papy Guînes
Un papy au pays
des dinosaures
Conte pour Mathilde
Les petites fées sont comme tout le monde : elles ont des papas et des mamans et elles ont même des papys et des mamys…Eh oui, elles vivent aussi dans une famille.
Mathilde, la petite fée aux yeux bleus, était bien fatiguée après avoir aidé Lotard et son chien Claquemur à sauver le monde et à repeindre la nature (voir épisode précédent). Le magicien Lotard avait cru qu’il avait fait cela tout seul… Mais les 3 petites fées, Cloé, Roxane et Mathilde l’avaient bien aidé, discrètement, en cachette, sans que le bon magicien ne s’en rende compte. C’est normal, il avait besoin d’un coup de main : les couleurs sont parfois difficiles à trouver et le monde est tellement grand. Et du coup, Mathilde était fatiguée. Ses yeux se fermaient, sa tête était lourde et elle avait une furieuse envie de dormir.
Elle dit à ses 2 amies : « On n’est pas loin de Guînes… Je vais aller me reposer chez ma Mamy et mon Papy. Je suis trop fatiguée. Je vous retrouverai plus tard. » Elle mit ses ailes en route et elle partit chez Papy et Mamy Guînes. Ses grands-parents furent très heureux de voir leur petite-fille. « Que tu as l’air fatiguée s’écria Mamy » « C’est vrai que pour un chien galleux, tu n’as pas l’air très tonique ! » ajouta Papy. Ce Papy-là ne pouvait pas s’empêcher de taquiner ses petits-enfants. « Les chiens galeux, ça doit toujours être en forme… A mon avis, tu manges trop de frites et de bonbons. »
Mais Mathilde était trop fatiguée pour entendre les blagues de son grand-père. Du coup, elle commença à faire la tête et à bouder, à bouder encore et à bouder encore plus. Et comme il continuait à la taquiner, elle s’énerva d’un coup. « Arrête, Papy ! Tu m’embêtes. Je suis trop fatiguée… Va plutôt embêter tous les autres dans l’espace et au pays des dinosaures ! »
Mathilde était tellement fatiguée qu’elle avait oublié qu’elle avait des pouvoirs magiques… Et d’un seul coup, Papy disparut, s’évapora dans un nuage de fumée… Il était parti pour le pays des dinosaures. « Mais qu’as-tu-fait Mathilde ? Papy a disparu ! » s’écria Mamy. « Il faut le retrouver… C’est lui qui fait les confitures et le pudding au pain! » .
Mathilde se rendit compte qu’elle avait fait une bêtise : Une fée ne doit jamais utiliser ses pouvoirs magiques quand elle est en colère ou fatiguée. « Ne t’inquiète pas, Mamy ! Je vais le retrouver… Je vais aller le chercher… ». Mais Mathilde était bien embêtée car elle ne savait pas trop bien comment on allait au pays des dinosaures, si c’était dangereux et dans quel coin du pays des dinosaures, elle allait pouvoir retrouver Papy…
Ne sachant pas trop quoi faire, elle décida d’aller prendre conseil auprès du magicien Lotard. Un magicien doit connaitre le pays des dinosaures… C’est normal : c’est un magicien.
Discrètement, elle sortit de la maison de Guînes et s’envola pour retrouver Maitre Lotard. Maitre Lotard était à la plage… En train de se faire bronzer… Et, en plus, il mangeait une glace à la vanille… Ce qui n’était pas très bon pour son régime !
« Maitre Lotard. J’ai un gros problème, murmura Mathilde, et vous seul pouvez m’aider ». « Que se passe-t-il, petite fée Mathilde ? ». Et Mathilde lui expliqua sa fatigue, sa colère et le papy envolé pour le pays des dinosaures.
« Eh bien dis donc… Tu t’es mise dans un drôle de pétrin… Et moi, je dois te l’avouer, je suis bien ennuyé : je connais tous les pays mais pas celui des dinosaures… Et pour trouver ce pays-là, il faut avoir de l’intuition et du flair… »
« Mais du flair… Claquemur en a plein ! s’écria Mathilde ». Quand il entendit son nom, Claquemur, le petit chien savant de Lotard, ouvrit un œil, dressa une oreille et commença à bouger la queue. Il aimait bien qu’on parle de lui.
« Tu as raison, petite Mathilde. On va demander à Claquemur de retrouver ton Papy. »
« Écoute-moi bien Claquemur. Tu vas essayer de retrouver le papy de Mathilde. » Claquemur fit bouger sa queue pour dire qu’il était d’accord. « Et si tu le retrouves, tu auras un gros os avec de la moelle. » La queue de Claquemur bougea encore plus car il était encore plus d’accord. « Il est perdu au pays des dinosaures. » Là, d’un seul coup Claquemur se sauva et se cacha sous un tas de coquillages, en tremblant et en criant « Aie, Aie…. ».
« Je crois que Claquemur a un peu peur… Il va falloir qu’on l’accompagne au pays des dinosaures. » ajouta Lotard. Devant l’air affolé de Mathilde, Lotard la rassura en lui expliquant qu’avec tous ses pouvoirs magiques ajoutés à ceux de Mathilde, il pouvait paralyser tous les dinosaures du monde.
Lotard prononça alors la formule magique : « Abracadabra ; Au pays lointain tu iras ; les dinosaures tu combattras et le papy retrouveras. » Et tous les trois disparurent dans un grand nuage de fumée… Et ils se retrouvèrent tous les trois, allongés dans l’herbe d’une prairie embrumée.
C’est vrai que le pays des dinosaures pouvait faire peur : de grandes montagnes avec des volcans en éruption ; de gros nuages noirs ; une forêt épaisse avec, en permanence, des cris de bêtes qui se battaient et qui hurlaient à la mort… De quoi donner la chair de poule… Nos trois héros se relevèrent, tout tremblant. Claquemur s’agrippa à la cheville de Lotard, car en fait, il n’était pas très courageux… Et Mathilde, que l’on pensait beaucoup plus brave se cacha dans la poche du magicien. « C’est une drôle d’armée de combattants ! » s’écria, en riant, Maitre Lotard. « Allez ! On y va. » Et Maitre Lotard se dirigea vers la haute montagne qui crachait du feu car il savait que les dinosaures aimaient bien vivre au pied des volcans. En effet, autour des volcans, la terre est bien plus fertile et l’herbe est beaucoup plus verte qu’ailleurs… et les dinosaures adorent l’herbe bien verte… Si les dinosaures étaient là, Papy serait là.
Après 2 heures de marche, ils arrivèrent à l’entrée d’une grotte, au pied du volcan. « Il ne peut pas être bien loin » remarqua Lotard. « Qui ça » demanda Mathilde , « Ouaf, Ouaf » s’écria Claquemur… Ce qui, en langage chien voulait dire la même chose. En disant cela, Lotard pensait à Papy mais Mathilde et Claquemur pensait surtout au dinosaure.
A peine entrés dans la grotte, un bruit terrible se fit entendre, un bruit terrifiant, un ronflement énorme et du coup, les murs tremblaient, des pierres se détachaient du plafond, les stalactites tombaient et les stalagmites ne montaient plus. Bref, on aurait pu croire que c’était la fin du monde. Claquemur, tout tremblant s’était réfugié sous la toge de Lotard et Mathilde s’enfonça encore plus dans la poche. Lotard, immobile, attendait la suite des événements. Il n’attendit pas longtemps car d’un seul coup, surgissant de l’obscurité, une tête de dinosaure apparut et ses gros yeux fixèrent le magicien, d’un air méchant.
Lotard, n’écoutant que son courage, regarda l’animal fixement et s’écria « Attends un peu, sale bête. Je vais te réduire en poussière ! ». A ce moment-là, le dinosaure dit d’une petite voix : « Pourquoi tu me traites de sale bête ? Tu n’es pas un mec gentil, toi ! » « Mais tu parles comme moi ! » s’écria Lotard. « Bien sûr que je parle comme vous et, je dirais même que je parle mieux que vous, car moi, je suis un être délicat et raffiné … Moi, par exemple, je ne dis jamais de gros mots et je ne fais jamais de faute de français. »
Incroyable… Lotard était complétement sidéré. Qu’un dinosaure comprenne et parle le langage humain était quelque chose d’inimaginable. « Alors, si tu parles comme nous, peux-tu me dire où se trouve Papy, un monsieur qui vient d’arriver ici, venant d’un autre monde. » « Ah, s’écria le dinosaure. Tu viens récupérer ce malotru, ce bonhomme râleur, cet animal malhonnête… » « Animal malhonnête… Notre Papy ? » s’étonna Mathilde qui avait sorti la tête de la poche. « Bien oui ! Animal malhonnête car depuis qu’il est arrivé, il n’arrête pas de pester, de maugréer, de m’injurier et de dire des « prout, zut, crotte de bique, merde…. Et j’en passe. C’est une horreur ; Or comme je ne supporte pas les gros mots, car je suis un être délicat et raffiné, je l’ai enfermé dans une salle de la grotte, derrière un rocher. » « Vous ne l’avez pas mangé ? » s’étonna Mathilde. « Sachez demoiselle, répondit la bête, que les dinosaures ne mangent que de la verdure… Et votre Papy, ce doit être de la vieille viande, tout dure et qui sent le moisi… Or moi, qui suis un être délicat et raffiné, je ne mange que du bio, de la production locale et en circuit court, c’est-à-dire produit sur le terrain. Et votre Papy, je ne sais pas d’où il vient…
En plus, il n’arrête pas de dire des gros mots ! Et je ne supporte pas les gros mots !» Et l’animal repoussa un cri féroce qui fit trembler toute la grotte.
« Eh bien, justement, mon cher dinosaure. » Lotard s’exprimait lentement, avec délicatesse. « Comme vous êtes un être délicat et raffiné, comme votre culture n’a d’égal que votre amabilité légendaire et comme nous voulons respecter votre tranquillité, nous sommes venus spécialement récupérer le Papy de mademoiselle Mathilde… Car nous savons qu’il peut être grossier, râler tout le temps et embêter son monde… Comme vous êtes un dinosaure délicat et raffiné, nous allons vous en débarrasser et nous allons le ramener dans notre monde. » « Voilà une bonne idée… Je vous le rends tout de suite, ce vieux machin malpoli ! »
A peine le rocher déplacé, Papy passa la tête et dit en regardant le dinosaure « Qu’est-ce qu’il me veut ce gros animal bêbête qui a tout du chien galeux… » Devant l’œil méchant du dinosaure, Mathilde s’écria « Papy, tais-toi » ; Lotard, voyant le risque de colère « dinosaurienne », ajouta « Allez, on s’en va tout de suite » et Claquemur conclut en criant « Ouaf, Ouaf ! »
Ni une, ni deux, après un coup de baguette magique, nos quatre compères disparurent dans un nuage de fumée et retombèrent sur terre.
Bien revenu à lui, Papy s’écria : « Bon dieu ! C’était quoi ce truc ? Je lui aurais bien cassé la figure à ce gros dinosaure en carton-pâte. Vous m’en avez empêché… Bande de chiens galeux ! »
« Tais-toi Papy » s’énerva Mathilde « Si tu continues, je t’envoie au pays des… » Et là, Claquemur lui mordit la jambe pour éviter qu’elle ne redise une grosse bêtise. Et Lotard rajouta « C’est bien la première fois que je donne raison à Claquemur quand il mord quelqu’un… Et pendant que tu y es Claquemur, donne un coup de dent à Papy : cela lui apprendra à injurier les dinosaures ». Et Papy partit en courant en criant « Arrête ! Espèce de chien galeux ! ».
Surtout ne cherchez pas un dinosaure
délicat et raffiné…
Il n’existe que dans nos cœurs.
Fin de l'histoire
Papy Guînes