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AVERTISSEMENT:




Nous vous proposons différentes photographies qui n'ont qu'un seul but: vous livrer de belles images du Pas-de-Calais, quelques images du monde et quelques clins d'oeil humoristiques. Ces photos ont été copiées sur le web et restent la propriété des gens de talent qui les ont faites.

ITINERAIRE...

1989

- Election au Conseil Municipal de Guines

1992

- Membre de la liste régionale

1994

- Elu Conseiller Général du Canton de Guînes

1995

- Elu Maire de Guînes

1997

- Elu Président de la Communauté de Communes des Trois-Pays (CCTP)

 - Suppléant du député Dominique Dupilet

1998

- Vice-Président du Conseil Général

- Président d'Eden 62

2000

- Nommé élu référent pour l'Opération Grands Sites des Caps

2001 Réélu

- Maire de Guînes

- Conseiller Général

- Président CCTP

2002

- Suppléant du député Jack Lang

2004

- Membre de la liste régionale

- Elu président du Comité de Bassin de l'Agence de l'eau Artois-Picardie (--> 2014)

2004

- Elu président du Pays de Calais (-->2006)

2005

- Elu président de la Conférence Sanitaire du Littoral (-->2009)

2007

- Suppléant du député Jack Lang

- Démission du poste de maire

2008 Réélu

- Conseiller Général

- Adjoint à Guînes

- Président de CCTP

- Président Agence Eau

2011 Réélu

- VP du Conseil Général

- Président du Comité de Bassin de l’Agence de l’eau

- Membre de la liste sénatoriale

2012 :

- Candidat aux législatives

- Elu Président du Parc Naturel

2013

- Sénateur du Pas-de-Calais 

- Démission de la CCTP

- Démission du CM de Guînes

2014 Réélu

- VP du Conseil général

- Président du Parc

2015

- Arrêt du Conseil Général

- Arrêt  Eden

-Arrêt Parc Naturel

2017

- Arrêt du Sénat

 

Par Date De Parution

PHOTOS

 

Poher (19)      

Poher (7)

Poher (18)     

Andre-et-Gilbert     

Contrat-avenir.jpg   

En-assembl-e.jpg

GB     

Inauguration-Petit-Prince.jpg      

Langelin-maire-honoraire.jpg

election 2007    

Ardres     

Conservatoire 2

Poher herve (6)     

2004 fete de la randonnee    

Bouquehault     

Kluisbergen     

Poher (14)     

tour     

99 Inauguration ADSL

MDR             

repas vieux      

jardin

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

4 septembre 2022 7 04 /09 /septembre /2022 19:41

              La divine prophétie.

Un conte pour Victor.

04/09/2022: Histoire pour petits/ La divine prophétie/ Pour Victor

  Guînes, 360 ans avant notre ère.

 Le soleil tapait fort, au moins quarante degrés à l’ombre… Si ce n’est pas plus !  Et pas un poil de vent, pas un soupçon de bise, pas le moindre rototo d’Eole. Alors, bien entendu, personne dans les rues de Guînes ; même les mouches, les moustiques et les cafards étaient introuvables. Pensez-donc : ces pauvres bêtes cherchaient surtout, comme tout le monde, de la fraîcheur. Et de la fraîcheur, sur la place de l’Hôtel de ville, il n’y en avait pas.

   J’ai dit « Personne dans la ville ! » Ce n’est pas tout à fait exact. En effet, curieusement, Il y avait, sur la place, quelques employés municipaux, essayant péniblement, d’arranger les parterres de fleurs. Ils arrosaient, tuteuraient, binaient la terre, espérant y faire pénétrer un peu d’humidité. Mais chaque geste était une épreuve et la moindre velléité de travail leur donnait des suées. Certaines mauvaises langues diraient que des velléités de travail chez des employés municipaux, ça n’existe pas. Mais ici, à Guînes, les ouvriers travaillaient ou du moins essayaient. 

   Norbert, dit Norbert le Tartare, chef de l’équipe municipale, n’en pouvait plus. Depuis huit jours, la canicule paralysait la région et pourtant, le vizir municipal avait déclaré « Le pharaon-maire veut que la place soit fleurie au maximum. Le jury des VAF (Villages Antiques en Fleurs) va bientôt passer. Si nous n’avons pas la première place, le pharaon-maire vous en tiendra pour responsables. Compris ? ». Norbert et son équipe avaient compris le message et faisaient tout ce qu’ils pouvaient pour gagner ce pari. Mais comment voulez-vous réussir une œuvre d’art floral, quand il fait une chaleur caniculaire depuis plus de huit jours et que, régulièrement, le soir, des averses de grêle s’abattent sur la région ? 

   Ce jour-là, alors que le thermomètre était encore plus haut que d’habitude, Le Tartare dit à ses hommes : « Faites ce que vous pouvez, les mecs !  Si le pharaon-maire n’est pas content, il ira se taper le derrière par terre ». Les six ouvriers municipaux le regardèrent étonnés, comme tétanisés. « Ben quoi, les mecs ! Ça vous choque ce que je viens de dire ? ». Ce qui les choquait, c’était de voir le vizir municipal derrière le dos de Norbert et celui-ci ne l’avait pas entendu arriver.

" Alors Norbert, tu dis que le pharaon-maire peut aller se taper le derrière par terre ? Sais-tu que dire ceci est insultant pour ton patron et que, d’après la loi municipale, toute insulte insultante et insultative doit être punie de vingt coups de fouet !" 

   A cette époque-là, les vizirs qui aidaient les pharaon-maires à diriger le territoire avaient une façon curieuse de parler. Ils avaient souvent tendance à faire des redondances ou des complications verbales rendant leur expression plutôt bizarre. Mais c’était un moyen de se donner de l’importance.

   Revenu de sa surprise, Le Tartare s’exclama : « N’importe quoi ! Les coups de fouet, c’est démodé ! Et d’abord, c’est interdit ! ». Mais le vizir éclata de rire

" Interdit, sauf si je décide de l’opposé du contraire car c’est moi le sous-chef et de plus, tu sais très bien que le pharaon-maire aime bien tout ce qui est anciennement et vieillement démodé. Et les coups de fouet, c’est sacrément démodé. Alors, à genoux, chien canin ! Montre-moi ton dos que je te rappelle comment, chez nous, on punit les rebelles pas obéissants et pas soumis. »

  Norbert se recula et les ouvriers se mirent à ses côtés. 

"  Pas question ! Je refuse !  Vous n’avez pas le droit de me donner des coups de fouet ! 

- J’ai tous les droits… Présentement et à l’heure actuelle, c’est moi le sous-chef ! "

   La tension montait, les cris éclataient, les invectives fusaient… D’un côté, les sept employés municipaux. De l’autre, le vizir qui avait été rejoint par les deux gardes municipaux, qui ne comprenaient pas trop ce qui se passait. Et ça criait tellement fort que tous les habitants de la place étaient à leurs fenêtres. Le vizir avança une lanière de cuir à la main ; les ouvriers municipaux étaient prêts à entrer dans un combat sanglant et meurtrier ; les policiers municipaux, quant à eux, se grattaient la tête, attendant les ordres et cherchant à comprendre les raisons de cet affrontement… avant de choisir leur camp. La tension était extrême et on aurait pu entendre voler une mouche. Mais comme je l’ai déjà dit précédemment, les mouches cherchaient de la fraîcheur… Donc, elles ne volaient pas.

   Norbert et le vizir étaient sur le point de s’agripper quand, tout à coup, une voix s’éleva : 

"  Hommes de peu de foi ! N’avez-vous pas honte de vous montrer en spectacle ? Vous qui devez être exemplaires, vous qui devriez être la base d’un monde nouveau. »

    La personne qui venait de dire cela, était un petit bonhomme, d’une dizaine d’années, brun, propre sur lui et qui venait, tout juste, de déboucher sur la place. Mais son calme et la sureté de son regard impressionnèrent les belligérants. Comment un petit garçon pouvait-il intervenir dans un combat titanesque ? Comment un petit gamin pouvait-il parler de monde nouveau ? Tout cela faisait étrange ou d’origine surnaturelle. Et, franchement, un petit garçon ne pouvait pas, spontanément, parler ainsi.

   Mais ce petit garçon, comme nous allons le découvrir, n’était pas n’importe qui !  Il s’appelait Victor et venait du midi. En fait, c’était le petit-fils de Poherus, l’ancien pharaon-maire de la ville et il était venu en vacances, comme tous les ans, chez son grand-père. Victor était né, quelques années auparavant, dans un village reculé de la lointaine contrée du Languedoc. D’ailleurs, juste après sa naissance, un événement bizarre s’était produit. En effet, sa maman Marie, à peine sortie de la maternité, avait voulu prendre l’air sur le vieux port de Marseillan. Avec Nicolas, le papa, ils déambulaient tranquillement sur les quais, Marie poussant un landau dans lequel Victor était chaudement emmitouflé. Brusquement un vieux marin, au nez rougi par trop d’alcool et à la bouche pleine de chicots, se mit en travers de leur route. « Halte là, mécréants ! Vous devez écouter la parole du Créateur ! Et ces paroles-là, vous ne les aurez pas sur YouTube. ». Nicolas s’avançant s’écria « Fous le camp, espèce de vieux tonneau. On ne t’a rien demandé… Va cuver ton vin ailleurs ! » Mais le marin ne renonçait pas.

" Ecoute-moi, jeune homme ! D’abord, je ne suis pas un vieux tonneau ; ensuite, je cuve mon vin où je veux. Enfin, je suis porteur d’un message pour le petit bonhomme que vous promenez »

   « Un message ? » s’étonnèrent d’une même voix Marie et Nicolas.

-  Oui, un message et écoutez-le bien car, une fois énoncé, il s’effacera dans les cinq secondes et répéter ce message sera pour moi presque mission impossible. 

-  Vas-y ! Accouche grand-père ! »  s’énerva Nicolas.

   Le marin prit un air solennel, leva un index vers le ciel et déclara :

" Le créateur a dit : En plein cœur de la vigne, naitra le rédempteur. Son nom évoquera des lauriers de victoire. Dès l’âge de dix ans, au pays des glaces et de la bise, sous le signe de l’Allium porrum, il libérera le peuple de ces aïeux et l’emmènera vers la terre promise. Il montrera au peuple le chemin de la nature et du salut et, finalement, énoncera les commandements qui devront s’appliquer à tous les peuples du monde. Telle est ma volonté ». 

   A peine sa phrase terminée, le vieux marin s’écroula et se mit à ronfler comme une vieille locomotive à vapeur. « Complétement givré, ce mec ! » s’écria Nicolas. Mais Marie était troublée, terriblement troublée : Comment avait-il deviné qu’ils habitaient un pays de vignes ? Comment avait-il deviné que les ancêtres de son fils habitaient dans le nord ? Comment savait-il que son bébé s’appelait Victor, c’est-à-dire Victoire ? Et c’était quoi, l’Allium Porrum ? Marie était très troublée car, depuis son plus jeune âge, elle croyait, un tant soit peu, aux prophéties.

   Et ce qui se passait sur la place de Guînes, n’était-ce pas le début de la prophétie édictée par le vieux marin ?

   Le vizir municipal regarda Victor avec mépris et lui dit : 

" De quoi je me mêle, espèce de sorte d’avorton ?  Tu n’as même pas l’intonation de l’accent et la prononciation du coin ! ».

   Victor s’avança et pointant un index vers le vizir déclara « Gratte-moi le dos, ça me démange ! » Cette formule bizarre était une formule magique, connue uniquement des anciens druides et des collectionneurs de personnages schtroumfs. Et lorsqu’on la prononçait contre quelqu’un, la personne visée se couvrait de boutons et ne pouvait s’empêcher de se gratter.  Immédiatement, le vizir fut assailli par des démangeaisons démoniaques et couru se réfugier dans la mairie en criant « Une douche, une douche… Mon royaume pour une douche mouillante ! ». Les deux policiers suivirent le vizir, attendant toujours les ordres. Mais eux ne se grattaient pas.

   Victor se tourna vers Norbert le Tartare : 

" Vous ne pouvez plus vivre sous le joug de la tyrannie. Allez chercher vos familles et je vous conduirai vers la terre promise. Rendez-vous ici, dans une heure. "

   Norbert et les municipaux partirent immédiatement et, une heure après, tout le monde était sur la place : femmes, enfants, chiens, chats, canards, cochons, canaris… Un des ouvriers arriva même avec sa belle-mère, allongée sur une civière. Cette pauvre dame était en mauvais état ; elle avait fait une allergie au cassoulet et était rouge comme une écrevisse.

   Victor annonça : « Vous êtes le peuple élu ! Suivez-moi ! Nous allons vers la liberté, vers la justice et, si possible, vers le marchand de frites. » A ces mots, le peuple poussa des hourras de joie car le peuple aime bien la liberté, aime bien la justice et, surtout, aime bien les frites. Et la foule se mit en route.

   Sortant de la place, la troupe, se dirigeant vers le nord, passa devant une épicerie. Un des ouvriers municipaux s’approcha de Victor :

" Maitre, Maitre ! Si la marche est longue, ne faut-il pas prendre quelques provisions ? 

- Bien sûr, mon brave. Mais ne prenez que des poireaux.

- Pourquoi que des poireaux ?

- Comme ça ! Parce que j’aime bien et que c’est plein de vitamines… Nous appellerons notre marche vers l’espoir : La marche des Allium Porrum, c’est-à-dire la marche des poireaux.

- C’est quand même bizarre comme nom. 

- Ne discute pas, homme de peu de foi. Le poireau sera ton sauveur. »

   Sitôt dit, sitôt fait et chaque membre de la tribu partit un poireau à la main.

   Arrivés à la sortie de la ville, un seul chemin se présentait à eux : vers le nord, longeant un canal. Pendant ce temps, à la mairie, le vizir organisait la contre-attaque. « Le pharaon-maire est furieux de la colère !  Les policiers municipaux doivent arrêter les fuyards fuyants, les ramener à la salle des fêtes où ils seront jugés coupables d’office et punitivement châtiés de façon terriblement terrible : on leur mettra des fourmis rouges dans le slip. ». Immédiatement, les policiers municipaux montèrent dans leur voiture municipale, mirent en route la sirène municipale et foncèrent vers la place municipale. Mais le peuple élu était déjà loin.

   Après une journée de marche, le peuple élu cherchait toujours une solution à sa fuite : devant lui, le chemin continu qui menait vers la mer du Nord, donc une impasse ; derrière lui, la police municipale le poursuivant et espérant procéder à de multiples arrestations ; vers l’ouest, des sables mouvants qui allaient jusqu’à la montagne du Nez Blanc ; à l’est, un canal profond et infranchissable. Norbert le Tartare s’approcha de Victor et lui dit : « Maitre, sauve-nous ! Ne nous laisse pas tomber aux mains des tyrans ! Fais donc un miracle ! ».

   Victor le regarda et murmura : « Homme de peu de foi. Monte-moi sur tes épaules et tu verras que nous ne sommes pas seuls. » Le Tartare prit l’enfant sur ses épaules et se tournant vers la foule, un poireau à la main, Victor annonça : « Voyez la puissance du Grand Poireau. » Dirigeant le légume vers l’est, Victor gonfla ses joues et se mit à souffler. Brusquement, un vent glacial se leva, vent d’une force extraordinaire et d’une puissance jamais vue, vent concentré sur un endroit du canal, endroit désigné par Victor. Et devant le peuple ébahi, les eaux du canal se séparèrent en deux, laissant voir le fond du canal.

" Voyez, peuple de peu de foi. Nous pouvons passer de l’autre côté, à pied sec. Le Grand Poireau nous a sauvés. »

    Et la tribu des municipaux descendit la berge, traversa le canal et remonta de l’autre côté, les pieds un peu boueux, certes, mais ils avaient franchi l’obstacle. Ils rencontrèrent quelques difficultés à faire descendre le brancard où était couchée la pauvre femme allergique. Elle était toujours aussi gonflée et toujours aussi rouge écarlate. Mais ils réussirent quand même à la hisser sur l’autre berge. Cet épisode est plus connu sous le titre « Passage de la mère rouge ». La traversée dura deux bonnes heures. A peine le dernier des fuyards monté sur la berge, on vit arriver, sur le chemin du canal, toute sirène hurlante, les policiers municipaux. Descendus de leurs véhicules, ils décidèrent de traverser eux aussi. Mais Victor, se tournant vers eux et brandissant le poireau déclara : « Que le Grand Poireau protège son peuple. » Et d’un seul coup, les eaux du canal se refermèrent, empêchant le passage des policiers. Le peuple élu était sauvé.

   Sauvé, peut-être, mais la grande marche ne faisait que commencer. En effet, durant quarante ans, oui je dis bien quarante ans, Victor et le peuple élu marchèrent sans discontinuer dans une région désertique, couverte de mares et de canaux, infestée par les moustiques et des crapauds pustuleux. Bref, ils étaient dans le marais de Guînes. Marchant toujours vers l’est, pendant toutes ces années, ils traversèrent des champs inondés, édifiaient sans relâche des ponts permettant de franchir les fossés, fabriquaient chaque jour des barques en osier afin de franchir des lacs et, le soir venu, construisaient des abris en tourbe afin d’y trouver le repos. Ils se nourrissaient d’herbes sauvages et chassaient le Grand Laineux, bœuf aux longs poils et aux cornes gigantesques, venu des pays du nord.

   Bien entendu, Victor avait grandi et c’était maintenant un homme de haute stature avec une grande barbe blanche et une chevelure cascadant jusque ses épaules. Norbert le Tartare lui aussi avait vieilli. Au fil du temps, il était devenu l’homme de confiance et le bras droit de Victor. Tout le monde avait vieilli et même la grand-mère allergique était toujours là, toujours allongée sur son brancard et toujours aussi rouge qu’une écrevisse.

   Pendant quarante ans, ils sillonnèrent le marais à la recherche d’une indication, d’une lueur, d’un signe leur montrant qu’ils étaient enfin arrivés sur la terre promise. Mais, un beau jour de juillet, alors que le soleil était encore noyé dans les brumes matinales, Victor convoqua Norbert le Tartare.

" Norbert, dit-il. Je dois m’absenter. Le Grand Poireau m’a dit d’aller sur la montagne sacrée et que là, j’y recevrai les grands principes de notre future loi. 

- C’est loin la montagne sacrée ?

- Non, c’est à coté ; c’est ce qu’on appelle le Mont de Fiennes.

- Je connais ; j’allais à la chasse là-bas. Tu n’en as pas pour longtemps.

- Quarante jours et quarante nuits, ni plus, ni moins. Ne me demande pas pourquoi c’est toujours quarante ? Je n’en sais rien mais c’est comme ça. Mais pendant que je serai parti, tu dois faire régner l’ordre dans la tribu. J’ai une confiance limitée dans certains et si je ne suis plus là, je suis sûr qu’ils vont s’empresser de faire des bêtises »

  Norbert promit de faire attention et accompagna son patron jusqu’à la limite nord du marais, en direction du Mont de Fiennes. Et Victor partit vers le mont, vers la lumière, vers un destin qui allait changer le monde.

   Quarante jours, c’est long ! Et, en plus, quarante nuits… Vous imaginez ! Alors, pour passer le temps, Norbert et les membres de la tribu devaient trouver des occupations intelligentes. Ils se mirent à cultiver un potager mais dans ce potager, on ne trouvait qu’un seul légume :  le poireau ; ils apprirent à cuisiner mais à confectionner une seule recette : le  Smorl-Bezeff ; parfois, ils jouaient aux cartes, faisaient des soirées dansantes, jouaient à chat-perché…  Mais surtout, durant toutes ces activités, ils se mirent à boire, à boire beaucoup, à boire trop, bref à boire beaucoup trop. Et ce qui devait arriver arriva : ils firent des bêtises. Méprisant tout ce que Victor leur avait enseigné, ils élevèrent un nouveau totem pour un nouveau dieu et leur nouveau dieu, c’était la betterave rouge. Désormais, le poireau n’existait plus, n’était plus le légume sacré, n’était plus la représentation du dieu-sauveur. Seule la betterave rouge devait être vénérée. Et au milieu d’une prairie du marais, ils construisirent une énorme betterave en osier et en bois. Et ils passèrent des jours et des nuits à danser, à chanter et à boire autour la betterave sacrée. Jusque…

   Jusqu’au jour ou Victor revint du Mont de Fiennes. Il était auréolé d’une lumière céleste et rien qu’à le voir, le silence s’imposait, le ciel s’éclaircissait et l’aura de Victor impressionnait plus que tout. Le Guide était de retour. Voyant la statue de la Grande Betterave rouge et constatant la tenue débraillée des membres de la tribu, Victor entra dans une colère fulminante et tonitruante. 

" Bande de ratichauves, espèces de mortabliques… Comment osez-vous être aussi ingrats ? Comment avez-vous fait pour oublier le Grand Poireau ?" 

    Tous les membres de la tribu baissaient la tête, les chiens se cachaient sous les tas de bois et les vers de terre plongeaient le plus profond possible dans le sol.

" Détruisez-moi ce totem affreux ! Comment peut-on remplacer un poireau divin par une vulgaire betterave ? La honte devrait vous foudroyer. Faites ce que je dis et ensuite je vous livrerai les commandements du grand créateur. "

   Immédiatement, les membres de la tribu nettoyèrent la prairie, brulèrent la statue de la Betterave, mirent leurs habits du dimanche et vinrent s’asseoir calmement et penauds devant Victor qui ne décolérait pas.

" Peuple de peu de foi ! Je vais te donner lecture des recommandations du créateur. Et toute ta vie tu devras les respecter, les enseigner à tes enfants et aux enfants de tes enfants car elles sont la loi pour le présent et le futur. Ecoutez-bien, espèce de roluquettes ! Le Grand Poireau a dit :

« Tu ne colleras pas tes crottes de nez sous la table. »

« Tu ne feras pas caca dans les bottes de ta sœur. »

« Tu ne mettras pas de chocolat fondu dans la cuvette des WC. »

« Tu ne mettras pas de croûtes de camembert dans les narines de ton grand-père quand il dort. » »

« Tu ne voleras pas le sandwich de ta maitresse d’école. »

« Tu ne feras pas pipi dans la boite aux lettres des voisins de ta maison. »

« Tu ne vomiras pas sur la tête de ton boulanger. »

« Jamais tu n’arracheras les poils du nez du préposé de la poste. »

« Tu ne mettras pas d’escargots vivants dans la culotte de ton cousin. »

« Tu ne voleras pas la perruque de ta grand-mère. « 

   Ainsi a parlé le Grand Poireau. »

   A l’énoncé de ces dix commandements, la plupart des membres de la tribu se sentirent abattus. « Ça va être trop dur ! » s’écria Norbert le tartare. « C’est affreux… C’est atroce… Tout ce que j’aime va m’être interdit ! » prononça la vieille dame allergique avant de s’évanouir. Et le reste de la tribu se lamentait, pleurait, gémissait. « C’est comme ça et pas autrement ! » cria Victor en brandissant un Grand Poireau.

   Mais bien vite le calme revint dans la tribu et même s’ils ne pouvaient pas faire tout ce qu’ils voulaient, les membres de la tribu acceptèrent les nouvelles orientations fixées par Victor. Un village fut construit, une statue du Gand Poireau fut érigée et la communauté décida de l’indépendance de la tribu et du territoire qui fut appelé Poireauland, commune autonome du calaisis. Et ils envoyèrent des messages au pharaon-maire de Guînes et à son vizir pour dire : « Allez-vous faire cuire un œuf… Nous, maintenant, on est indépendants. Na ! »

   Quelques années plus tard, les petits-enfants de Norbert le Tartare éditèrent un livre retraçant l’incroyable aventure de la tribu et de Victor le sauveur. Ce livre s’appelait : La Marche du Poireau et on y découvre la destinée de tous nos personnages : Norbert le Tartare est devenu responsable du tourisme au Marais de Guînes. Il conduit des visites guidées, expliquant l’histoire et la géographie des lieux et comment s’est créée la légende du prophète Victor. Avec dans ce récit un moment très fort qui passionne tous les visiteurs : le passage de la mère rouge.  Victor, quant à lui, est devenu milliardaire. Il est le plus gros producteur mondial de poireaux et comme, en plus, il a créé le Grand Guide Victorin, guide qui classe tous les restaurants de Gaule, il n’attribue des étoiles qu’aux établissements qui mettent des poireaux dans tous leurs plats. Alors, pour avoir une étoile, ils le font tous et du coup, Victor vend des poireaux. Suite à la fuite du personnel municipal, le vizir a été renvoyé par le pharaon-maire et depuis, il est devenu ramasseur de crottes de mouettes sur la plage du Nez Blanc. Les deux policiers municipaux sont restés policiers et se grattent toujours la tête.

    Dans toute l’histoire de l’humanité, on n’a pas connu d’aventure plus extraordinaire et de héros plus fantastique.

   Même les évangélistes n’auraient pas pu imaginer une si belle histoire…

04/09/2022: Histoire pour petits/ La divine prophétie/ Pour Victor

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Published by popo - dans contes pour petits

THEMES ABORDES

Hervé Poher             

1003
Les textes édités correspondent à des lettres, des interventions, des discours écrits ou à des retranscriptions d'enregistrements. Bien entendu, les opinions et options, éditées dans ce blog, n'engagent que l'auteur.   

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