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Nous vous proposons différentes photographies qui n'ont qu'un seul but: vous livrer de belles images du Pas-de-Calais, quelques images du monde et quelques clins d'oeil humoristiques. Ces photos ont été copiées sur le web et restent la propriété des gens de talent qui les ont faites.

ITINERAIRE...

1989

- Election au Conseil Municipal de Guines

1992

- Membre de la liste régionale

1994

- Elu Conseiller Général du Canton de Guînes

1995

- Elu Maire de Guînes

1997

- Elu Président de la Communauté de Communes des Trois-Pays (CCTP)

 - Suppléant du député Dominique Dupilet

1998

- Vice-Président du Conseil Général

- Président d'Eden 62

2000

- Nommé élu référent pour l'Opération Grands Sites des Caps

2001 Réélu

- Maire de Guînes

- Conseiller Général

- Président CCTP

2002

- Suppléant du député Jack Lang

2004

- Membre de la liste régionale

- Elu président du Comité de Bassin de l'Agence de l'eau Artois-Picardie (--> 2014)

2004

- Elu président du Pays de Calais (-->2006)

2005

- Elu président de la Conférence Sanitaire du Littoral (-->2009)

2007

- Suppléant du député Jack Lang

- Démission du poste de maire

2008 Réélu

- Conseiller Général

- Adjoint à Guînes

- Président de CCTP

- Président Agence Eau

2011 Réélu

- VP du Conseil Général

- Président du Comité de Bassin de l’Agence de l’eau

- Membre de la liste sénatoriale

2012 :

- Candidat aux législatives

- Elu Président du Parc Naturel

2013

- Sénateur du Pas-de-Calais 

- Démission de la CCTP

- Démission du CM de Guînes

2014 Réélu

- VP du Conseil général

- Président du Parc

2015

- Arrêt du Conseil Général

- Arrêt  Eden

-Arrêt Parc Naturel

2017

- Arrêt du Sénat

 

Par Date De Parution

PHOTOS

 

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6 septembre 2022 2 06 /09 /septembre /2022 11:45

La grotte de chien

Histoire pour Charlotte

Par Hervé Poher

04/09/2022: Histoire pour petits/ La grotte de chien/ Pour Charlotte

   Sassenages, lundi matin, 9 heures.

   « Allo, Charlotte Holmes ? Ici le commandant Desagesse de la gendarmerie nationale. On m’a demandé de vous contacter car nous avons besoin de vos lumières.

- Mes lumières ? Tudieu de crotte de bique! Mais je ne travaille pas à EDF ! Je n’y connais rien en éclairage ! Adressez-vous à un électricien !

- Non, ne vous méprenez pas. Nous avons besoin de votre perspicacité et de votre expérience dans une affaire qui nous semble bien compliquée. Cela se passe à Charmule-les-Croutons, près de Nantes.

- Ah bon ! Si vous parlez de perspicacité et d’expérience… Je préfère cela."

   Charlotte venait tout juste de se réveiller et, tant qu’elle n’avait pas pris son petit-déjeuner, elle avait le cerveau particulièrement lent et hermétique. C’est ce qu’on appelle communément « Faire du cerveau lent ». Aussi, un appel de la gendarmerie de Charmule-les-Croutons avait mis un certain temps pour aller de son oreille jusqu’à son cerveau. « Je vous écoute » dit-elle

" Mais c’est une histoire bien compliquée… En plusieurs épisodes. Si vous pouviez venir ici, ce serait bien plus pratique.

- A Machin-les-Boutons … Ou … Je ne sais plus ?    Tudieu de crotte de bique !   Mais c’est au bout du monde ça, Tarin-les -Bâtons !

- Charmule-les-Croutons ! Bien entendu, la gendarmerie prendra en charge tous vos frais. Mais nous avons vraiment besoin de vous."

   Après quelques minutes de réflexion et se rappelant qu’elle n’avait rien à faire dans la semaine à venir, elle donna son accord. En plus, un petit voyage sur la côte atlantique ne lui ferait pas de mal. Les dernières vacances qu’elle avait prises dataient d’au moins 6 mois, chez sa grand-mère, dans le nord. D’ailleurs elle s’était dit qu’elle ferait mieux d’y aller un peu moins souvent. En effet, à chaque fois qu’elle remontait là-haut, elle avait tendance à prendre des kilos, reprenait toujours l’accent du coin et elle attrapait souvent de mauvaises habitudes verbales ou des expressions bizarres.  Comme l’expression « Tudieu de crotte de bique ! », expression qui ne veut rien dire mais qui venait naturellement lorsqu’elle était étonnée. Mais il faut bien avouer que sortir « Tudieu de crotte de bique ! » dans un repas officiel ou en réunion de travail, ce n’est pas très classe et cela fait un peu vulgaire. Mais c’est une des mauvaises habitudes, une de plus, qu’elle avait prise dans le nord.

   Le commandant Desagesse était un beau militaire, bien de sa personne, portant élégamment l’uniforme et indéniablement sûr de l’impact qu’il avait sur son entourage et en particulier sur les dames.

" J’espère que vous avez fait un bon voyage, chère mademoiselle. Le ministère de l’intérieur nous a conseillés de faire appel à vous. Car notre affaire est compliquée, très compliquée et… délicate, très délicate. Et nous avons peur des répercutions.

- Je vous écoute, Commandant.

- Voilà. Depuis quelques mois, nous sommes confrontés à une série de cambriolages bizarres. Ils se passent tous selon le même schéma. Les gens sont chez eux ou dans leur magasin, ils s’endorment brusquement et quand ils se réveillent, certains objets leur appartenant ont disparu. Ils ne se souviennent de rien … sauf d’une chose : avant de s’endormir, un grand chien s’est approché d’eux.

- Tudieu de crotte de bique !  Un chien ?

- Oui et c’est le seul point commun entre toutes ces affaires.

- Qui a été cambriolé ?

- Des gens tout à fait différents (le commandant Desagesse consulta ses fiches). La Duchesse De Gromitard qui vit dans le château communal ; un coiffeur d’origine italienne Giovanni Spaghetti ; Denise Quecétrisse qui tient un magasin de chemises ; un médecin Ernest Charognard, médecin ORL et, pour terminer, un footballeur célèbre d’origine sénégalaise Toukagéme L’Bistoul. Tous des gens, habitants du coin, ne se connaissant absolument pas. Sauf le coiffeur qui adore le foot.

- On leur a pris des objets mais je suppose qu’on leur a pris aussi de l’argent ?

- C’est là le hic. On ne leur a pas pris de l’argent ! On leur a dérobé, à chacun, uniquement des objets. Tout cela pendant qu’ils dormaient… Après l’arrivée du fameux chien, bien entendu. Tenez, j’ai la liste de tout ce qui a été dérobé. Chez madame la Duchesse : toutes ses petites culottes, même les sales ; chez Giovanni, tous ses peignes ; chez Denise, on a démonté sa cabine d’essayage ; L’ORL n’a plus trouvé ses 3 poubelles et enfin, le footeux a perdu toutes ses chaussures de foot."

   Charlotte était effarée. « Tudieu de crotte de bique ! Qu’est-ce que c’est que ce cirque » s’exclama-t-elle. Et prenant la liste des mains du commandant de gendarmerie, elle relut à haute voix cet assemblage éclectique d’objets qui n’avaient rien en commun. Pour une affaire bizarre, c’était une affaire bizarre.

" OK Commandant, je prends l’affaire en main. Et si je ne trouve pas, Tudieu de crotte de bique, je veux bien être changée en bouse de zébu."

   Le commandant Desagesse la regarda, d’un air étonné, en se demandant « Pourquoi un zébu ? ». Il était cruciverbiste jusqu’au bout des doigts et n’acceptait pas de ne pas avoir d’explication logique à une interrogation. Cela allait tourner dans sa tête et le zébu allait probablement lui gâcher la journée.

   Avant de le quitter, Charlotte lui demanda de faire la liste de tous les propriétaires de chien à Charmule-les Croutons et en particulier, les grands chiens.

   La demeure de la Duchesse de Gromitard n’avait de château que le nom. En fait, c’était une vieille bâtisse, très haute, avec quelques simili-tourelles et une vague mare, devant l’entrée, faisant office de fossé. C’était plutôt une ancienne forteresse plutôt qu’un château et, indéniablement, la forteresse avait besoin de quelques travaux et d’un bon coup de ravalement.

   Comme la Duchesse d’ailleurs ! Cette pauvre femme pesait au moins 120 kilos, avait des bajoues qui lui arrivaient à la poitrine, une poitrine qui arrivait au nombril, un nombril qui arrivait aux genoux. Bref, tout était en train de s’écrouler. Le commandant avait prévenu Charlotte

" Surtout pas de remarque désobligeante. Madame la Duchesse est un tantinet susceptible et, en plus, elle passe sa vie au téléphone à raconter tout et n’importe-quoi. D’ailleurs, ici, on dit que Dame Gromitard, c’est la première radio libre du coin. Alors si votre entretien se passe mal, cela risque de compliquer la suite de votre enquête. La seule chose dont elle ne parle jamais sur Radio Gromitard, c’est de sa vie privée. Mais il est de notoriété publique que madame la Duchesse, malgré son aspect reboutant, a un petit ami… Qui vient la voir régulièrement… Quelqu’un de haut placé dans la république… On dit même, au plus haut de la république. Mais chut… C’est un secret."

   Mais madame la Duchesse accueillit Charlotte très gentiment et lui raconta tous ses malheurs.

" J’étais en train de finir ma toilette, dans ma chambre, quand j’ai vu entrer un chien, un grand chien… Et moi, je n’ai pas de chien dans le château ! Il avait l’air gentil et s’est approché de moi pour obtenir une caresse. Et à ce moment-là, j’ai été pris, brusquement par une fatigue énorme ; impossible de résister ; mes yeux se fermaient et je me suis écroulée sur ma petite table à maquillage.

- Et alors ? demanda Charlotte.

- Alors ma table s’est cassée et s’est effondrée… vu mon poids… Et quand je me suis réveillée, 3 heures plus tard, j’étais allongée par terre. Toute ma chambre était en désordre, mon lit défait, mes armoires vidées de toute ma lingerie. Et il régnait une drôle d’odeur, odeur étrange, indéfinissable, avec un peu d’ammoniac. J’ai appelé tout de suite la gendarmerie et le beau commandant Desagesse. Après avoir bu le thé ensemble, nous avons fait l’inventaire de toutes mes affaires et je me suis aperçue qu’il me manquait toutes mes petites culottes, les propres et même les sales qui avaient disparu de mon panier à linge. Et il ne me manque que cela !

- Tudieu de crotte de bique ! qu’est-ce qu’ils peuvent bien faire de vos culottes ?

- Je ne sais pas mais moi, du coup, je ne mets plus de culotte… Et ce n’est pas désagréable !"

   La détective avait déjà échafaudé une théorie : étant donné le poids et le délabrement de la Duchesse, ses petites culottes devaient avoir une certaine taille. Or nous étions dans un pays très rural et des culottes de cette taille pouvaient très bien servir de sacs à patates. Idée à creuser. Et le petit ami de madame était-il venu ce soir-là ?

   A peine sortie du château, la détective se précipita chez Giovanni Spaghetti. Le coiffeur était en train de ranger son salon. L’entretien fut un peu difficile. Giovanni venait juste d’arriver d’Italie. Il avait bénéficié d’une mesure spécifique d’installation pour la revitalisation du milieu rural et son français laissait encore à désirer.

" Bellissima polizia ! (Traduction : Belle policière). Tou é bellissima. Jé sens amore pour toua. (trad : tu es belle ; je suis amoureux de toi.)

- Arrête de draguer, le rital. Parle-moi plutôt de ton cambriolage.

- Yo étais en trin ranger négozio (trad : J’étais en train de ranger la boutique) quan uno cané (trad : chien) entrare et à coté moua.   Esta strano odore (trad : il y avait une odeur bizarre). Poui all’improvviso dormire (trad : et brusquement je me suis endormi). Véglia no pettine (trad : au réveil, plus de peigne). Terribile !

- Si tu coiffes les Français aussi bien que tu parles, ils doivent être sacrément déguisés les habitants du bled ! Bref, tu as perdu tous tes peignes !

- Si Signora ! Terribile ! None possibile pettine Johnny (trad : je ne pourrai pas coiffer Johnny)

- Johnny ! Notre Johnny ? Il vient se faire coiffer ici, ici… Là ? Tudieu de crotte de bique ! Incroyable !

- Si Signora. Ogni sentimana pettine Johnny (trad : chaque semaine, je coiffe Johnny)"

   Charlotte en était baba. Johnny Halliday, le grand Johnny, l’idole des jeunes (et non Lidl des jaunes) venait se faire coiffer à Charmule-les-Croutons par un rital mal dégrossi… Personne ne peut croire une telle invraisemblance. Et pourtant, le commandant Desagesse confirma les dires du coiffeur.

" Oui, c’est bien connu dans la région. Johnny s’est pris d’amitié pour Giovanni. Ils se sont connus après un concert à Rome et Johnny considère que le romain est le seul à le coiffer de façon assez punk. Alors, une fois par semaine, il vient à Charmule se faire faire une petite remise en cheveux. Il est même devenu citoyen d’honneur de la commune."

    Charlotte Holmes, malgré sa perspicacité et son expérience, n’arrivait pas à trouver le lien entre les culottes de la duchesse et les peignes du rital. Mais y-avait-il un lien ? Johnny avait-il besoin de culottes ? Que pouvait-on faire avec des culottes et des peignes ?

   Le magasin de chemises, situé en plein centre-ville, avait une vieille devanture comme on n’en voit plus. Toute en bois, avec une enseigne bougeant au vent et un panneau, avec quelques enjolivures, où il était noté : Quecétrisse Denise, fournisseur officiel de Charles Aznavour.

   Denise était un petit bout de femme, habillée d’une grande blouse grise et toujours en mouvement. On avait l’impression qu’elle était branchée sur du 220. Elle avait une peur-panique de tout ce qui représentait l’autorité et la police. Elle en perdait parfois les notions naturelles de vocabulaire. Aussi, accueillit-elle Charlotte avec beaucoup d’amabilité, connaissant déjà les raisons de sa visite, Radio Charmule ayant déjà fait son œuvre.

" Voilà. Madame la commissaire. J’étais en train de ranger mon stock de chemises pour hommes quand une bête monstrueuse est entrée dans le magasin. Terrifiante, énorme, avec des pattes plus grosses que l’obélisque et une gueule gigantesque. Elle bavait partout et j’ai cru qu’elle allait sauter sur moi pour me dévorer.

- Vous n’exagérez pas un peu trop. Je crois que c’était simplement un chien. Non ?

- Peut-être, Madame la commandante mais il était horrible… De toute façon, moi j’ai toujours eu peur des chiens !

- Je m’en doutais un peu, ajouta Charlotte.

- Le monstre s’est approché de moi, il m’a regardée et j’ai senti l’odeur de son haleine fétide et nauséabonde. Du coup, Madame la Caporale, je me suis évanouie.

- En fait, vous vous êtes endormie.

- C’est pareil, Madame la Générale. Et à mon réveil, ma cabine d’essayage avait disparu, démontée, volatilisée.

- Mais pour des chemises, on n’a pas besoin de cabines d’essayage ? s’interrogeât Charlotte

- Détrompez-vous Madame l’Amirale. Ici, on vend des chemises de luxe et parfois, sur mesures. Alors l’essayage est indispensable. D’ailleurs Charles venait toujours faire ses achats ici.

- Aznavour ?

- Oui, le grand Charles Aznavour. Il m’a d’ailleurs dédié une chanson… Peu de gens le savent. Mais son imbécile d’impresario n’a pas voulu laisser les paroles telles qu’elles étaient (Devant le regard étonné de la détective, elle rajouta) « Quecétrisse Denise » a malheureusement été changé en « Que c’est triste Venise ». Une honte, avouez-le ! Et pourtant Charles ne voulait pas changer…

- Bien, résumons-nous. Un chien est entré ; vous vous êtes endormie, 2 à 3 heures, je pense et quand vous vous êtes réveillée, plus de cabine d’essayage !

- Exact madame la Maréchale."

   Le mystère s’épaississait. Que venait faire une cabine d’essayage dans cette histoire ? Pour pouvoir enfiler discrètement les culottes de la Duchesse ? Mais les peignes, à quoi pouvaient-ils servir ?

   « Tudieu de crotte de bique ! ça devient compliqué ! » se lamenta Charlotte en entrant dans le cabinet ORL. Monsieur Ernest Charognard était un vieux médecin de campagne qui, pour terminer tranquillement sa carrière, avait décidé de ne soigner, pendant quelques années, que des nez, des bouches et des oreilles. En somme, il faisait office d’ORL sans en avoir pleinement le diplôme.

" Oui, Mademoiselle, c’est ça : je ne comprends pas ce qui est arrivé. S’en prendre à moi, simple ORL de province pour me voler mes poubelles… Je ne pensais pas que mes poubelles avaient de la valeur.

- Et le chien, vous l’avez vu ?

- Evidemment que je l’ai vu. Il est entré dans mon cabinet et était précédé par une drôle d’odeur. Mais, sur le coup, je me suis dit que c’était peut-être mon odorat qui déraillait… A force de soigner des gens malades, pourquoi pas. Et après… Je ne me rappelle plus rien. Le trou noir. Et à mon réveil, le chien était parti et tout était comme avant, sauf qu’il me manquait 3 poubelles.

- Et que jetiez-vous dans ces poubelles ?

- Des pansements, des restes, du matériel contaminé… Bref, du tout-venant pour un ORL.

- Et vous, par hasard, vous n’avez pas soigné Johnny Halliday ou Charles Aznavour ? Ou peut-être la Duchesse de Gromitard ou le coiffeur italien ? (Charlotte essayait de trouver un lien entre toutes les affaires)

- Non répondit le médecin. Je ne fais pas dans le show-business ou la bourgeoisie locale… Quoiqu’il m’arrive de rendre service à la duchesse en m’occupant d’une personne politique du plus haut niveau… Je n’en dirai pas plus : secret professionnel.

- Je devine. Et vous lui faites quoi à ce haut personnage politique ?

- Je lui coupe les poils du nez… Et parfois les poils des oreilles.

- Tudieu de tudieu ! Il vient voir un ORL pour les poils de son pif ou de ses esgourdes !

- Oui, Mademoiselle ! Mais ce n’est pas n’importe qui et à Paris, il est trop connu."

   Sortie du cabinet, Charlotte se dirigeât vers le stade de football. Il ne lui restait qu’une personne à interroger : Toukagéme L'Bistoul, joueur de foot mondialement connu et qui venait se reposer à Charmule-les-Croutons. Mais même s’il était en repos, l’entrainement journalier, pour un joueur de ce niveau, était nécessaire et pour cela, le conseil municipal avait décidé de prêter le stade à Toukagéme.  La voyant arriver, le footballeur pensa qu’il était en présence d’une admiratrice qui voulait un autographe. Après l’avoir mis au courant de sa démarche, Charlotte alla droit au but :

" Que vous a-t-on volé, monsieur L’Bistoul ?

- Mes chaussures ! Mes chaussures à crampons ! les plus belles, les meilleures et celles avec lesquelles j’ai le plus de souvenirs !

- Des souvenirs ?  Avec des chaussures de foot ?

- Bien sûr ! Avec mes Adidas, j’ai attrapé mon premier carton rouge en ligue 1. J’avais foutu un grand coup de crampons sur la tête à Lionel Messi et je lui ai fendu le crâne. Quel bonheur et quel souvenir. Bien sûr, j’ai été exclu du terrain mais j’ai gardé mes chaussures, sans les laver, rien que pour avoir le plaisir de regarder un morceau du cuir chevelu de Messi."

   Charlotte se dit qu’elle ne comprendrait jamais le monde du football. A peine sorti du stade, une voiture de gendarmerie la rejoignit. On lui apportait la liste des propriétaires de grands chiens. Il n’y en avait que 5. Et elle se mit en route pour interroger ces 5 suspects potentiels. En fin de journée, elle en avait rencontré 4. Rien d’intéressant et rien de suspect. Par acquis de conscience, elle décida d’aller voir le dernier de la liste.

   Un vieux monsieur, tout rabougri, lui ouvrit la porte. Derrière lui, un grand chien aboyait.

" Tais-toi Salma ! Vas te recoucher dans la grotte ! - puis s’adressant à Charlotte - Vous désirez ?

- Je vous dérange peut-être, monsieur Barbotine ?

- Non… Je suis juste en train de m’occuper de ma collection."

- Ah bon ! Vous êtes collectionneur ?

   Le vieux monsieur baissa les yeux.

" Je suis hirsutolophile.

- C’est-à-dire ?

- Je collectionne les phanères… Les poils, les cils, les cheveux. J’ai commencé ma collection à l’âge de 10 ans.

- Vous collectionnez les poils !! (Charlotte était abasourdie. Elle savait qu’on pouvait collectionner beaucoup de choses mais n’avait jamais imaginé une collection de poils).

- Et vous êtes nombreux à faire ça ?

- Non, je suis le seul au monde. Je suis le seul hirsutolophile connu et répertorié. Mais j’ai une collection unique et magnifique dont je suis très fier. Venez avec moi ; je vais vous montrer.

  Il était fou de joie de pouvoir montrer son trésor. Ils passèrent dans une pièce attenante au bureau. Il y avait là des dizaines de meubles-vitrines éclairés et monsieur Barbotine, rayonnant de bonheur commença à faire une visite guidée.

" Là, vous avez la vitrine des barbares : un cheveu de Attila… Vous voyez, il avait les cheveux longs. Ici, un cheveu de Ragnar Lodbrok, le plus grand chef viking… Lui aussi avait les cheveux longs… Là, un poil de torse de Sitting Bull… Ne me demandez pas comment je l’ai eu, c’est un secret. Dans cette autre vitrine, j’ai les grandes personnalités françaises."

   Chaque pièce de collection était étiquetée avec le nom de la célébrité et la date d’entrée dans la collection. Et il y en avait des milliers.

" Une de mes pièces les plus rares : un poil de Napoléon… Ce n’est pas un cheveu, ni un poil du nez… En fait, je ne sais pas où il a poussé mais on est sûr qu’il vient de Napoléon. Là, un poil du dos de Jeanne d’Arc. Oui, je dis bien Jeanne d’Arc… Il parait qu’elle était poilue comme un singe. A côté, un cheveu de Molière qu’on a retrouvé coincé dans sa perruque.

- Mais où sont vos dernières trouvailles, monsieur Barbotine ? (Charlotte commençait à entrevoir une explication à cette étrange affaire)"

   D’un seul coup, monsieur Barbotine se ferma comme une huitre. Son sourire avait disparu et la présence de la détective le gênait de façon évidente. Devant le regard insistant de son invitée, il céda quand même et l’emmena devant une vitrine où les quelques poils étalés n’étaient pas étiquetés. 

" Alors racontez-moi monsieur Barbotine. Ça, ce sont les poils de qui ? Je suppose que vous les avez dérobés dernièrement ? Est-ce que je me trompe, monsieur le cambrioleur ?"

   Tout penaud, le vieux monsieur hocha la tête.

" Dans mon ancien métier, j’étais chimiste et j’ai découvert, un jour, la composition d’un gaz soporifique. J’ai même déposé un brevet. Et j’ai découvert, en plus, que certains chiens produisaient ce gaz en grande quantité, surtout quand ils dorment dans un endroit frais. En laboratoire, on a appelé ces chiens les CQP, les « chiens qui proutent ». S’ils émettent des gaz à coté de vous, vous vous endormez immédiatement. Salma est une CQP et de la plus haute lignée. Et du coup, je la fais dormir dans une grotte que j’ai dans le jardin. La température y est vraiment très fraîche.

- Et vous vous en êtes servie pour compléter votre collection ?

- Oui. Il me manquait certaines pièces rares. Salma entrait chez les gens, faisait un prout, les endormait. Ensuite, je n’avais plus qu’à me servir… Sans faire de mal à personne."

   Puis montrant la dernière vitrine

" Là, vous avez un poil de Duchesse. Inutile de vous dire où je l’ai trouvé. Là, un cheveu de Johnny, resté dans un peigne du coiffeur. Celui-ci est un poil d’Aznavour resté collé dans la cabine d’essayage. Ces tout petits poils, ce sont les poils du nez du président de la république, grand ami de la Duchesse et fréquentant le docteur Charognard et enfin, summum de ma collection, 3 cheveux de Messi trouvé sur la semelle à crampons de Toukagéme L’Bistoul . J’ai enfin complété ma collection. Ce n’est pas beau ça !

- Monsieur Barbotine je vous arrête pour asphyxie volontaire, vol avec effraction et recel d’objets précieux."

   Ainsi se termina l’affaire que les journaux appelèrent « L’affaire des CQP ». Monsieur Barbotine passa devant le tribunal correctionnel de Grandville-sur-marne. Il fut condamné à rendre les objets volés à leurs propriétaires. De plus, il devait murer la grotte qui abritait Salma et fut obligé d’acheter une niche en bois qu’il mit dans le jardin. Ensuite, l’affreux délinquant devait rendre les poils à ceux qui les avaient produits. La Duchesse refusa ; Johnny et Charles nous avaient malheureusement quittés ; le président de la République affirma qu’il ignorait tout de cette affaire et qu’il ne connaissait pas d’ORL et enfin, Lionel Messi récupéra ses cheveux et les vendit 350 000 dollars aux enchères de Las Vegas.

   Et pour terminer, monsieur Barbotine devait faire soigner Salma pour éviter qu’elle continue à endormir les gens. Ce qu’il fit mais le traitement ne fut pas entièrement efficace : les prouts de Salma n’endormaient plus mais ils sentaient mauvais, très mauvais, excessivement mauvais.

   Ainsi se termina, encore une fois avec succès, la nouvelle enquête de Charlotte Holmes. Elle fut gratifiée par le ministère de l’intérieur et le président de la République lui fit envoyer une boite de chocolats pour la remercier de sa discrétion. Par contre, un certain Giovanni, ayant trouvé son adresse, la poursuivait dans les rues de Sassenages, en criant « Bellisima Amore ».

   Tudieu de crotte de bique. Même Sir Arthur Conan Doyle n’aurait pas pu inventer une si belle histoire.

04/09/2022: Histoire pour petits/ La grotte de chien/ Pour Charlotte

Note de l’éditeur :

Sir Arthur Conan Doyle est l’écrivain anglais qui a créé Sherlock Holmes, en vente dans toutes les bonnes librairies.

 

Hervé Poher dit "Papy Guînes"

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Published by popo - dans contes pour petits

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Hervé Poher             

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Les textes édités correspondent à des lettres, des interventions, des discours écrits ou à des retranscriptions d'enregistrements. Bien entendu, les opinions et options, éditées dans ce blog, n'engagent que l'auteur.   

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