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AVERTISSEMENT:




Nous vous proposons différentes photographies qui n'ont qu'un seul but: vous livrer de belles images du Pas-de-Calais, quelques images du monde et quelques clins d'oeil humoristiques. Ces photos ont été copiées sur le web et restent la propriété des gens de talent qui les ont faites.

ITINERAIRE...

1989

- Election au Conseil Municipal de Guines

1992

- Membre de la liste régionale

1994

- Elu Conseiller Général du Canton de Guînes

1995

- Elu Maire de Guînes

1997

- Elu Président de la Communauté de Communes des Trois-Pays (CCTP)

 - Suppléant du député Dominique Dupilet

1998

- Vice-Président du Conseil Général

- Président d'Eden 62

2000

- Nommé élu référent pour l'Opération Grands Sites des Caps

2001 Réélu

- Maire de Guînes

- Conseiller Général

- Président CCTP

2002

- Suppléant du député Jack Lang

2004

- Membre de la liste régionale

- Elu président du Comité de Bassin de l'Agence de l'eau Artois-Picardie (--> 2014)

2004

- Elu président du Pays de Calais (-->2006)

2005

- Elu président de la Conférence Sanitaire du Littoral (-->2009)

2007

- Suppléant du député Jack Lang

- Démission du poste de maire

2008 Réélu

- Conseiller Général

- Adjoint à Guînes

- Président de CCTP

- Président Agence Eau

2011 Réélu

- VP du Conseil Général

- Président du Comité de Bassin de l’Agence de l’eau

- Membre de la liste sénatoriale

2012 :

- Candidat aux législatives

- Elu Président du Parc Naturel

2013

- Sénateur du Pas-de-Calais 

- Démission de la CCTP

- Démission du CM de Guînes

2014 Réélu

- VP du Conseil général

- Président du Parc

2015

- Arrêt du Conseil Général

- Arrêt  Eden

-Arrêt Parc Naturel

2017

- Arrêt du Sénat

 

Par Date De Parution

PHOTOS

 

Poher (19)      

Poher (7)

Poher (18)     

Andre-et-Gilbert     

Contrat-avenir.jpg   

En-assembl-e.jpg

GB     

Inauguration-Petit-Prince.jpg      

Langelin-maire-honoraire.jpg

election 2007    

Ardres     

Conservatoire 2

Poher herve (6)     

2004 fete de la randonnee    

Bouquehault     

Kluisbergen     

Poher (14)     

tour     

99 Inauguration ADSL

MDR             

repas vieux      

jardin

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

5 septembre 2022 1 05 /09 /septembre /2022 08:20

Une forêt de cartons.

Un conte pour Apolline.

04/09/2022: Histoire pour petits/ Une forêt de cartons/ Pour Apolline

     Trois jours … C’est soixante-douze heures… Ou deux-cent-cinquante-neuf mille deux-cents secondes. Bref, cela faisait trois jours qu’ils étaient là, dans ce monde inconnu, entourés par des êtres étranges qui venaient, s’agitaient, sifflaient, pleuraient parfois et faisaient surtout beaucoup de bruit, des êtres difformes et énormes… des êtres horribles. Il y en avait même une qui avait une voix très aigüe, qui avait des longs cheveux et des yeux cruels et surtout qui râlait souvent… En fait, c’était une monstresse. Les monstres, c’est terrible mais les monstresses, c’est hyper-terrible ! Et tous ces êtres marchaient sur deux pattes et passaient leur temps à s’agiter et à crier. Indéniablement, Cookies et Tagada étaient arrivés dans le pays des êtres difformes Et ils ne savaient pas comment ni pourquoi.

    Et trois jours entourés de monstres, c’est long !

    Bien sûr, ils étaient un peu-beaucoup terrorisés et, du coup, ils se blottissaient l’un contre l’autre, essayant ainsi de se rassurer. Cookies, gonflant ses bajoues, prenait un air martial et disait régulièrement : « Il ne faut pas avoir peur… Nous sommes courageux et nous, nous n’avons peur de rien ! Moi, en tous cas, je n’ai peur de rien ! Du moins, je le crois… » Mais en fait, Cookies tremblait de tous ses membres et, au moindre bruit, ses cheveux, déjà très longs se dressaient sur la tête. En fait, Cookies, depuis sa naissance avait un gros défaut : il était sûr de lui, sûr d’être un être supérieur, sûr d’être un génie, sûr d’être le plus fort. Et, il faut bien l’avouer, il n’était rien de tout cela. Bref Cookies était un faux génie hâbleur et vantard, tellement vantard qu’il voulait qu’on l’appelle « Colonel Cookies » alors qu’il n’avait jamais fait l’armée.

  Tagada, quant à lui, fermait les yeux dès qu’un monstre approchait. Car Tagada était peureux, très peureux, excessivement peureux, horriblement peureux. Et tout le monde sait que la peur n’évite pas le danger et qu’elle tape sur les intestins. Alors Tagada, chaque fois qu’il voyait les monstres, ne pouvait pas s’empêcher de faire une petite crotte. Et bien évidemment, en voyant les crottes, les monstres râlaient encore plus. Du coup, la monstresse aux longs cheveux et aux yeux cruels s’énervait et répétait toujours la même chose « Oh non ! Tagada ! Tu exagères… Tu as encore fait des crottes ! ». Bref, Tagada était un peureux crotteur ou un crotteur peureux, comme vous voulez.

    Que s’était-il passé ? Pourquoi avaient-ils quitté Mamoune et tous les frères et sœurs ? Qui étaient ces monstres qui les entouraient ? La cage dans laquelle ils étaient suffirait-elle à les protéger ? Eh oui, ils étaient bien dans une cage et cela les vexait énormément. Eux dont les ancêtres parcouraient la pampa et les montagnes du Pérou. Eux qui avaient connu les incas et les conquistadors. Eux qui étaient le symbole de tout un pays, de toute une région…   Dans une cage comme des bandits, comme des malfrats, comme des voyous. Et pourtant, ils n’avaient rien fait de mal… Alors ils ne comprenaient pas et s’interrogeaient, avec angoisse, sur leur avenir. Et plus ils s’interrogeaient, et plus les poils de Cookies se dressaient et plus Tagada faisait des crottes.

   Ah oui ! j’oubliais de vous dire que Cookies et Tagada étaient deux magnifiques cochons d’inde, nés quelques semaines auparavant et qui venaient juste d’être séparés de leur maman et de leurs huit frères et sœurs. Cookies était blanc et noir avec une houppette au bas du dos. Tagada, quant à lui, était gris et marron avec les cheveux dans les yeux.

   Bref, ils étaient tous les deux enfermés dans une cage, entourés d’humains à l’air belliqueux et méchant. Et ils ne comprenaient pas pourquoi.

   Le premier soir, Tagada avait demandé : 

"  Tu crois qu’ils vont nous manger ? Moi, j’ai peur qu’ils me mangent.

- Espèce de sac à bouses, répondit Cookies qui parlait toujours comme un gradé de l’armée ! Tu raisonnes comme un ver solitaire. Je ne pense pas qu’ils vont nous manger. Pas maintenant en tout cas. On a trop de poils et on n’a pas beaucoup de viande. Ils vont d’abord nous faire grossir parce que, en général, les monstres aiment bien quand il y a beaucoup de viande ».

    Et dans son for intérieur, Cookies pensait : « En plus, moi je suis trop intelligent ; l’intelligence ne se mange pas, elle s’admire. Ils vont sans doute m’épargner et ce serait on ne peut plus normal. »

   Le lendemain, épuisé par la peur, Tagada s’était endormi. Il ronflait comme un bienheureux et, d’un seul coup, après un ronflement un peu trop fort, il se réveilla en criant : « Non ! Pas ça ! Ne touchez pas à mes cuisses ! Vous n’avez pas le droit ! Elles ne sont pas assez grosses ! Au secours, à l’assassin, au meurtrier ! Espèce de cannibales ». En fait, Tagada faisait un horrible cauchemar. Il était tout en sueur et avait fait, sans le vouloir, quelques crottes sous lui. Cookies eut un mal fou à le rassurer. Mais c’est devenu un rituel et chaque jour, Tagada refaisait le même cauchemar.

   Le soir du troisième jour, donc, Cookies, un peu énervé par les frayeurs de son frère, glissa dans l’oreille de celui-ci :

" Sergent Tagada ! On va essayer un coup fumant. De toute façon, on n’a plus rien à perdre.

- Un coup fumant… Moi, j’ai peur des coups !... Et j’ai peur de la fumée…Et il fit une crotte.

- Espèce de sac à rats ! Je vais t’expliquer comment on va essayer de se sauver de cette cage. Et pour ça, on va faire marcher notre cerveau, le mien surtout d’ailleurs… Parce que le tien est trop petit.

- J’ai peur de faire travailler mon cerveau !

- Espèce de sac à mouches ! D’abord, appelle-moi Colonel et arrête d’avoir peur de tout comme ça ! C’est énervant !

- J’ai peur quand tu es énervé, Colonel !

- Je vais réfléchir et, pendant ce temps-là, toi tu surveilles.

- Je veux bien mais j’ai peur de surveiller !"

    Fatigué par les lamentations de Tagada, Cookies s’isola dans la petite cabane en bois, cabane qui avait été installée dès leur arrivée.

    Au bout d’une heure, il revint vers Tagada et lui dit : « Je viens d’avoir une idée tortueuse, démoniaque, que dis-je… diabolique… Oui, c’est ça, diabolique. J’ai une intelligence diabolique.  Je pense, en toute modestie, que je suis le plus intelligent des cochons d’inde et le plus diabolique des intelligents. Et si un jour on décide de créer l’académie des colonels cochons d’inde, j’en serai, indéniablement, le président. »

" J’ai toujours eu peur des gens intelligents ! 

- Ecoute-moi, espèce de trouillard. On va essayer de sortir de cette cage. Mais pour cela, il va falloir être malins et rusés. Tu vas simuler…

- Oh non ! J’ai peur des mulets … En plus, s’il y en a six !

- Espèce de sac à crapauds ! Mais non ! Pas six mulets ! Tu vas faire semblant… Semblant d’être évanoui.

- Ça, je sais le faire. Ça m’arrive souvent d’être évanoui.

- Si tu es évanoui, la monstresse va s’affoler et cherchera du secours. Et on en profitera pour nous évader. 

- Et si jamais elle croit vraiment que je suis évanoui et qu’elle veuille me faire du bouche à bouche ?... Avec ses grosses lèvres horribles…

- Bougre d’âne s’écria Cookies. Les monstres ne font pas de bouche à bouche sur les cochons d’inde ! Allez, on met tout en place. »

   Sitôt dit, sitôt fait. Tagada se mit dans un coin, sur le dos et fit semblant d’être dans le coma. Mais de temps en temps, il ouvrait quand même un œil de peur que les monstres ne profitent de son coma pour l’agresser. Et ce qu’avait prévu Cookies arriva. La monstresse aux longs cheveux et aux yeux cruels, passant près de la cage, vit Tagada couché dans un coin. Elle ouvrit la cage et avec son index toucha la petite bête. Aucune réaction… Et pour cause :Tagada était tétanisé de peur. La monstresse se releva, éclata en sanglots et partit en courant « Maman ! Maman ! Viens voir ! Tagada a l’air malade. Ça doit être grave ! Il faut appeler le SAMU ou un docteur. »

    « Ça y est, on a réussi ! Elle a laissé la cage ouverte ! » Le colonel Cookies était excité ; une fois de plus il avait montré sa subtilité, sa finesse et son intelligence. « Viens Tagada ! Fais-moi la courte échelle. On va sortir ».

  Mais, sans bouger, Tagada ouvrit un œil et demanda :

" Dis Cookies, des docteurs pour cochons d’inde, ça n’existe pas, hein ?

- Si, espèce de sac à saucisses ! On appelle ça des… cochonorologues.

- Qu’est-ce-que tu es intelligent… Mais moi, j’ai peur des cochonorologues !

- Espèce de sac à crevettes ! On n’a pas beaucoup de temps ! Alors, aide-moi. On se sauve. » 

   Tout en marmonnant, Tagada se mit debout sur la grille et Cookies, après avoir pris son élan, sauta sur le dos de Tagada, grimpa sur sa tête et finalement attrapa le bord supérieur de la cage. Et se hissa au dehors !  Le colonel Cookies était libéré, délivré… Mais il fallait sortir Tagada avant que la monstresse ne revienne. Il se précipita vers un tablier de cuisine qui trainait tout près et décida de couper avec ses dents un morceau de la ceinture en tissu. Une fois fait, il emmena cette lanière et la lança à Tagada. « Attrape et grimpe » cria Cookies. « Mais j’ai peur… J’ai le vertige… Jamais je n’y arriverai… 

" Espèce de sac à crottes de nez ! Tu vas te dépêcher ou je te botte les fesses ! 

- Ne crie pas comme ça ! Tu me fais peur ! »

   Et bien malgré lui, Tagada attrapa la lanière et grimpa, en fermant les yeux jusque le haut de la cage. Tout en grimpant, d’ailleurs, il laissa tomber trois petites crottes…

   Arrivé au sommet de la cage, Tagada s’écria :

" Cookies ! C’est affreux ! nous avons oublié de prendre à manger !

- Ne t’inquiète pas Tagada. En route, nous allons trouver ce qu’il faut. Les monstres mangent beaucoup et surtout, ils mangent comme des cochons, en laissant plein de miettes partout. Alors, on ne va pas manquer de nourriture. D’ailleurs, je vais aller en chercher. Toi, tu avances et je vais te rejoindre.

- J’ai peur d’avancer ! »

    Cookies partit tout courant vers la salle à manger. Il était sûr de trouver ce qu’il fallait pour pouvoir faire un bon repas. Tagada décida, quant à lui, de foncer vers une montagne de cartons qui étaient entreposés dans un coin, non loin de la cage. Des tas de cartons, des dizaines de cartons, des milliers de carton. Mais arrivé près de la montagne, il prit peur. Devant lui s’ouvrait un monde inconnu, obscur, ténébreux. C’était une jungle, un labyrinthe, le couloir de l’angoisse, l’horizon de la terreur…

   Mais prenant son courage à deux pattes, il s’engagea dans le sombre couloir cartonné. Il sentit comme un courant d’air, un léger souffle, une bise soufflant entre les cartons. Mais dans la tête de Tagada, c’était une tempête, un ouragan, presque un cyclone. Et il pensa « C’est bête quand même ; je vais être tout décoiffé. » Mais malgré cette contrariété, il avança puis il tourna puis se retourna. A vrai dire, il ne savait pas trop où il devait aller. Il faisait sombre, ça sentait la poussière et le silence était impressionnant.

   Quand tout à coup, dépassant un vieux carton humide, Tagada se trouva nez-à-nez avec un monstre hideux, un monstre barbare hérissé de poil verticaux, un monstre aux couleurs bleu et noir et qui semblait ne pas bouger, attendant vicieusement l’attaque de l’ennemi. Tagada était en face de LA bête. Il voulut faire demi-tour mais le passage était trop étroit : impossible de se retourner. Alors, au comble du désespoir, Tagada se dit : « Je dois vaincre ma peur ! Il faut que mon courage soit le plus fort ! … Même si je n’ai pas de courage… » Et Tagada, poussé par un instinct de survie s’élança contre le monstre. « Si je dois mourir, autant mourir en combattant. Je porterai haut le panache des cochons d’inde…Je serai digne de mes ancêtres et j’aurais été courageux au moins une fois dans ma vie. »

   Et le monstre assoiffé de sang n’avait toujours pas bougé et regardait Tagada fixement. Impressionnant et terrifiant !

   Le combat fut titanesque, homérique, flamboyant. Aucun des deux adversaires ne voulait céder. Quand Tagada attaquait, le monstre esquivait puis donnait une réplique cinglante. Et quand la bête voulait passer sous la garde de Tagada, celui-ci répliquait par un coup de patte arrière dans le ventre. Les deux adversaires étaient enchevêtrés, collés l’un à l’autre et personne n’aurait pu dire qui serait le vainqueur. Tagada étranglait violemment, mordait à pleines dents et tapait vaillamment. La lutte était intense et même dans l’Iliade et l’Odyssée, on n’avait jamais vu un tel duel. Le sol était jonché de poils… Poils de Tagada mais aussi longs poils du monstre. A bout de souffle et craignant d’être mortellement blessé, Tagada se réfugia dans un coin. Le monstre n’avait pas bougé et le narguait d’un air sournois et vicieux. Tagada prit une longue inspiration et s’élança en criant « Autant mourir le poil dressé. » Et dans sa tête, il se voyait déjà le héros d’une histoire de chevaliers légendaires et invincibles. Et il imaginait déjà sa statue sur la grand place de Lima, capitale de ses ancêtres.

   C’est à ce moment-là que Cookies, les bajoues gonflées, fit son apparition. Il s’écria :

" Espèce de sac à rognons ! Qu’est-ce-qui t’arrive ? Ça ne va pas la tête ? Pourquoi es-tu en train de te battre avec une brosse à cheveux ? 

- Une brosse à cheveux ! s’écria Tagada. Mais non ! C’est un monstre à poils durs et je vais le terrasser !

- Terrasser… Mes fesses, espèce de sac à andouilles. Tu es en train de te fatiguer à corriger un truc pour coiffer les cheveux ! Probablement ceux de la monstresse aux cheveux longs et aux yeux cruels.

- Mais les poils ?

- Ce sont des cheveux, espèce de sac à cannettes ! Tu es vraiment un dégénéré de la race des cochons d’inde.

   Et Tagada, tout penaud, regarda son adversaire. Effectivement, le monstre avait de grandes piques sur la tête entre lesquelles étaient répandus de longs cheveux... C’était effectivement une brosse à cheveux.   « En fait, j’ai peur des brosses à cheveux ! » Et comme à son habitude, il fit une petite crotte. Le combat était fini mais dans son for intérieur, Tagada se dit qu’il avait été bien brave et que si Cookies n’était pas revenu, il aurait foutu une bonne raclée au monstre chevelu.

    « Allez, viens, espèce de sac à côtelettes ! J’ai trouvé de quoi manger. On va chercher un coin tranquille et on va casser une petite graine avant de repartir. » Ils dénichèrent un recoin situé non loin de là, entre un carton de chaussures, un carton de vieux tee-shirts et un sac contenant des CD.

    Cookies vida ses deux bajoues devant Tagada émerveillé par la vue de tant de nourriture.

" Où as-tu trouvé tout ça ? demanda Tagada

- Sous la table de la salle à manger… Les monstres ne mangent jamais proprement. Ils laissent toujours plein de choses par terre. Je me suis donc servi.

- Dis-moi Cookies, je ne comprends pas. Tu as dit qu’on allait casser une petite graine… Et je ne vois pas de graine.

- Mais c’est une façon de parler, espèce de sac à crottin ! J’aurais pu dire : on va casser la croute, c’est pareil.

- Oui, je veux bien que tu dises cela mais je ne vois pas de croute, non plus !

- Espèce de sac à asticots ! Tu me casse les pieds !

- Je ne voudrais pas te contrarier mais tu n’as pas de pieds… Uniquement des pattes.

- Tu m’énerves !

- J’ai peur quand tu t’énerves. »

   Et Cookies, exaspéré par son compagnon, lui tourna le dos et commença à grignoter des petits morceaux de pizza (pizza Quatre-saisons à quatre Euros cinquante chez Mama Pizzario, au coin là-bas). Tagada, quant à lui, s’attaqua à un gros morceau d’une masse blanchâtre, sans qu’il sache vraiment ce que c’était. Ce n’était pas mauvais mais ça n’avait pas franchement de goût. Mais comme il devait manger, il mangeait. Le repas terminé, Cookies décida : « On doit repartir, nous n’avons pas de temps à perdre. La monstresse va revenir avec un docteur. Il faut nous éloigner le plus vite possible. »

   Ils allaient se mettre en route quand, d’un seul coup, Tagada eut les poils du front qui se levèrent. Il fut pris d’un hoquet permanent et de tremblements tellement forts qu’il ne pouvait plus avancer. Cookies s’inquiéta :

"  Qu’as-tu ? Tu es malade ? Pourquoi trembles-tu ? Tu as froid ?

- Non. J’ai mal au ventre et je sens que je suis en train de gonfler… Je crois que j’ai mangé quelque chose de pas bon… Et j’ai peur de gonfler !

- Qu’as-tu mangé, espèce de sac à moisi ?

- Un gros truc blanc… Pas bon d’ailleurs… Il en reste un morceau là-bas.

   Cookies fit un aller-retour vers le reste de nourriture.

" Espèce de sac à boutons ! tu t’es empoisonné toi-même. Tu as mangé du chou-fleur. Et les cochons d’inde ne mangent jamais de chou. Ça les fait gonfler et après, ils sont envahis par les flatulences.

- J’ai peur des flatulences… Dis, Cookies, c’est quoi les flatulences ?

- De l’air, espèce de sac à lardons. De l’air dans le ventre. Alors pour l’éliminer, on doit faire des gaz, des milliers de gaz, des millions de gaz… Nous, cochons d’inde, on ne mange jamais de chou, espèce d’ignare, sinon nous attrapons un gros ventre rempli d’air et nous sommes submergés par les prouts.

- Oh mon dieu ! J’ai peur des prouts… Il faut que je trouve un docteur, un cochoburologue… cochonofilologue… je ne sais plus. Un docteur pour cochon d’inde ! Tout de suite… Je ne veux pas avoir des « plats tu lances ». J’ai peur des gros ventres et des cochobibilogues.

- Cochonorologues ! Espèce de sac à boudin ! »

    Voyant son ami plongé dans d’atroces souffrances et comme, en plus, Tagada commençait à émettre des gaz bruyants et malodorants, Cookies se dit qu’il valait mieux arrêter les frais : il ne pouvait plus s’évader avec un handicapé trouillard, gonflé, crotteur et prouteur. Il devait se résigner, c’était la fin de l’aventure qui n’aurait vraiment pas duré bien longtemps. D’ailleurs la monstresse arrivait avec sa maman et un autre grand monstre qui avait une clef à molette dans la main. En suivant les crottes de Tagada, ils avaient retrouvé la cachette des deux fuyards.

" Regarde Maman, les voilà ! Mes petits chéris…

- Petits chéris, petits chéris ? Non mais… Tu dis n’importe quoi ! Ce ne sont pas des petits chéris ; ce ne sont que des sales fugueurs, des voyous, des malfaisants, des gros rats ! D’ailleurs, regarde, ils ont mis plein de nourriture partout ! Sales bestioles ! On va les renvoyer à la LPA. Et, en plus, il y en a un qui est tout gonflé. Il ne manquerait plus que ça qu’il mette du caca partout !

- Non Maman ! Ce n’est pas sa faute… Il est malade. Ça se voit bien. Dites Monsieur, qu’est-ce-que vous en pensez ? »

   En voyant le cochonorologue avec une énorme clef à molette, Tagada se sentit submergée par la panique.

" Moi, répondit le grand monstre, je ne suis pas docteur, je suis plombier… Je sais bien que je suis un spécialiste des tuyaux, mais pas de ceux-là. Mais la seule chose que je connais aux animaux, c’est un principe très simple… Comme pour les ordinateurs : quand ça ne marche plus, on arrête tout ! Alors, arrête de donner à manger à ta bestiole et elle va guérir. Il faut la mettre à la diète. »

   Cookies qui écoutait avec attention se demanda qu’est-ce qu’un plombier venait faire ici. Tagada, tordu par les coliques, s’écria : « Ah non ! Pas la diète ! D’ailleurs j’ai peur des plombiers ! J’ai peur des ordinateurs ! J’ai peur des tuyaux ! »

" Oui, on sait ! Tu as peur de tout ! Espèce de sac à chaussettes. »

   Ainsi fut fait : la monstresse aux cheveux longs et aux yeux cruels reprit les deux cochons d’inde et les remit dans la cage ; la maman ramassa les résidus alimentaires et en profita pour récupérer sa brosse à cheveux qu’elle avait perdue il y a six mois ; le plombier répara la fuite sous l’évier et les deux cochons d’inde furent mis au régime strict pendant deux jours. Ce qui faisait râler le colonel Cookies d’ailleurs : « Moi, je n’ai rien fait de mal et on me met à la diète ! C’est profondément injuste. » De rage, il se vengea en grignotant le papier journal posé au fond de la cage mais cela ne lui réussit pas, car même si le journal était changé tous les jours, il est possible que les nouvelles ne soient plus très fraîches.

   Tagada fit beaucoup de gaz et, du coup, Cookies râlait car l’odeur était insupportable ; son ventre dégonfla, les douleurs s’espacèrent et il retrouva, rapidement, du tonus. Mais il avait toujours aussi peur.  Et la vie reprit tranquillement dans la maison de la monstresse. En conclusion de cette terrible aventure, le colonel Cookies décréta que la monstresse n’était pas une vraie monstresse et que ses yeux n’étaient pas cruels.

   En tous cas, dans les grimoires de l’histoire de Pomerols, on retrouve le récit d’un combat titanesque entre un cochon d’inde et une brosse à cheveux. Mais ça ne resta pas qu’un événement local. Les cochons d’inde du monde entier se racontèrent l’histoire, de mère en fille, de père en fils, pendant des générations… Seul problème : ils la modifiaient légèrement : En Afrique, ils disaient qu’un cochon d’inde intrépide avait combattu un géant cyclope et assoiffé de sang ; en Asie, que le vaillant cochon pompier avait terrassé un dragon qui foutait le feu partout  ; en Amérique, que le courageux animal avait asphyxié un monstre venu de l’espace et qui se glissait dans les oreilles des gens en prenant la forme d’une mouche ; et au Pérou que le dieu Cochon réincarné avait atomisé des envahisseurs  bouffeurs de paëlla. Bref, le combat de Tagada est rentré dans l’histoire de l’univers et dans la mémoire collective. Et soyons francs : le colonel Cookies en fut un peu jaloux car dans les récits de combat, on ne parlait jamais de lui. Du coup, il décida, en protestation, de faire une grève sur le tas, ne bougeant plus et refusant de se montrer. Si bien qu’au bout de quelques semaines, ses griffes avaient poussé et la monstresse pleurait pour qu’on aille voir un cochonorologue pour couper les ongles de son cochon d’inde.  On aura tout vu !

   Mais Tagada était devenu célèbre. Comme quoi une erreur de vision peut effacer la peur et, du coup, peut vous transformer en héros…  

   Toute l’histoire de Pomerols, toute l’histoire de l’Occitanie, toute l’histoire du monde a été et restera marquée par cet épisode d’une violence inouïe. Ne dit-on pas « Courageux comme un  Tagada. »

   Même Homère n’aurait pas imaginé une si belle histoire…

04/09/2022: Histoire pour petits/ Une forêt de cartons/ Pour Apolline

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Published by popo - dans contes pour petits

THEMES ABORDES

Hervé Poher             

1003
Les textes édités correspondent à des lettres, des interventions, des discours écrits ou à des retranscriptions d'enregistrements. Bien entendu, les opinions et options, éditées dans ce blog, n'engagent que l'auteur.   

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