M,M,M
OPUR va avoir 30 ans… ça nous fout un coup de vieux, quand même… Mais l’intérêt d’avoir un coup de vieux, c’est qu’à partir d’un certain niveau, vous pouvez parler en ancien combattant. Et, vous le savez puisque nous sommes dans une année de commémoration, les anciens combattants aiment bien être écoutés.
Alors, pourquoi avons-nous eu l’idée de créer OPUR. Pour 3 raisons.
D’abord, en 1995, à Guînes, il y avait 27% de chômage. La faute à qui ? La faute à quoi ? Simplement la faute à la conjoncture : La dentelle battait déjà de l’aile et la CIDER , à Guînes n’était pas en forme ; Courtaulds avait fermé en 90/ 91 ; et les restructuration agricoles faisaient qu’il y avait de moins en moins d’emplois dans l’agriculture.
Deuxième raison. Il y avait à Guînes la plus grande propriété de département. Oui, je dis bien la plus grande propriété… Le marais de Guînes. Bien sûr, le département gére d’autres espaces comme le Platier d’Oyes, le Site des caps, la baie de Canche… Mais tous ces espaces appartiennent au Conservatoire du Littoral, pas au département. Et à l’époque, la plus grande propriété était bien le marais de Guînes. Et il n’était pas inintéressant d’avoir une structure pour aider à la gestion de cet espace.
Dernière raison. J’avais mis dans mon programme électoral de 1994 une idée farfelue : faire une voie douce entre Guînes et Coulogne, sur l’ancienne ligne de chemin de fer. Je dis idée farfelue car j’avais proposé cela en 1994 et la voie douce a été inaugurée en 2017. Je n’avais jamais pensé qu’il y aurait autant de problèmes administratifs. Et le Département m’avait dit : « On veut bien t’aider à la faire, mais tu t’occupes de l’entretien. »
D’où la création d’OPUR. Une fois créé, il fallait lui trouver un nom. A l’époque, mon leitmotiv était la ruralité. D’ailleurs, je répétais à l’envie « Ruraux et fiers de l’être. ». Il fallait donc qu’on mette ruralité. Et naturellement est venu le nom d’OPUR. Alors, soyons honnête, j’ai eu un peu de mal à trouver un mot qui correspondait au U. J’ai mis utilisation… Je dois reconnaitre que c’est un peu tiré par les cheveux mais on a validé… Et comme de toute façon, beaucoup de gens écrivent « Eau Pure », ça passe.
Une fois créé, nous avons été submergés par des récompenses et des prix : un Prix EDF, qui est d’ailleurs en Mairie ; un Prix que j’ai dû aller chercher au congrès des maires, à Paris ; et un prix, enfin, que je suis allé chercher à Roubaix Tourcoing, prix donné par la Lyonnaise des Eaux. Celui là n’était pas désintéressé… La Lyonnaise avait plusieurs stations de pompage dans le marais et OPUR pouvait éventuellement lui rendre service pour l’entretien naturel.
Dernière remarque. Et je parle sous couvert de Monsieur Lefebvre, ici présent. Nous avons remarqué un phénomène étrange. Figurez-vous qu’à Guînes, nous avions modifié les tarifs de cantines : Repas gratuit pour les enfants quand les parents étaient sans emploi. Mais au bout de quelques temps, quand nous avons fait le bilan, nous avons découvert que ça ne marchait pas du tout. Les enfants n’étaient pas inscrits à la cantine. Par contre, dès qu’on employait quelqu’un à OPUR, il inscrivait ses enfants à la cantine. Comme quoi, il suffit de redonner un statut social à quelqu’un pour qu’il se réinsère naturellement dans le fonctionnement de la société.
Alors, après, OPUR a vécu sa vie… Avec des hauts et des bas… Avec des périodes difficiles… Avec des stress… Mais vous avez maintenant 30 ans.
Alors, Monsieur le Président. Je sais qu’on vous dit que OPUR, ça coûte et même que ça coûte cher. Mais Mesdames et Messieurs :
- La solidarité, ça coûte ;
- Le service public, ça coûte ;
- Tendre la main, ça coûte.
Mais c’est un choix politique… Pas un choix financier. Choix qui est fait quand on pose une option politique, voire philosophique. Si vous mettez les finances en premier, vous ne faites plus rien ; vous n’osez plus rien faire. Au Sénat et au Conseil Général, j’avais l’habitude de terminer certains discours par une phrase, toujours la même. C’était :
« Attention de ne pas nous faire une société où les stéréotypes ont remplacé les idées, où les chiffres ont remplacé les mots et où les comptables ont tué les philosophes. » Et parfois je rajoutais : » N’oubliez pas que la République a été imaginée par des philosophes et pas par des comptables. »
Alors, pour être franc avec vous, si je devais faire un bilan de ma vie politique, la période dont je serais le plus fier, c’est vers 2000-2005. Période où la ville de Guînes était l’une des villes qui faisait le plus d’insertion par rapport à sa population. En effet, à l’époque nous avions : OPUR, CIDE-LYSE et je m’étais battu pour un chantier d’insertion dans la Péniche... Péniche qui malheureusement n’est plus là.
Alors, Mesdames et Messieurs. Que tirer de cette expérience. Simplement une phrase :
« Rien n’empêche l’administration et le monde politique d’avoir un peu d’humanité. »
Merci à vous.
Hervé Poher