Merci de m’avoir porté à ce poste… Dans la lignée, dans l’ombre et, je l’espère, sous l’œil bienveillant de Dominique Dupilet et de Daniel Percheron. Croyez bien que j’en mesure l’honneur, la symbolique et les dangers. J’ai d’ailleurs, pas plus tard qu’hier, rechargé complétement mon armoire à pharmacie : aspirine, paracétamol, somnifère et même du mercurochrome…
Nouveau président donc intervention. Une intervention que je vais essayer de faire courte, mais, pour garder les habitudes du Président Percheron, une intervention en 3 points.
Trois Points : une remarque, une tranche de vie et une ordonnance.
èUne remarque :
Je n’ai pas fait le plein des voix : Et c’est aussi bien comme cela. Cela prouve au moins
- que tout n’était pas arrangé, calculé, cadenassé…
- que ma personnalité ne laisse pas indifférent et dans notre société politique ou civile, il n’y a rien de pire que de susciter l’indifférence ou d’être transparent. Au moins, je sais que je suis visible… Voire audible. Mais ça, je le savais déjà !
è Maintenant, laissez-moi vous conter une tranche de vie :
Courant 2009, j’avais décidé de prendre quelques jours de repos, avec mon épouse, dans le midi. Au moment de faire mes bagages, comme vous le faites sans doute, j’ai cherché un livre qui pouvait être mon livre de chevet. Et figurez-vous que, sur mon bureau, il y avait « Le Projet de Charte du Parc Naturel des Caps et Marais d’Opale… » Eh oui, comme livre de chevet, on fait mieux, je vous l’accorde… Mais je vous signale que pour que les sadiques puissent s’exprimer, il faut aussi qu’il y ait des masochistes…
J’ai donc pris ce document et, ne soyez pas étonnés, je l’ai lu… En entier… Remarques, annotations, couleurs, points d’exclamation, je l’ai barbouillé dans tous les sens…. Moi, je suis un peu besogneux !!
Et en revenant de mon séjour méditerranéen, j’ai pris mon courage à deux mains et j’ai rédigé une note que j’ai appelé, pompeusement : « Un Parc, une ambition, un rêve… »…. Et dans cette note, chaque point, chaque mot, chaque remarque étaient de moi… Pas une seule virgule émanant d’une technostructure quelconque…
Cette note faisait 10 pages mais comme je trouvais que 10 pages, ça ne reflétait pas assez l’intense travail intellectuel que j’avais dû fournir, j’y ai rajouté de très belles photos, de la nature, des caps, des marais…
Finalement, ce document de 15 pages, je l’ai envoyé à tout le monde : Conseil Régional, Conseil Général, Parc, élus influents…
Les retours n’ont pas tardé : « Beau travail Hervé, bien, on sent ta pâte… »… J’étais assez content de moi… jusqu’au moment où j’ai reçu un mail d’un des collaborateurs du Président Percheron, collaborateur que je connais depuis très longtemps, qui est un ami et en qui j’ai une confiance absolue.
Et ce mail disait simplement: « C’est bien Hervé, mais tu as fait une erreur fondamentale : « Tu as mélangé la Charte du Parc avec le fonctionnement du syndicat mixte… »
Et il avait parfaitement raison. Raison parce que, partant d’un document de base qui se devait d’être presque philosophique, j’en avais fait un listing de recommandations, de récriminations et d’incompréhensions…
C’est vrai que le collaborateur du Président de la Région avait raison mais, moi, je n’avais pas entièrement tort. Ce que j’avais mis dans ces 15 pages,
· c’était simplement mon ressenti d’élu, mon ressenti de membre du Parc ;
· c’étaient mes joies et mes frustrations d’élu local… Elu local qui est persuadé que d’être dans un parc, c’est un plus… Mais élu local qui comme tout élu local a, parfois, une fâcheuse tendance à souffrir d’un poujadisme exacerbé… C’est comme ça ; on n’y peut rien…
· ces 15 pages que j’avais rédigées, ce ne sont que la compilation des interrogations et des incertitudes d’un président de Communauté de Communes ou d’un Conseiller Général qui a appris, avec le temps, que rien n’est facile et que, quand c'est un peu trop difficile, on cherche toujours une victime expiatoire (à cause de l’Etat, à cause du Parc, et la DREAL... Je ne vous en parle pas !!…)
Oui, je m’étais trompé : j’avais mélangé la Charte avec le Syndicat mixte, mais en faisant cela, je ne faisais que mettre en valeur certaines zones d’incompréhension et certains malentendus…
Et quand je parle d’incompréhension et de malentendu, la responsabilité n’est jamais à sens unique ; pour ne pas se comprendre, il faut déjà se parler et s’écouter et pour ce qui est des responsabilités, chacun peut y prendre un peu sa dose.
Et, en 2009, en écrivant ce document, je n’ai fait que transcrire des réflexions cachées, des murmures honteux ou carrément des coups de gueules en coulisses… tout cela émanant des membres de ce Parc.
Mais je l’avoue, en 2009, poussé par la passion, j’ai fait une erreur intellectuelle. Mais cette erreur intellectuelle était révélatrice d’un mal-être affectif... Nous sommes tous amoureux du Parc, mais, même amoureux, il est arrivé qu’on ne s’entende plus.
J’ai fait une erreur et je vous promets de ne plus recommencer.
è Une ordonnance, enfin :
Vous le savez ; je l’ai écrit dans ma déclaration de candidature et ce n’est un secret pour personne : nous allons vivre une période d’inconfort, d’incertitude et de questionnement.
· La charte n’est plus applicable ;
· Le label Parc est momentanément virtuel ;
· Certaines procédures administratives n’ont plus lieu d’être et certaines conventions avec des partenaires sont désormais sans objet.
Vous comprenez pourquoi je parle d’inconfort… Mais cette situation est, je l’espère, que dis-je, j’en suis sûr, temporaire.
Et je vous propose, quelles que soient vos croyances, de tous nous mobiliser pour aller chercher le Graal.
Et pour cette démarche, nous aurons besoin, j’aurai besoin de, tout le monde :
o Besoin évident de ceux qui depuis des années passent leur temps à « huiler » les rouages du Parc et qui font un travail discret. Vous êtes nombreux dans ce cas, vice-présidents actuels ou passé, et là je pense à Jean-Claude (Leroy) et à Michel (Sergent), membres de commission ou membres de groupe de travail, mais permettez-moi un merci très particulier à Madame Dominique Rembotte et à Monsieur Daniel Parenty, rejoints dernièrement par Claude Prudhomme. Ils passent beaucoup de temps dans cette maison.
o Besoin instinctif de l’expérience de mes collègues du Conseil Général… Pas nécessaire de les nommer, ils occupent le terrain et ce sont tous des célébrités. Ils connaissent leurs territoires sur le bout des doigts ; leur expérience et leur flair seront dans la démarche à venir indispensables, voire incontournables.
o Besoin rationnel de la sagesse de nos amis du Conseil Régional. Dans le cadre de vos compétences, de vos politiques, de vos responsabilités, vous avez besoin d’un espace d’application et d’expérimentation. Tout le monde sait qu’un Parc, c’est un peu cela, d’autant que dans un Parc, les élus des collectivités territoriales sont directement en face des élus des collectivités locales. Il n’y a pas de meilleur thermomètre pour juger de la justesse d’une politique.
o Et justement, besoin essentiel de tous nos amis responsables de collectivités locales, maires, présidents d’EPCI ou élus ; tous ceux qui ont eu un rôle prédominant dans la création du parc et qui auront un rôle essentiel dans la dynamique de reconquête ; sans les élus locaux, nous ne pouvons rien. Et je le dis en tant que nouveau président du Parc. Et c’est bien là qu’il faut dissiper les zones d’incompréhension…
Permettez-moi de signaler, en passant, Mesdames et Messieurs, que le président Percheron avait voulu confier la destinée du Parc à un conseiller général. Je suis effectivement conseiller général mais je siège parmi vous en tant que Président d’intercommunalité. Et c’est là, pour être franc avec vous, que nous avons voulu montrer un symbole et que nous avons voulu réaffirmer une priorité.
o Besoin indispensable aussi des usagers du Parc, des habitants et des socio-professionnels… parce que nos présidents l’ont toujours dit : un parc n’a de sens que s’il vit par et pour ses habitants. Agriculteurs, PME, artisans, commerces, services… Tout cela dans un environnement de qualité … Tout cela donne un sens au mot Parc.
o Besoin enfin, justement, de nos 2 présidents, Daniel Percheron et Dominique Dupilet. Parce que l’expérience, parce que l’histoire, parce que l’ambition… A deux occasions, j’ai pu mesurer votre poids politique et votre poids moral… Et ce poids fait, souvent, pencher la balance, vous le savez bien.
En parlant de poids, n’y voyez surtout pas une quelconque perfidie de ma part. Je ne parle pas des kilos…
En 2004 quand nous sommes allés chercher l’accord pour une Opération Grand Site et en 2011, quand nous sommes allés chercher le Label Grand Site de France... Quand le président de la Région et celui du Département font partie de la délégation, c’est important, c’est impressionnant et ça compte. Même à Paris ! Et nous aurons besoin, encore plus, de ce poids quand nous parlerons du Marais audomarois, autre merveille du parc, marais avec son schéma agro-environnemental, marais avec son agriculture, marais avec ses merveilles.
Bref, nous aurons besoin de tout le monde pour réaffirmer qu’un parc, c’est un magnifique outil et qu’il faut, peut-être, que nous apprenions, ensemble, à nous servir, à nouveau, intelligemment de cet outil.
Voilà ce que je tenais à vous dire. En fixant un objectif :
· Etat des lieux et diagnostic du syndicat mixte pour septembre prochain.
· Rencontre avec toutes les collectivités locales dans les semaines qui viennent.
· Préparation d’une note sur le renouvellement de la Charte, avec ses atouts, ses faiblesses et ses points durs… Nous en connaissons quelques-uns… Le football étant à 19 heures, je ne vous ai pas parlé d’urbanisme…
D’ici là, Mesdames et Messieurs, je vous propose que vous nous laissiez simplement le temps de nous asseoir, de juger, de jauger et pour le prochain comité Syndical, nous vous proposerons quelques nouveaux formatages. Et pour être honnête avec vous, ce seront des formatages de combat.
Et permettez-moi de terminer en disant « Trois fois merci »
è Merci de m’avoir fait confiance. J’arrive dans une période un peu délicate mais vous, comme moi, si un jour, nous nous sommes investis, c’est bien pour résoudre les problèmes…
è Merci de ce que vous avez déjà fait pour ce Parc. Ce n’était pas une évidence… Deux Parcs puis un grand Parc… et des responsables qui s’impliquent depuis le début
è Merci, enfin, de l’aide que vous apporterez au Parc. La dynamique sera collective ou elle ne sera pas. Ce n’est pas qu’une formule ; c’est une évidence parce que tirée du terrain.
Mesdames et Messieurs. Il fallait quelqu’un pour passer ce cap un peu difficile. Et comme, j’ai pris l’habitude de me mettre dans des situations compliquées, c’est à moi que revient l’honneur de tenir la barre. Mais, pour être franc, cela ne m’a pas été imposé et je l’ai bien voulu…
Car avec nos deux présidents comme garde du corps, avec nos élus régionaux et départementaux comme unités d’élite, avec la cohorte des élus locaux et avec la puissance des habitants de ce parc, je suis sûr qu’on gagnera. Un Parc, ça vaut bien, quand même, quelques efforts.
Hervé Poher