André Flahaut avec Hervé Poher à Arras.
Eglise de Guînes/ Obsèques d'André Flahaut
Alors André.
Depuis le temps que je te connais, c’est bien la première fois que tu nous mets dans une telle situation. Oh, évidemment, on s’en doute : tu ne l’as pas fait exprès, mais, sincèrement, je peux bien t’avouer que tu nous as mis dans de beaux draps !
Car c’est vrai que ce n’est pas facile de mettre brusquement de la lumière sur quelqu’un qui aimait plutôt être dans l’ombre… Dans l’ombre des autres, dans l’ombre de ta famille, dans l’ombre de tes copains et, je peux même avouer, dans l’ombre de moi-même
C’est vrai que ce n’est pas facile d’utiliser des mots pour évoquer quelqu’un qui savait s’exprimer surtout avec les yeux. Pour ceux qui te connaissaient bien, les paroles étaient souvent superflues. D’un seul regard, tu nous disais si c’était bien ou si c’était mal.
C’est vrai que ce n’est pas facile d’imaginer les rues de Guînes sans toi, dans ta petite voiture avec ton éternelle casquette. Ils ne sont pas nombreux les gens qui font partie, de façon indélébile et permanente, du paysage guînois. Et tu le sais bien, tu fais partie de ceux-là. Je crois bien, André, que tu es incrusté dans notre patrimoine culturel, notre patrimoine sociétal, notre patrimoine humain et même dans notre patrimoine affectif.
Et ce n’est pas facile, enfin, pour beaucoup d’entre nous, de réaliser qu’un pan important de notre histoire commune a disparu aujourd’hui. Car aujourd’hui, je crois savoir et j’ai compris que tous les footeux se sentent un peu orphelins ; car aujourd’hui, je suis persuadé que tous les élus, d’hier ou d’aujourd’hui, quelle que soient leurs opinions, ont la fâcheuse impression d’être un peu abandonnés et permets-moi de te dire, même si ça va te faire rire, qu’aujourd’hui, le bon roi Henry VIII se sent un peu trop seul…
Hier, alors que je parlais de ton départ, dans une réunion, j’ai dit que nous nous sentions meurtris. Je n’ai pas dit peiné, j’ai dit meurtri. J’ai été moi-même étonné d’avoir utilisé ce mot mais c’est vrai, depuis dimanche, nous sommes tous un peu meurtris, abimés ou blessés et quand on croise les gens dans les rues de Guînes, sans aucune parole, on sait qu’on a tous un peu mal.
Alors, André, tu l’as compris ; nous sommes nombreux à avoir envie de pleurer… Même si ça ne se fait pas… Mais notre chagrin n’est rien à coté de celui de ton petit bout de femme, de ta fille et de tous tes proches… Je ne parle même pas des jumelles qui, pour toi, étaient la 8ème merveille du monde. Mais, je peux bien te l’avouer maintenant : quand tu parlais des 2 « tiotes », on sentait que tu n’étais pas totalement objectif. Alors, je te le dis aujourd’hui ; c’est vrai qu’elles sont les plus belles du monde.
Bref, pour être clair avec toi, André : pour ton départ précipité, tu mérites un carton rouge ; mais comme on pense que c’était involontaire, tu n’auras qu’un carton jaune et, en tout cas, sois rassuré car tu nous as appris plein de bonnes choses : A ce que les trains partent toujours à l’heure, à ne pas se mettre hors-jeu, à rester fair-play mais à toujours défendre nos 18 mètres…
Alors, salut ! Et puisque je n’ai pas eu de grand-pére, salut le père André, salut le vieux et juste un dernier mot avant que l’arbitre ne siffle définitivement la fin du match, un mot tout simple : merci monsieur André Flahaut.
/ Hervé Poher