Article paru dans la Voix du nord, le 15/06/2014
Pays du Calaisis : l’instauration d’indemnités pour le président et les vice-présidents fait débat
Le comité syndical du Pays du Calaisis (SYMPAC) s’est réuni vendredi soir à l’hôtel de ville de Calais.
Cinq délibérations étaient à l’ordre du jour, dont le débat d’orientation budgétaire qui n’a engendré aucune remarque de la part des élus. Pas plus que les délibérations concernant le règlement intérieur, les attributions au président et les représentants à la commission d’appel d’offres.
Seule la délibération qui fixait les indemnités au président et à ses vice-présidents a fait débat. Il s’agit d’une nouveauté pour le SYMPAC : depuis sa création, aucun élu n’avait appliqué le décret du code général des collectivités territoriales et des syndicats mixtes. Ainsi, l’indemnité du président a été fixée à 1 347,24 euros brut et celle des vice-présidents à 673,62 euros brut.
Ancien président du SYMPAC, Emmanuel Agius, premier adjoint calaisien, a expliqué : « C’est une bonne chose car toute peine mérite salaire. Ce qui n’était pas le cas dans le précédent mandat. Or, cela prend énormément de temps. C’était peut-être une erreur ou un oubli. Ou les deux… » Devant cette remarque d’Emmanuel Agius, Olivier Majewicz, président, rappelait que la décision de ne pas allouer d’indemnité avait été prise par son prédécesseur Hervé Poher.
Le maire de Brêmes-les-Ardres Thierry Poussière, estimait que cette délibération n’était pas « la bienvenue. C’était une tradition au SYMPAC de ne pas percevoir d’indemnités. Et puis, vu les postes qu’ont déjà les élus… Alors passer de rien à 100 % de l’indemnité, non. 50 % serait bienvenue. Sinon, ce serait vu d’un mauvais d’œil par la population. » Antoine Peraldi, élu de Bouquehault, allait dans le même sens : « Il n’est pas question de taper sur l’un ou l’autre mais nous sommes dans une période budgétaire tendue. Aux Trois-Pays, nous avons décidé une baisse des indemnités et je pense que, quel que soit l’organe, il y a un devoir d’exemplarité et de respect du citoyen. »
Richard Gosse, lui aussi ancien président du SYMPAC rappelait l’ampleur de la tâche : « Pour le schéma de cohérence territoriale, j’ai présidé 163 réunions en quatre ans et demi. Je ne me suis jamais plaint. Et il n’est pas normal qu’un employé lâche son employeur pour le SYMPAC sans indemnisation. Le défraiement est mérité ». Philippe Mignonet, adjoint calaisien et président du syndicat intercommunal des transports, évoquait « les élus qui ont quitté leurs activités pour se consacrer uniquement à l’action publique ». Enfin, Olivier Majewicz notait : « Je n’ai pas pris la présidence pour percevoir d’indemnités ». Finalement, la délibération a été adoptée malgré quatre voix contre (des élus des Trois-Pays) et une abstention (Marc Médine, maire de Guînes).
Réponse de Hervé Poher communiquée à la Voix du Nord :
Madame, Monsieur.
Permettez-moi de réagir à un article paru dans votre journal du 15 juin 2014 et intitulé : « Pays du Calaisis : L’instauration d’indemnités pour le président et les vice-présidents fait débat ».
En effet, Monsieur Agius aurait déclaré que le fait de ne pas avoir donné une indemnité aux élus responsables du Sympac, depuis 2004 année de sa création, était « une erreur ou un oubli. Ou les deux… »
Ayant été le premier président, donc celui qui a mis la machine en route, je me permets de rectifier cette affirmation qui dénote une méconnaissance de l’histoire… qui ne m’étonne pas d’ailleurs.
Lors de l’installation du Sympac, en 2004, j’ai proposé, en tant que président, volontairement plusieurs règles (Alternance urbain-rural, pas d’indemnités pour les élus…) et toutes ces règles ont été adoptées à l’unanimité.
Pourquoi « pas d’indemnités aux élus » ?
Simplement pour démontrer que des élus peuvent travailler sur les dossiers, pour un territoire ou sur des projets d’avenir, sans automatiquement en profiter financièrement.
Simplement pour rappeler que le Sympac n’est pas une collectivité locale ou territoriale mais un syndicat, que les membres de ce syndicat ne sont que les représentants des intercommunalités qui les ont désignés et qu’à ce titre, ils reçoivent déjà, la plupart du temps, une indemnité (président, maire ou adjoint). Un poste au Sympac n’est que le prolongement d’un mandat électoral.
Simplement pour réaffirmer que le « tous pourris (sous-entendu par le pouvoir et l’argent) » n’est pas vrai et qu’on peut être un bon serviteur du service public sans avoir automatiquement une récompense financière.
Certains diront que de ne pas mettre d’indemnités, « c’est démago et symbolique… »
Mais si on veut redonner du crédit aux élus et redorer l’image des politiques, c’est d’abord avec des symboles qu’on doit montrer l’exemple. Et ce principe, je l’ai personnellement appliqué dans toutes les présidences associatives ou syndicales que j’ai exercées ou que j’exerce depuis 25 ans. Ne pas donner d’indemnité aux membres du bureau du Sympac et cela depuis 2004, n’était donc pas une erreur ou un oubli mais un acte volontaire et assumé !
Dernière chose. Monsieur Mignonet signale le cas d’élus qui ont arrêté leur activité professionnelle pour se consacrer au service public… D’où impact financier. Je connais quelques élus qui ont osé faire ce choix… Ce n’est pas pour cela qu’ils se sont attribué des indemnités de toutes sortes et de tous côtés…
Apparemment les avertissements électoraux n’ont pas été entendus… Une publicité dit : « Nous n’avons vraiment pas les mêmes valeurs ! ».
Comme quoi, c’est un peu vrai… Ou que les temps changent… Mais pas dans le bon sens.
Hervé Poher
Sénateur du Pas-de-Calais
Ancien Président du Sympac