Sénat, le 25 juin 2014/ Hervé Poher
Votre rapport n’est pas bon… Il est excellent, voire remarquable. Je ne veux pas passer de la pommade mais je pourrais rajouter : Je savais que les femmes avaient beaucoup de qualités, mais je ne pensais pas qu’elles avaient autant de courage… Car il faut du courage pour écrire ce que vous avez osé écrire.
Et quand on choisit un mot, c’est toujours en fonction de son expérience personnelle. Et j’ai dit : remarquable car j’ai exercé la médecine générale pendant 20 ans et le hasard a fait que j’avais, dans ma clientèle, beaucoup de familles d’accueil et d’enfants placés. En plus, j’ai la « malchance » d’être l’époux d’une pédiatre hospitalière qui est, en plus, responsable d’un CAMSP. Et comme je suis conseiller général… Vous pensez bien que j’en entends de belles : « Mais que fait le Conseil Général ! Vous êtes mauvais… »
C’est pourquoi je dis qu’il faut du courage pour s’attaquer au dogme du maintien du lien familial biologique, au principe de l’idéologie familialiste, idéologie qui peut conduire à des situations dramatiques. De même, vous osez attaquer le principe du non-attachement… Le fait d’interdire aux familles d’accueil de s’attacher aux enfants… Comment voulez-vous ne pas vous attacher à un enfant dont vous avez la garde !!!
Je vous signale, et cela personne n’a osé peut-être vous le dire, mais tous les signalements ne sont pas faits ! Pour diverses raisons : politique, administratives ou autres. Mais c’est une réalité. Des tas de signalements ne sont pas mis en route. Et je n’ose même pas parler de certaines structures qui disent aux travailleurs sociaux: « Diminuez les placements… Parce qu’un placement, ça coûte cher ! »
Vous avez également raison de pointer la faible participation du secteur sanitaire au dispositif de repérage et de signalement, tout comme le manque de coopération entre les différents intervenants. C’est normal car les médecins ne sont pas formés à cela et ont toujours peur des complications de toutes sortes.
Le problème de la démographie médicale, que vous avez soulevé, se pose avec une acuité particulière dans mon département. Je me bats actuellement pour trouver des candidats à trois postes de médecins laissés vacants, sans résultat pour le moment...
Enfin, j'ai beaucoup apprécié votre remarque sur les liens affectifs très forts qui se nouent entre les assistants familiaux et les enfants accueillis ; comment peut-on continuer à diffuser ce dogme du non-attachement ?
Ce rapport est remarquable car il y a une notion qui est sous-entendue ; pas directement écrite mais on la sent. C’est la notion d’amour. Et je le dis régulièrement, aux assistantes familiales ou maternelles : « Vous avez un outil que nous, les dirigeants, ceux qui font les lois, nous n’avons pas : l’amour. Et sans cet outil là, on ne pourrait rien faire.
Alors merci pour ce rapport qui, je le répète, est remarquable.
Hervé POHER