Permettez, tout d’abord, que je dise un petit mot concernant la catastrophe en Asie du sud. Je serai bref car, vous le savez, j’en ai déjà longuement parlé lors de la cérémonie des vœux de la ville de Guines.
Je veux simplement vous rappeler qu’une action a été lancée. Cette action , intitulée « SOLIDAIRES POUR REBATIR – ASIE 2005 » étalée sur un an, ne sera pas une initiative spécifique de la ville de Guines, même si la commune a décidé de participer de façon importante, mais nous voulons que ce soit une dynamique collective associant
- les particuliers qui le veulent
- les associations qui le veulent
- les collectivités qui le veulent
avec un objectif bien ciblé : l’aide aux enfants orphelins.
Notre but est simple,sans ambitions démesurées,sans médiatisation inconvenante :
- montrer que le mot solidarité n’est pas un mot vide de sens
- montrer que nous savons pertinemment que notre implication et notre dévouement à la chose publique n’ont qu’une valeur très relative face à des catastrophes qui peuvent toucher des millions de personnes.
Tout le monde est bienvenu, dans cette démarche qui veut aussi montrer que nous, on ne s’empresse pas d’oublier.
Je tenais à vous apporter cette précision car suite à mon intervention du 13 Janvier, nombreux ont été ceux qui m’ont contacté pour savoir s’ils pouvaient s’associer à cette initiative. Bien entendu ! Toutes les bonnes volontés seront appréciées. Nous voulons tout simplement tendre la main à des gens qui ont besoin d’un geste d’amitié, d’humanisme et de solidarité.
Puissent ces 3 mots, après la catastrophe du 26 Décembre, s’incruster au plus profond de nous.
Mais puisque la vie continue, parlons un peu de la CCTP.
Nous entamons, aujourd’hui notre 9ème année d’existence et vous vous doutez bien que le Président que je suis, a de plus en plus de mal à imaginer une intervention qui ne soit pas une redite, à exposer des objectifs qui sont connus de tous et à vous expliquer des procédures devenues classiques pour beaucoup d’entre vous.
Aussi, ayant sans doute gardé des réflexes de médecin, je me suis dit : » Je vais ausculter la CCTP ; je vais essayer d’en faire un bilan et je vais tenter d’en déduire les caractéristiques principales. Bref, je vais faire un diagnostic, diagnostic sur notre fonctionnement interne, diagnostic sur nos motivations et sur nos décisions. »
Sur le fonctionnement interne, permettez que je formule ce qui est pour moi une évidence : J’ai beaucoup de chance.
J’ai la chance de présider une collectivité où tout se passe dans la transparence
, la concertation, la coopération et la convivialité.
Notre passage en TPU était un sujet difficile ; la prise de compétence « Ordures ménagères » était un sujet, on ne peut plus périlleux…….et pourtant après maintes réunions, maintes discussions, après parfois quelques éclats de voix tout à fait légitimes, les décisions ont été adoptées.
Dans certaines intercommunalités, on a pris l’habitude de faire le décompte des délibérations, du % de présence, du % de votes positifs.
A mes collègues, Présidents de structures intercommunales, je ne ferai pas l’affront d’entrer dans la même démarche car je me dois d’avouer que chez nous, le taux de présence frise les 100% et que le vote à l’unanimité est devenu, pour nous, une mauvaise habitude.
Monsieur le Président du Conseil Général, mon ami Dominique DUPILET aurait tendance à dire, pour me taquiner que c’est parce que je suis un dictateur !
Eh bien non !! C’est simplement le résultat d’une gestion collective, basée sur 3 principes :
- 1er principe : « On ne passe jamais une délibération en force »
Si une décision communautaire ne peut pas recueillir, au minimum 90% des votes, c’est que le dossier doit être revu et qu’il peut être amélioré.
Créer des rancoeurs, implanter des aigreurs ou des sentiments d’injustice finit toujours par nuire à la dynamique collective.
- 2ème principe : « Autonomie complète et confiance absolue dans le travail des Vice-Présidents, des présidents de commissions et des membres du bureau. Quand on veut que des gens se dévouent pour le bien public, il faut qu’ils se sentent investis d’un devoir et d’un pouvoir. La confiance est, je le pense sincèrement , un des moteurs essentiels de nos structures.
- 3ème principe : Dés le départ, nos objectifs étaient clairs :
· Nous avons défini notre image « Le Vert, Le Vrai, La Vie » que je résume, bien souvent en disant : » Ruraux et fiers de l’être »
· Nous avons défini nos ambitions, à notre taille et selon nos moyens, en étant réalistes et pragmatiques.
· Nous avons défini notre philosophie d’action, en dehors de toute contingence politique et visant un seul objectif : LE SERVICE PUBLIC .
Comment voulez vous, qu’en appliquant ces principes de gestion, nous n’ayons pas, presque à chaque fois, une unanimité au sein de notre assemblée. Et quand, par hasard il y a 1 ou 2 votes négatifs ou même une seule abstention, la, plupart des délégués disent : « Qu’est ce qu’il lui a pris ? »
Et ce n’est pas une unanimité forcée ou de façade ; c’est une unanimité voulue résultat du principe de concertation.
Mais cette façon de gérer a, je l’avoue, 2 inconvénients :
1. 1er inconvénient : L’évolution de notre structure et de ses compétences est parfois plus lente. Nous, on envisage, on discute, on négocie. Le bureau m’a souvent entendu dire : » On ne viole pas les gens ! ». Mais je suis persuadé que cette façon de faire correspond mieux au tempérament rural de beaucoup d’entre nous et j’ai la faiblesse de croire que, quand on a un minimum d’intelligence et de bonne volonté, et si on accepte de se mettre autour d’une table, on finit toujours par trouver des solutions consensuelles.
2. 2ème inconvénient : Nous faisons très rarement la une des journaux, parce que, dans nos réunions officielles, il n’y a pas de vociférations théâtrales, pas de claquements de portes, pas de déclarations intempestives. Mais, je l’avoue, c’est aussi bien comme cela. Comme dit le proverbe : « Vivons heureux, vivons cachés ».
Voilà pour ce qui est du fonctionnement.
Quant à nos ambitions et à nos décisions, en faisant le bilan de 8 années de travail, j’ai découvert un fil conducteur qui n’est pas affiché clairement, mais qui est omniprésent. Et ce fil conducteur qui nous a toujours guidés, au grés du temps et au grés des décisions, est relativement simple :
« Nous avons toujours voulu que notre collectivité soit, consciemment ou inconsciemment, une terre d’originalité, un creuset d’expériences. Bref, qu’elle soit originale et novatrice. "
Et si vous en doutez, laissez moi vous fournir quelques exemples :
*ORIGINALE ET NOVATRICE, cette idée de mettre en place une politique de la petite enfance, en milieu rural.
Rappelez vous, en 99 et en 2000 ; beaucoup de gens étaient septiques et affirmaient de façon péremptoire ; » Ca ne peut pas marcher ! »
Avec l’aide de tous nos partenaires ( Etat, Région, Conseil Général, CAF), nous venons d’ouvrir la seconde halte garderie, à Hardinghen et nos 2 structures marchent très bien.
Et je ne compte plus le nombre d’élus d’autres intercommunalités, venus chez nous, pour voir nos bâtiments et comprendre notre fonctionnement, afin de pouvoir créer, chez eux, les mêmes centres pour la petite enfance.
*ORIGINALE ET NOVATRICE, cette idée, avant 2000, d’installer des cybercentres en milieu rural. Nous sommes, probablement les 1er à l’avoir fait.
Maintenant, c’est presque dans tous les programmes des communautés de communes. Mais quand nous avons osé le faire, soyons honnêtes, nous avions quelques doutes.
*ORIGINALE ET NOVATRICE, cette Opération Programmée pour l’Amélioration de L’Habitat, que nous venons de terminer.
Une OPAH, il n’y a rien de plus classique, de plus formatée, de plus réglementée. Mais quand nous, CCTP, décidons
· De mettre la main au portefeuille afin d’attribuer des aides supplémentaires et d’entraîner l’ANAH dans une majoration des subventions.
· Quand on décide d’y ajouter une opération » LES 3 PAYS EN COULEUR », opération récompensée au niveau national par l’Association des Maires de France
· Quand nous décidons d’y inclure une opération Vieilles Enseignes, destinées aux artisans et aux commerçants.
· Quand nous servons de territoire expérimental pour subventionner tous les travaux d’économie d’énergie.
· Et quand, enfin, nous lançons l’OPAH en éditant un guide de l’habitat, conçu en partenariat avec le Parc.
Alors cette OPAH, qui aurait pu être une OPAH classique, devient, comme l’ont qualifiée les services de l’Etat une OPAH complexe. Et beaucoup de nos initiatives, inventées pour cette OPAH, sont reprises, actuellement dans d’autres territoires.
*ORIGINALE ET NOVATRICE, cette idée du TAXI VERT. Tout le monde le sait : Un des gros handicaps de la ruralité, c’est le problème de la circulation des biens et des personnes. Offrir pour 2 Euros, le transport à toute personne de notre territoire, quelles que soient la distance et la destination, sachant que la collectivité paye le différentiel, c’est quand même un geste fort. Bien sur, cela nous coûte de l’argent, mais l’argent public doit servir au service public.
*ORIGINALE ET VOLONTARISTE, quand nous avons imaginé cette fameuse opération ARARAT, déclarée exemplaire par tous nos partenaires. Il nous fallait lutter contre l’érosion des sols et les inondations, en revenant au B. A .BA de l’aménagement rural : des haies, des bandes enherbées, des fossés entretenus, des mares de rétention. Soyons francs ! Nous n’avons rien inventé ; nous n’avons, avec l’aide du Parc fait qu’appliquer des traitements de base connus de tous. Encore fallait-il le faire.
*ORIGINALE ET NOVATRICE, cette journée du bien être que nous avons, avec l’aide du CG, mis en place, dans le cadre des Programmes Régionaux de Santé. Journée d’information, de communication, d’échanges et le résultat est là : Dans la région N/PDC, le canton de Guines est celui qui a déposé le plus de dossiers par tête d’habitants.
Certains esprits tortueux pourraient fantasmer et dire : »C’est normal car le Président de la CCTP est en même temps vice-président du CG, chargé de la santé ». Eh bien, très sincèrement, je n’y suis pour rien !!. Si nous pouvons être fiers d’une telle mobilisation, c’est simplement le fruit d’une manifestation bien pensée et du travail effectué par la CC, le monde associatif et le personnel de l’unité territoriale du CG.
Et ce résultat a tellement impressionné les autorités départementales que la DASS a décidé d’inclure le canton de Guines dans les 3 cantons test pour l’évaluation de la campagne de dépistage du cancer du sein.
*ORIGINALE ET NOVATRICE, cette idée de faire signer une charte tripartite, de coopération entre des flamands, des français et des maliens. C’est une première dans son genre.
Et à titre personnel, je suis très fier d’avoir réuni, dans une même manifestation, 3 peuples différents, 3 cultures différentes et des races différentes. Ce genre d’initiative est la meilleure réponse que l’on puisse faire aux mauvaises odeurs de certains discours racistes ou xénophobes.
*ORIGINALE ET NOVATRICE était, dés 1997, cette initiative que nous avons prise, en voulant collaborer, dans le cadre du tourisme, avec notre grand voisin calaisien. Et si aujourd’hui, il existe un Office de Tourisme de Pôle, nous y sommes un peu pour quelque chose.
Et c’est parce que nous avons montré, depuis des années une volonté d’ouverture et de dialogue avec nos voisins, tous nos voisins, que, tout naturellement l’Etat nous a demandé d’être les porteurs du projet de pays du calaisis.
*ORIGINALE ET NOVATRICE, cette démarche que nous avons, avec le CG pour imaginer le développement de la culture en milieu rural. Il nous faut imaginer, coordonner, travailler pour finalement contractualiser avec l’institution départementale. C’est notre intérêt et c’est l’intérêt du Département sachant que le mot d’ordre accepté par tous est : » Les ruraux ont autant le droit à la culture que les autres »
*ORIGINALE ET NOVATRICE, enfin, cette dernière décision que nous venons de prendre : La création d’un CIAS.
Parce que les problèmes sociaux sont de plus en plus évidents
Parce qu’on a pas le droit de laisser quelqu’un au bord de la route
Parce que la solidarité doit être inscrite génétiquement dans toute action politique
Nous ne pouvions pas faire autrement que de faire le pas en disant : »Vos problèmes, vos exclus, votre misère sont aussi les nôtres »
Voilà quelques exemples de ce fil conducteur que nous avons suivi, depuis quelques années. Certains nous regardaient avec curiosité, quelquefois avec malice ; d’autres qualifiaient cela « d’expériences hasardeuses » ; D’autres encore nous prédisaient de cuisantes déceptions.
L’histoire a montré que ces originalités nous ont fait avancer, avec ce paradoxe qui fait que nous étions peut être en retard sur l’évolution de nos statuts mais que nous étions toujours en avance dans l’innovation et la réalisation de nouveaux programmes.
Nous avons voulu être une terre d’expériences. Après 8ans, je crois pouvoir affirmer que nous avons réussi.
Mais je me dois, M, M, d’être honnête avec vous : Nous ne sommes pas des magiciens ni des sorciers et si tout cela a été possible, c’est bien parce que, dans cette dynamique incontournable, nous étions associés à tous nos partenaires
· Tout d’abord l’Etat qui a toujours joué le jeu par ses conseils et ses aides financières. Et si par le passé, il m’est arrivé de taquiner quelques sous-préfets ou de montrer mon mauvais caractère, ce n’est jamais contre l’Etat mais bien contre le carcan des procédures et le labyrinthe de l’administration.
· La Région, ensuite, qui par l’intermédiaire du Contrat de Développement Rural nous a beaucoup aidés.
· Le Conseil Général, enfin, présent dans presque tout nos dossiers, parce qu’il se veut proche des territoires, proche des communes, proche de la ruralité.
· Permettez moi d’associer à ces remerciements, le Parc, la CAF, l’Union Nationale des Centres d’Action Sociale. Que ceux que j’oublie me pardonnent, mais nous avons tellement inventé
tellement monté de dossiers, qu’avec mon grand age, j’ai du mal a me rappeler tous les partenaires.
ORIGINAUX ET NOVATEURS, je reprends ces termes et je les assume. Car voyez vous, M, M, si nous n’étions pas un peu utopistes, si nous ne mettions pas un peu de sel dans notre action, si nous n’étions pas, parfois, un peu farfelus, bref si nous nous limitions à la gestion stricto sensu de notre collectivité, la vie serait bien triste et notre travail d’élu serait bien morne…pour ne pas dire autre chose.
Alors pour 2005, Md et Mr les élus et les techniciens de la CCTP, je vous souhaite d’être des bâtisseurs, des créateurs, des inventeurs, motivés par la solidarité, le progrès et bercés par l’utopie
Et à vous tous, je ne peux que souhaiter :
· Une santé de fer
· Un moral d’acier
· Un bonheur en béton
· Et de l’amour à profusion
Et accessoirement 6 bons numéros au loto.
Si vous avez tout ce que je vous ai souhaité, je suis sur de vous revoir l’année prochaine…..sauf si après avoir gagné au loto, vous partez dans les îles.
Mais à l’extrême, c’est tout le malheur que je vous souhaite.
Hervé Poher