Mesdames et Messieurs
En tant que 1er magistrat de la commune, je me dois, cette année, comme à l’habitude de vous parler de l’emploi. Cela peut vous paraître rengaine, d’autant que lorsque vous ouvrez le journal, on vous parle emploi, chômage, délocalisation. Quand vous regardez la télé, on vous parle emploi, chômage, délocalisation et quand je rencontre des gens, dans la rue ou dans mes permanences, à la mairie, on me parle emploi, chômage, délocalisation.
C’est le sujet qui préoccupe les gens ; c’est un des problèmes majeurs de notre époque… Et c’est normal. De l’obtention d’un emploi, de la pérennité d’un emploi dépendent des choses essentielles, qui sont la base même de notre société : le statut social, le confort matériel et surtout la sécurité morale avec la sécurité de pouvoir vivre descement, la sécurité de pouvoir élever ses enfants et la sécurité de pouvoir vivre comme tout à chacun. Qui n’a pas d’emploi se sent exclu, délaissé voire écarté.
Alors, on nous abreuve de chiffres, de statistiques, de pseudo-explications qui ne changent rien : l’emploi va mal, la vie devient de plus en plus chère, il faut l’avouer ; nous assistons de plus en plus à une paupérisation, à un appauvrissement de nos concitoyens et nous devons reconnaître que le nombre d’exclus augmente de plus en plus.
Alors, on essaye de trouver des coupables : Les décideurs économiques, le gouvernement, notre mode de vie …. Franchement, tout le monde est coupable et personne ne l’est vraiment.
Déjà, l’an passé, je vous avais parlé de ce phénomène très inquiétant des délocalisations, conséquences inévitables de cette philosophie qui nous a été imposée : le libre marché et la mondialisation. L’ouverture des frontières et la suppression des quotas sur les textiles chinois en est la plus parfaite illustration. Ils ont beaucoup de main d’œuvre, peu d’obligations sociales ; ils produisent donc moins cher… et comme notre pouvoir d’achat n’a fait que baisser, nous avons tendance à acheter ce qui coûte moins cher. C’est ce qui explique que dans beaucoup de magasins, on trouve des produits MADE IN TAIWAN, MADE IN KOREA ou MADE IN CHINA et que tous ces produits se vendent bien au détriment, bien souvent des produits MADE IN France.
Et ce débat survient au moment ou nous devons nous positionner sur le projet de constitution européenne. Mesdames et Messieurs, permettez moi de vous dire qu’il ne faut pas se tromper d’adversaire. Le responsable des délocalisations, ce n’est pas l’Europe, c’est la mondialisation.
- Quand DESEILLES construit une usine en THAILANDE…. La THAILANDE, ce n’est pas en Europe…C’est une conséquence de la mondialisation.
- Quand NOYON construit une usine au SRI LANKA…..Le SRI LANKA, ce n’est pas en Europe….C’est une conséquence de la mondialisation.
- Quand LA CRISTALLERIE D’ARQUES décide de s’implanter en CHINE…..La CHINE, ce n’est pas tout prés et ce n’est pas en Europe….C’est ça, la mondialisation.
- Quand vous êtes ennuyé, au téléphone pas une enquête ou une proposition commerciale, savez-vous que l’appel vient, bien souvent du MAROC, de la TUNISIE ou de MADAGASCAR….. C’est aussi un effet de la mondialisation.
Et en citant toutes ces entreprises, je ne porte pas de jugement ; je ne fais que constater.
L’Europe n’est pour rien dans cette émigration des entreprises et, au contraire, si nous voulons lutter contre ce phénomène, c’est en étant unis, solidaires et encore plus forts que nous aurons quelques chances de relever la tête. Il nous faut plus d’Europe pour mieux gérer la mondialisation. Car il faut dire la vérité : la France n’est pas la seule à souffrir de ces délocalisations ; même des pays qui sont entrés, il y a un an, dans l’Europe, comme la TCHEQUIE, la POLOGNE, la HONGRIE, souffrent de cette fuite des entreprises. Et c’est en étant encore plus uni avec eux, que nous pourrons lutter, soyez en surs.
Le taux de chômage, en France, ne fait que monter, 2,5 millions annoncés, cette semaine . Le taux, dans le calaisis monte encore plus vite ; le taux, à Guînes, n’est pas bon. Mais, hélas, nous ne sommes pas des magiciens et le seul marabout malien que je connais, m'a dit qu'il ne pouvait rien faire.
Alors, au sein du Conseil Municipal, nous sommes comme vous : Un jour pessimistes ; un jour optimistes.
- Pessimistes quand nous recevons les chiffres officiels du chômage.
- Pessimistes quand nous recevons des concitoyens, dans nos permanences, parce que 70% des gens qui veulent nous voir, c’est pour demander de l’emploi..et nous n’en avons pas
- Pessimistes quand nous apprenons, par les médias, que telle ou telle entreprise va s’installer en Asie, en Afrique ou ailleurs.
Et puis, certains jours, nous sommes un peu moins pessimistes, voire un peu plus confiants.
- Un peu plus confiant quand je reçois, comme chaque mois, la liste des entreprises et commerces créés dans le canton. Depuis quelques mois, il y a plus de créations que de radiations. C’est toujours un bon signe.
- Un peu plus confiant quand nous inaugurons le premier bâtiment sur notre zone d’activité. Cette zone dont je vous parle depuis plus de 10 ans. L’an passé, je vous avais annoncé qu’elle était en bonne voie de finalisation. Maintenant, elle est terminée : c’est une belle zone de 26 parcelles ; 16 parcelles sont déjà vendues et je ne doute pas que, d’ici 2 ans, elle sera entièrement occupée. Nous avons même, déjà, prévu un agrandissement.
- Un peu plus confiant, enfin, quand nous voyons la volonté et l’imagination de certains qui veulent s’en sortir….et les idées et initiatives ne manquent pas.
Mais ces quelques raisons d’optimisme sont, vous le savez, bien fragiles. Nous essayons, jour après jour, de trouver ou de garder un équilibre social, basé sur l’emploi. Cela demande de l’imagination de la persévérance et parfois des coups de sang.
Il y a un mois, j’assistais à une Commission Départementale des Equipements Commerciaux. C’est cette commission qui donne les autorisations d’implantation pour les supermarchés. Nous devions examiner le transfert et l’agrandissement du magasin CHAMPION sur notre zone d’activité. Figurez vous qu’un membre de la commission, monsieur dont je tairai le nom et la fonction, a osé dire qu’il était contre ce projet parce que « les guinois n’avaient qu’à prendre leur voiture et aller à Ardres ou à la Cité de l’Europe, pour faire leur courses ». Evidemment, j’ai fait un coup de tension et je lui ai répondu :
- Que tous les guinois n’avaient pas forcément une voiture
- Que je ne voyais pas pourquoi ils iraient, obligatoirement , faire des courses à Ardres ou à la Cité de l’Europe
- Que les emplois créés par l’agrandissement de ce magasin étaient les bienvenus et que, même pour un seul emploi, moi, le Maire de GUINES, je devais me battre et je me battrai.
Je vous rassure, ce dossier a reçu un avis très favorable, 5 voix contre 1. Mais je dois vous l’avouer, sur chaque dossier, pour chaque emploi, il faut se battre et c’est ce que nous essayons, tous, de faire.
Autre information que je dois vous confirmer, c’est le passage de la Communauté de Communes des Trois-Pays en Taxe Professionnelle Unique. C’est à dire, que d’ici quelques années, toutes les communes de notre intercommunalité auront la même taxe professionnelle. Donc plus de lutte ou de concurrence entre les communes ; plus de bataille entre nos communes pour attraper les entreprises et, de plus, la taxe professionnelle de Guînes va diminuer progressivement. Cela ne peut être qu’un avantage supplémentaire pour nos commerçants, artisans et futurs investisseurs.
Un dernier mot sur les emplois aidés : les Emplois Jeunes, les CES et les CEC. Au niveau de la municipalité, nous sommes en train de terminer la pérennisation de nos derniers emplois jeunes. Nous avions promis de créer des activités et de trouver un emploi pour tous ces jeunes à qui nous avons donné une première chance. Nous avons respecté notre parole. Quant aux CES et CEC, vous le savez, ils disparaissent cette année. Nous attendons de connaître les règles de fonctionnement et de financement pour ce qui va les remplacer, mais nous savons déjà que la charge pour les employeurs sera beaucoup plus importante et les collectivités, comme la notre, seront, de fait, moins demandeuses.
Voilà, j’en ai terminé. Je voulais vous faire part de nos inquiétudes, qui sont, je n’en doute pas, les mêmes que les votres mais aussi vous offrir quelques raisons d’espérer pour notre petit monde guinois. Quand on ne croit pas aux miracles, l’espoir et la volonté sont nos seuls armes de combat. Mais au moins, on a le mérite d’espérer et le courage de se battre.
Nous allons, maintenant, récompenser celles et ceux qui, depuis des années, ont eu la chance d’avoir une activité et un emploi. Cette médaille, qui vous sera remise au nom de votre entreprise, n’est, simplement qu’un témoignage de remerciement et de reconnaissance vis à vis de celles et de ceux qui ont aidé, par leur travail au bon fonctionnement de notre société.
Mesdames et Messieurs, bravo et merci aux récipiendaires ; merci aux familles venues les féliciter et bon 1er Mai à tous.
Hervé Poher