Intervention CROSS ( Lille) du 22 Mars 2006
Monsieur le Directeur.
Je siège au Cross en tant que Maire de Guînes, mais ne voulant pas souffrir d’un dédoublement de la personnalité, je tiens à rappeler que je suis vice-président du Conseil Général du Pas-de-Calais, chargé de la santé, et Président de la Conférence sanitaire du bassin Littoral. De plus, je tiens à préciser que je suis insensible au poujadisme local et hermétique au corporatisme. Je ne représente que les gens qui m’ont élu.
Tout d’abord, permettez-moi de dénoncer la façon dont les choses se sont mises en place. Installer une conférence fin Novembre, recevoir les documents début Janvier pour donner un avis mi-Février, ce n’est pas très sérieux et, je dirais même, que c’est dangereux. On ne peut pas donner un avis correct en si peu de temps. De plus, Monsieur Abdelatif, vous l’a signalé : on se pose des questions sur la représentativité. Dans cette conférence, le corps médical n’était même pas représenté. Un premier ministre a inventé le terme de gouvernance et j’ai même entendu ce mot gouvernance à l’intérieur de l’hôpital. Oublier les médecins, ce n’est pas correct et ce n’est pas réaliste.
Cela dit, nous avons donné notre avis et nous avons expliqué pourquoi il nous était impossible, juridiquement, humainement et politiquement, de voter ce texte. Certaines réponses ont été données. Vous vous doutez bien qu’elles ne nous satisfont pas entièrement, mais, au moins, ce sont des réponses. De plus, je me pose la question de l’utilité du Projet Médical de Territoire. Est-ce une vraie démocratie sanitaire ? Serons-nous écoutés ? Je tiens à signaler que la démocratie a des dangers. Avant, l’ARH était une dictature. Maintenant, on a mis en place une pseudo démocratie. Il faut faire attention car quand on donne la possibilité de parler, il faut qu’on ait l’impression d’être écouté, sinon cela peut créer beaucoup de frustrations. Et cela peut devenir très dangereux.
Alors, le SROSS a été revu. Moi aussi, je tiens à rendre hommage à Mr Delaetere et à ses collègues qui ont fait un travail remarquable. Mais il manque dans ce document un signe fort : le signe d’un rattrapage sanitaire, le signe d’une discrimination positive. Oui, je sais, ceci est évoqué dans le préambule… Mais ce n’est qu’un vœu. Or ce rattrapage est nécessaire, je dirais même plus, est indispensable. Et ce ne sont pas les conférences ou les professionnels qui le réclament : c’est la population car c’est son dû et que ce ne serait que justice. Dans un autre lieu, j’ai accusé un Préfet de non-assistance à personne en danger. Les dernières dotations par tête d’habitant ne sont, hélas, pas très encourageantes.
Alors, pour toutes ces raisons, ne voulant pas bloquer la machine et ayant la naïveté de croire un peu en la démocratie sanitaire, je m’abstiendrai sur le vote de ce document.
Résultat du vote : Pour : 8
Abstentions : 20
Contre : 1
Hervé Poher