Mesdames et Messieurs.
Le maire de Guînes, que je suis, est très heureux de vous accueillir pour l’inauguration de cette magnifique déchetterie. Mais si je suis heureux, c’est à plus d’un titre :
Heureux parce que ce type de bâtiment est devenu, pour nous tous, indispensable. Nous vivons dans une société bien curieuse. Le terme « consommation » est devenu notre maître mot. Nos aïeux, quand ils avaient la chance de pouvoir acheter un objet ou un meuble, l’entretenaient, en prenaient soin et n’avaient qu’un seul objectif : pouvoir le léguer à leurs enfants. Maintenant, on achète, on use et on jette. Et les prix de certaines marchandises sont devenus tellement abordables, que bien souvent, on achète, on n’use même pas mais on jette quand même, parce que c’est dépassé, démodé ou tout simplement parce que cela ne nous plait plus. Je pense, sincèrement, que nous allons tout droit vers la disparition des antiquaires.
Heureux aussi, parce que, aujourd’hui, nous venons d’inaugurer le 1er bâtiment, sur la zone d’activité de Guînes. Le maître d’ouvrage en est le SEVADEC qui a assumé, seul, les charges financières de cette construction. La CCTP aurait bien voulu vous aider et, d’ailleurs elle avait déposé une demande de DDR auprès des services de la Préfecture. Mais très logiquement, Mr le Sous-Préfet de Calais nous a demandé de rapporter cette délibération car nous n’avions pas la compétence. Le SEVADEC aurait très bien pu décider de retarder cette réalisation ; ce n’a pas été le cas et je tiens officiellement à vous en remercier.
Cela ne se produira plus, car comme vous le savez, la CCTP a, depuis cette
année, la compétence ramassage et traitement des OM. Si bien, que pour la
construction de la déchetterie de Licques, nous serons naturellement le
partenaire du SEVADEC.
Heureux, enfin, car dans notre démarche collective, cette inauguration est l’exemple même d’un aménagement intelligent du territoire. Il y a quelques mois, quand j’avais pris mon bâton de pèlerin pour expliquer, à ceux qui voulaient bien m’écouter, que la création d’un Pays du Calaisis, ce n’était pas inventer une structure supplémentaire .
C’était, simplement se mettre autour de la table, échanger nos idées et nos expériences et faire un aménagement intelligent du territoire, à l’échelle d’un bassin de vie.
Le SEVADEC, qui est un des nombreux outils du Pays, nous en donne la démonstration : mobilisation financière de tous pour équiper l’ensemble du territoire ; fini les petites déchetterie illégales et dangereuses pour l’environnement et possibilité pour tous nos habitants d’avoir une démarche citoyenne en fréquentant ce bâtiment et en évitant les décharges sauvages.
Il faut que dans toutes nos structures communes, nous ayons le même état d’esprit : ne pas limiter nos interventions aux limites de nos petites structures, penser mutualisation et coopération , penser partage et complémentarité entre les EPCI et entre l’urbain et le rural. C’est comme cela que nous serons pragmatiques, réalistes et efficaces. C’est la seule chose que nous demandent nos concitoyens et c’est le seul moyen, pour nous communes et intercommunalités, de résoudre certains problèmes.
Mais, il faut l’avouer, M et M, cette volonté politique coûte cher ; cette adaptation au fonctionnement de nos concitoyens coûte cher ; vivre dans une société de consommation coûte cher. C’est pourquoi, tout le monde doit savoir, doit assimiler et doit accepter que le coût du traitement de nos déchets sera de plus en plus élevé. C’est inévitable ; c’est inéluctable. La résolution du problème des déchets sera un objectif prioritaire pour la décennie à venir, au même titre que la protection de l’eau. Il faut que nos concitoyens en soient bien conscients ou alors, qu’ils ne produisent plus de déchets ou qu’ils respectent l’eau.
Et permettez moi d’émettre un avis strictement personnel ; mais résoudre ce problème en mettant les ordures dans un trou, qui obligatoirement est chez le voisin, c’est financièrement pratique, mais c’est moralement indéfendable, philosophiquement honteux et c’est une injure à l’avenir. C’est pourquoi, dans le domaine des déchets, comme dans celui de l’eau, nous devons être courageux, volontaristes et conscients de nos responsabilités.
Dans 3 jours, je pars à SOFIA pour expliquer, à nos amis bulgares les règles européennes concernant l’eau et les déchets. Et mon discours sera clair, basé sur ce que je viens de vous dire. Qu’on soit pour ou contre l’Europe, cela importe peu, mais personne ne peut nier que les fondements de la Directive européenne sur l’eau et les règles européennes sur la gestion des déchets sont basés sur des principe clairs et des objectifs logiques : éviter, dans l’avenir, toutes les bêtises que, depuis des décennies, nous avons faites. Mais un changement de comportement, ça peut prendre du temps et en attendant, il nous faut agir, trouver des solutions et investir. Agir, solutionner et investir, ça coûte cher et le principe reconnu par tous, c’est « Le pollueur et le consommateur doivent être les payeurs ». C’est pourquoi, inévitablement, tout cela coûtera de plus en plus à nos concitoyens. Je suis désolé de le répéter, mais en politique, il faut avoir le courage de ses dires et le courage de ses actes.
M et M. Permettez-moi, pour terminer, de remercier, une fois de plus, le SEVADEC et son Président pour cette magnifique réalisation, qui est la ROLL ROYCE des déchetteries. Et d’après ce que l’on dit, une ROLL ROYCE, c’est inusable. Alors, je souhaite une vie éternelle à cette belle machine.
Hervé Poher