Permettez-moi de vous signaler, qu’outre le plaisir de vous revoir, ici à Licques, en plein pays rural, ce genre de manifestation est porteur de messages, de symboles… Et, personnellement, aujourd’hui, j’y vois 3 symboles.
Tout d’abord, le symbole de l’aménagement du territoire. Ici, vous êtes à Licques ; pas à Calais ; pas à Blériot Sangatte qui est dans la banlieue de Calais ; vous n’êtes même pas à Guînes. Vous êtes à Licques, commune de 1500 habitants. C'est-à-dire que dans nos décisions, dans notre volonté d’aménager le territoire, nous faisons toujours attention au bassin de vie… Pas uniquement sur des cartes avec un crayon ou des Stabilos ! Avant, on ne parlait que de bassin d’emploi ; mais il me semble bien plus important de parler de bassin de vie, de bassin où vivent les hommes. Et je dis souvent : « Si vous voulez examiner le fonctionnement d’un territoire, ne regardez pas le fonctionnement des entreprises ; regardez le fonctionnement de son hôpital ». Tout cela pour réaffirmer que nous devons respecter le mode de fonctionnement de nos populations. Ce n’est pas pour rien que nous avons appelé un pays « Trois-Pays »… pour respecter l’identité de chacun. Et ça, dans l’aménagement du territoire, c’est important.
Deuxième symbole, le fait que nous soyons, nous élus, confrontés à des problèmes majeurs pour l’avenir… Entre autres, les personnes âgées, l’environnement et dans l’environnement, trois questions essentielles :
l’énergie… Et je ne vais pas, ici, évoquer le problème des éoliennes et vous rappeler que le président Dupilet a demandé un moratoire… Mais c’est un sujet de discussion permanent.
Second problème, l’eau. L’eau, chose essentielle pour le calaisis, pour le canton de Guînes et pour la Communauté de Communes des Trois-Pays… Sachant que nous devons respecter une directive cadre européenne et que toutes nos masses d’eau doivent être écologiquement acceptables d’ici 2015… Nous savons déjà que nous n’ y arriverons pas et que nous aurons des délais supplémentaires. L’objectif est , maintenant, de 66% mais dans le bassin Artois-Picardie, notre passé industriel et industrieux fait que nous aurons plus de travail à faire que les autres et notre objectif sera donc de 50%.
Troisième question, les ordures ménagères et les déchets… Et cela m’amène au troisième symbole : notre société de consommation.
En tant que vice-président du Conseil Général, je suis responsable de la révision du PDEDMA, le Plan Départemental d’Elimination des Déchets Ménagers et Assimilés…. Ce plan qui discute des déchets, des centres d’enfouissement technique, des incinérateurs… Et le diagnostic de cette révision a donné quelques chiffres qui sont parlants. Je vais vous les livrer.
Savez-vous que chaque habitant du département produit, chaque année 720 kilos de déchets avec 320 kilos d’ordures ménagères, ce qui va en décharge ou dans les incinérateurs ; 60 kilos d’emballage ; 50 kilos de verre ; 100 kilos de déchets verts ; 20 kilos d’encombrant et 170 kilos dans les déchetteries… On est en droit de se demander où on mettait tout cela avant… Et ce qui veut dire, aussi et surtout, que nous sommes dans une société de la consommation et du jetable. Yan Arthus Bertrand l’a dénoncé et on ne peut être que d’accord avec lui. Permettez-moi de vous raconter 2 anecdotes :
Il y a 6 mois, mon imprimante d’ordinateur est tombée en panne. Evidemment, j’ai emmené cette imprimante pour la faire réparer. Arrivé dans le magasin, j’ai constaté que je pouvais acheter une nouvelle imprimante et qu’elle me couterait moins cher que la réparation… Je suis donc sorti du magasin avec 2 imprimantes : l’ancienne qui ne marchait plus et une nouvelle. Bien entendu, l’ancienne s’est retrouvée à la déchèterie de Guînes.
Autre anecdote. Dimanche dernier, je suis tombé en panne de portable. Je suis contre les portables mais je dois avouer, qu’avec un portable en panne, j’étais un peu perdu. Lundi, je suis donc allé chez un vendeur et, bien entendu, on m’a donné un nouveau portable pour 1 euro et, figurez-vous, qu'on ne m’a même pas demandé ce que j’allais faire de mon ancien appareil…
Société du consommable et du jetable. Et cela me gêne un peu, je vous l’avoue. Car quand dans une société tous les objets sont jetables, on a tendance à penser que les hommes, aussi, sont jetables. Et cela, c’est bien troublant.
Bref, Mesdames et Messieurs. Une déchetterie, symbole de l’aménagement du territoire, dans un territoire rural, avec la notion de service public… A l’heure où pour des raisons de rentabilité on recentre la poste… Un symbole de notre société de consommation et un symbole de nos préoccupations…
Alors merci à l’Etat qui nous a donné un coup de main financier bien appréciable ; merci au SEVADEC qui va nous racheter le plus vite possible cette déchetterie… Les prêts ne sont pas chers en ce moment. Et merci à vous tous d’être venus.
Mesdames et Messieurs. C’est vrai que c’est bien plus valorisant et plaisant d’inaugurer une école… je l’avoue. Mais on peut imaginer qu’en inaugurant plein d’écoles et en y faisant des enfants éco-responsables et éco-citoyens, à terme, on pourra peut-être fermer les déchetteries… C’est sans doute une utopie, mais on peut quand même rêver.
Hervé Poher