M,M,M M……
Tout d’abord, Mr le Préfet, permettez-moi de vous souhaiter la bienvenue à Guînes, commune faisant partie de la CCTP, elle même située dans le pays du Calaisis.
C’est la première fois que vous venez dans notre ruralité. D’aucuns disent de nous que nous faisons partie de l’arrière-pays . En fait, nous sommes l’avant-pays…..Pour les gens venant du nord, nous sommes le pays qu’ils découvrent avant de pénétrer plus profondément en France. Pour les gens du sud, nous sommes le pays qu’ils découvrent avant de traverser la Manche.
Bienvenu aussi à Mr le Sous-Préfet, qui lui connaît bien nos structures et notre environnement puisqu’il nous a rendu visite bien souvent. Mes services de renseignements m’ont même appris que vous veniez, incognito, dans la commune pour y exercer des activités coupables… puisque vous sillonnez nos routes à vélo…..et sans autorisation du maire.
Merci, aussi, à tous les élus et représentants des associations, vous qui êtes venus assister à la signature de cette convention fixant les objectifs pour les Contrats d’Avenir, s’adressant aux API et aux ASS.
Permettez que très brièvement, je vous explique pourquoi nous avons accepté d’être ce que j’appellerai les maîtres d’œuvres de cette démarche.
La première raison est simple et touche la psychologie de l’élu local. En effet, vous le savez, dans la tête des gens, les mairies, les élus et à fortiori le maire sont responsables de tout …… surtout responsables de tout ce qui ne va pas.
Cela est concevable quand l’évolution des choses peut dépendre de nos compétences et de nos décisions, mais cela est très injuste quand le mécontentement touche un domaine où, très honnêtement, nous n’avons pas beaucoup d’influence. L’emploi en est un bel exemple. L’emploi et surtout, le manque d’emploi sont pour beaucoup d’élus un soucis presque quotidien avec, bien souvent, des désillusions voire des amertumes.
Autant, nous sommes contents quand nous apprenons la création d’un ou deux emplois, autant nous sommes satisfaits quand nous équipons et vendons des parcelles en zones d’activité, autant nous sommes désabusés quand on annonce 50 ou 100 licenciements. Voire plus. Et contre cela, nous nous sentons démunis. La loi du marché, la mondialisation, les délocalisations sont des arguments contre lesquels les petits élus locaux, que nous sommes, ne peuvent pas grand chose.
Alors, quand on nous propose de participer, même de façon modeste, à un processus décisionnel pour créer de l’emploi, nous ne pouvons pas refuser. Et encore moins quand cette démarche touche un public qu’on appelle défavorisé.
La seconde raison résulte d’une option prise par la CCTP. Dés 1998, nous avons voulu créer un bureau local de l’emploi, sorte de petit relais de l’ANPE. Dernièrement, nous avons opté pour la mise en place d’un CIAS, centre intercommunal d’action sociale, qui, outre les actions classiques des CCAS, s’occupera des dossiers RMI ainsi que leurs suivis. La signature de cette convention ne fait que compléter notre volonté d’être plus présents auprès des demandeurs d’emploi, auprès des familles en difficulté et d’aider les communes rurales qui ont parfois en manque de technicité pour ce genre de dossier.
La dernière raison, enfin, m’est tout à fait personnelle. Depuis des années, je dénonce régulièrement certaines décisions gouvernementales, quelle que soit la couleur du gouvernement, décisions qui limitent ou suppriment les emplois aidés. Je sais que ma franchise me vaut la réputation de ne pas aimer l’Etat. Or, c’est tout le contraire. Vous ne trouverez pas plus jacobin que moi….Et comme dit le dicton : « Qui aime bien, châtie bien. »
Car personne ne peut nier que les collectivités ou associations soient des employeurs potentiels importants, à condition, bien entendu de les aider financièrement. Et, je ne suis pas sûr que le privé soit aussi disposé à jouer ce jeu là. Mais, Mr le Préfet, je ne demande qu’à me tromper. Et , un jour comme aujourd’hui, un responsable qui a beaucoup critiqué, se doit de donner un coup de main quand les orientations changent et prennent une voie qu’il considère plus intelligente.
Voilà les raisons pour lesquelles nous avons voulu être un petit maillon de la chaîne décisionnelle. Nous ferons ce que nous pourrons, mais si cela peut aider, un tant soit peu, dans cet énorme problème que sont le chômage et l’exclusion, nous aurons fait simplement notre travail de responsable. La barre a été placée haut ; nous aurons du mal à l’atteindre…Mais là aussi, Mr le Préfet, je ne demande qu’à me tromper.
En tous cas, soyez assuré, Mr le Préfet, qu’en collaboration avec les services de l’Etat et avec les organismes compétents, nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir. C’est l’engagement que nous prenons aujourd’hui. Et comme, dans les Trois-pays nous avons une longue pratique des CDR, vous pouvez être assuré que nous tiendrons nos engagements.
Hervé Poher