Boulogne/mer. Colloque à L'ULCO
Il me revient le lourd privilège de représenter Dominique DUPILET qui est, à la fois, Président du Conseil de Rivages Manche/Mer du Nord et Président du Conseil Général du Pas-de-Calais. Mais je pense le connaître assez bien pour pouvoir vous dire, voire vous démontrer que le Président DUPILET ne souffre pas d’une bicéphalie anormale ou d’un dédoublement de la personnalité. Non, cette double présidence a été voulue, marquant ainsi une orientation politique bien définie, orientation qui va nous permettre de mettre en adéquation la réalité du terrain et l'image que nous voulons donner.
Permettez que je m’explique.
Comme toute structure, comme toute collectivité, le Département du PDC a un logo. Vous le connaissez sans doute… il est très simple : un triangle, d’où partent 3 traits que l’on peut assimiler à des flèches, le tout étant partagé entre les couleurs verte et bleue. La symbolique est évidente : un triangle montrant que ce département est un carrefour avec 3 façades :
- une façade vers l’Angleterre
- une façade vers les pays nordiques
- une façade vers la France, puisque nous faisons partie de ces départements ont cette particularité de se trouver à une extrémité du pays. Et je dis bien « une façade vers la France », car ayant été maire d’une commune très longtemps anglaise, je confirme que nous avons été envahis par la France.
Les traits obliques et ascendants confirment notre volonté de développement, d’essor, de rebonds après tous les chocs historiques et industriels que nous avons dû subir. Et pour les couleurs, le message est clair : nous avons la chance d’être, à la fois, un département riche du vert de sa ruralité, mais imbibé du bleu de la mer. Et c’est cette image que nous voulons rétablir parce que, trop souvent, vous le savez, nos départements sont caricaturés en anciens champs de bataille, victimes d’une malédiction perpétuelle, abritant toute sorte de misère ou d’affaires sordides, le tout sous un crachin permanent.
Et bien Non ! Mesdames et Messieurs, le nord de la France, ce n’est pas cela. Et c’est une des priorités des collectivités territoriales que de rétablir la vérité ; Nous sommes fiers de notre passé industrieux, nous sommes fiers de nos gueules noires et de nos terrils ; mais nous sommes tout aussi fiers de notre environnement, de nos paysages de nos espaces maritimes et de nos couchers de soleil sur la Manche. Ce n’est pas pour rien que, depuis 20 ans, le département a osé une politique volontariste de l’environnement :
- Avec l’utilisation pleine et entière de la TDENS et ce n’est pas comme cela dans tous les départements de France.
- Avec la création des zones de préemption sur tout le département
- Avec la création d’Eden 62, organisme qui gère le ENS
- Et avec cette alliance, cette mutualisation, cette synergie que nous avons créée avec le Conservatoire du Littoral, alliance et mutualisation d’une efficacité redoutable.
Et, vous le savez, nous sommes en train de mener, avec le Conservatoire, l’Opération Grand Site National des Caps… et cette opération est, elle aussi, la preuve évidente que nous avons conscience de nos richesses et de leur fragilité.
Mais vous le voyez, dans notre démarche, nous avons été très volontaristes pour préserver un environnement uniquement terrien, en omettant, par manque de compétence, vraisemblablement, ou par défaut d’expérience, une partie de notre identité : nous avons oublié l’environnement marin. Et c’est sur ce déséquilibre que nous devons et nous voulons intervenir.
Une réflexion approfondie sur notre espace marin, sur une nouvelle gestion et une préservation de la plaine maritime picarde, en liaison et en collaboration avec nos voisins de la Somme, une telle démarche et une telle réflexion sont devenues indispensables.
Ce qui fait l’image et la beauté de notre littoral, ce sont, bien évidemment, les dunes, les falaises de craie et les éperons rocheux. Mais que seraient ces espaces sans la présence de l’eau, sans la vie et l’écosystème de nos estuaires, la Somme, l’Authie et la Canche. Notre littoral, c’est aussi l’évolution permanente du trait de côte avec ses surprises et ses dangers… Et vous savez que, dans certains coins de notre région, nous sommes particulièrement inquiets… Et notre environnement, ce sont aussi nos perspectives et c’est aussi la couleur de l’eau : la couleur opale.
Mesdames et Messieurs, si le CG du PDC, si le Conservatoire du Littoral, si tous les acteurs de l’action publique veulent créer une dynamique collective et intervenir sur notre environnement marin, c’est bien parce que nous pressentons qu’il devient urgent d’agir et que nous avons appris que l’histoire de notre région et de ses habitants est intimement liée à la mer.
Si le patrimoine maritime est un des piliers de notre passé, il peut et doit rester un des piliers de notre futur. Au niveau environnemental, au niveau économique et au niveau culturel, nous ne pouvons pas faire autrement… Ne sommes-nous pas un peu des descendants de naufrageurs de côtes ?
Agir sur les 3 estuaires, revoir la gestion et la gouvernance de notre espace maritime, ce n’est pas un gadget ou un effet de mode ; c’est l’affirmation d’une volonté collective,
- volonté de préservation
- volonté de développement
- volonté d’identité.
Dans ce domaine là, comme dans d’autres, nous saurons démontrer que nous savons nous mouiller et que les naufrageurs de côtes, même s’ils sont élus, n’ont pas peur de l’eau.
Merci à vous.
Hervé Poher