Séance plénière du Conseil Général/ Hervé Poher
Ce rapport n°7 concerne le site des Caps. Nous vous proposons d’autoriser le président à déposer, auprès du ministère de l’environnement, une demande d’obtention du label Grand Site de France. De plus, nous vous proposons de finaliser une convention de partenariat pour la gestion du site, partenariat du Conseil Général avec l’Etat, la Région, le Conservatoire du Littoral, les communes, les EPCI, la chambre de commerce et la chambre d’agriculture. Tout cela dans la continuité de notre intervention sur le site, depuis 2004.
Ainsi formulé, comme vous le voyez, ce rapport peut vous sembler habituel dans son cadrage, peut paraitre classique dans sa présentation et peut apparaitre, à l’extrême, banal dans son contenu.
Or il n’a rien d’habituel, rien de classique et rien de banal.
Tout simplement parce que la délibération que nous vous proposons est porteuse de nombreux symboles : symbole d’une volonté publique, symbole d’une fierté assumée, symbole d’un amour affiché. Pardonnez-moi cette expression inhabituelle dans notre enceinte, mais j’ai cherché un autre mot et je n’en ai pas trouvé.
Aussi, permettez-moi de vous expliquer pourquoi cette démarche est, de notre part, d’abord un acte affectif avant d’être une simple démarche administrative,
Car comment ne pas être affectif quand on vous parle de beauté et de paysage, quand on évoque l’odeur de l’iode et des algues échouées, quand certains d’entre nous s’identifient, dès leur plus jeune âge, à une certaine lumière et au vent mouillé ?
Pourtant, tout cela, c’est notre Grand Site des caps.
Comment ne pas être affectif quand nous réalisons que 4000 ans d’histoire humaine sont attachés à ces lieux ? Histoire qui ne fait que rappeler que nous sommes une terre de conflits, une terre d’occupation, une terre de passage et une terre de mélange. Et c’est tout simplement pour cela que chez nous, plus qu’ailleurs, nous savons dire « Welcome ». C’est aussi cela, notre Grand Site des Caps.
Comment ne pas être affectif quand les notions d’histoire, de culture et de beauté viennent compléter ce désir d’environnement qui taquine, très légitimement, notre société… Tout cela résumé en une image : Quand les randonneurs, assis sur un blockhaus, regardent le coucher de soleil mais sont énervés par des mouettes gourmandes. Pourtant, tout cela, c’est encore notre Grand Site des Caps.
Comment être autrement qu’affectif pour expliquer avec malice que si, dans l’imagerie populaire, les vaches regardent passer les trains… Chez nous, dans une partie de notre territoire, les bovins du Blanc Nez regardent affectueusement passer les car-ferries et que les moutons en villégiature à Wimereux s’amusent des pirouettes des sky-surfeurs ? Pourtant, tout cela, c’est toujours notre Grand site des Caps.
Comment, enfin, ne pas être affectif quand nous revendiquons ce lieu qui, comme d’autres lieux dans ce département, assume le télescopage du temps géologique avec le temps humain, le télescopage de la terre avec la mer, le télescopage de Dame nature avec l’empreinte de l’homme ? Pourtant, tout cela, c’est encore notre Grand Site des Caps.
Et quand je dis « notre », mesdames et messieurs, qu’il n’y ait pas de malentendu : Notre Grand Site à nous tous, les gens du Nord-Pas-de-Calais ; Notre Grand Site un peu plus à nous, nous les habitants de ce département, parce que le blanc de la falaise, le bleu de la mer et le vert des prairies font désormais partie de notre image et sont les couleurs de notre logo, logo en forme de terril et de cap ; Notre Grand Site à nous parce que, vous le savez et nous l’avons voulu ainsi, les caps sont devenus un emblème et un fanion.
Et, auprès des gens du ministère, c’est ce message là qu’il faut faire passer ; c’est cette preuve d’amour que nous devons afficher ; une image et un texte :
« Oui, nous sommes du bout de la France ; Oui, nous sommes de ce coin de terre meurtri par les guerres et par les crises ; Oui, nous sommes du Pas-de-Calais ; Oui tout cela, mais nous en sommes fiers et nous le revendiquons. »
Monsieur le Président. Mes chers collègues. Je vous demande pardon d’avoir osé vous présenter cette délibération de façon très peu orthodoxe. Mais le sujet en valait la peine et m’amenait à l’audace.
Et dans nos fonctions de tous les jours, avouez le, ils sont tellement rares les dossiers qui nous montrent la beauté, qui nous suggèrent le plaisir et qui nous parlent d’amour.
Cette façon de faire n’est sans doute pas très conventionnelle, ni très politique, je l’avoue… Mais dans ces 2 domaines là, il faut aussi pouvoir montrer qu’on sait être différent.
Et c’est parce que nous oserons la différence que nous serons regardés,
Et c’est parce que nous oserons la différence que nous serons reconnus.
Mesdames et Messieurs. Merci de votre attention.
/ Hervé Poher