Audinghen, le 16 février 2015.
" Juste trois mots : Regrets, satisfaction et merci.
Regret car nous étions dans le bus pour visiter la Côte d’Opale. Et je me disais , tout à l’heure, que ce n’est pas nous qui auraient dû être dans ce bus… On aurait dû le « bourrer » de parlementaires et de sénateurs en particulier… Comme cela, ils auraient vu la réalité et la vérité des choses.
En effet, comme vous le savez, nous sommes en train de discuter, au Sénat de la transition énergétique. Et on parle de tout : des transports, de la nature, des travaux dans les bâtiments… Et il arrive que, de-ci de-là, on évoque la loi littorale… On a même parlé de la servitude du marchepied… Je suis sûr que vous ne savez même pas ce qu’est la servitude du marchepied. Et on entend parfois certaines bizarreries… Et notre promenade en bus aurait permis de réaffirmer quelques vérités.
Tout d’abord, réaffirmer que la loi littorale est une bonne loi… Que ceux qui ont inventé cette loi, étaient sacrément intelligents. Qu’elle nous a permis de sauvegarder nos côtes, de garder notre identité, de garder nos spécificités… et qu’il ne faut pas toucher à la loi littorale. Qu’on l’adapte, oui ! Mais ne la cassons surtout pas ; c’est une bonne loi.
Deuxièmement, nous avons vu que la notion de paysage n’était pas qu’une lubie de bobo. Les paysages font partie de notre environnement, de notre patrimoine et des trésors que nous devons préserver.
Ensuite, nos découvertes ont prouvé que le conservatoire du Littoral était un bel outil et que ceux qui l’ont inventé ont bien fait… C’est un bel outil et le conservatoire a fait du bon boulot.
Et accessoirement, nous avons aussi prouvé que les Conseils Généraux servaient, quand même, à quelque chose : quand le département a décidé d’investir dans les politiques de l’environnement grâce à la TDENS, il a bien fait ; et quand, en 2004, le Président Dupilet a décidé que le Conseil Général serait maitre d’ouvrage pour l’Opération Grand Site… On en voit le résultat.
Et que par ces actions, nous avons, nous aussi, participé au changement d’image du le Pas-de-Calais. Les gens savent maintenant que notre département, ce n’est pas uniquement un ciel gris derrière un terril avec une gueule noire… C’est aussi du bleu, du vert, des couleurs, des ambiances, des odeurs.
Moi qui fréquente un peu plus Paris qu’avant, je dois bien avouer que notre image n’est pas aussi négative que ce qu’on pourrait le croire. Bien sûr, il y a encore des clichés, mais les gens savent aussi que nous ne sommes pas que ces caricatures si souvent affichées.
Je vous dis cela, tout en reconnaissant que j’ai découvert ce site que très tardivement. Je suis natif du coin… Je suis calaisien ; Dominique Dupilet me le reproche souvent… « Tout sur le dos, rien dans l’assiette !! »… Et j’ai mis plus de 40 ans avant de découvrir que je vivais à côté d’un trésor. Il a fallu que le Parc me confie une mission sur la Grand Site… Alors que j’ai passé ma jeunesse ici… Sur la plage de Tardinghen… Et quand on revenait le soir, mes parents ralentissaient, en haut du Blanc-Nez et me disaient « Regarde Vévé. On dirait que la route tombe dans la mer… »
Deuxième mot : satisfaction. Satisfaction parce que vous êtes dans un bâtiment qui n’est pas à énergie positive, certes… Surtout quand je vois que vous avez tous le manteau sur le dos… Mais au moins un bâtiment passif.
Parce que le Conseil Général… Parce que le Grand Site… Parce que Eden 62…
Parce que le Conseil général a décidé, il y a quelques années, de faire du développement durable… Et ce n’est pas évident d’imposer du développement durable dans de grandes structures comme le Conseil général. Il faut du temps, il faut de la persévérance, il faut changer des habitudes… Mais petit à petit, le développement durable s’inscrit dans les actions du Département. Ceci en est la preuve et c’est bien.
Parce que le Grand Site… On ne pouvait pas imaginer un grand site qui ne soit pas exemplaire, avec des pistes cyclables, avec des bâtiments écologiquement exemplaires. Le Grand Site doit être la vitrine de la politique environnementale et ce bâtiment en fait partie.
Et parce que Eden 62… Outil du département ; instrument de politiques ambitieuses ; gestionnaire de tous les terrains du conservatoire… Et superbe outil d’une politique volontariste. Outil que beaucoup sont venus copier. Comme le disait Dominique Dupilet, beaucoup de départements sont venus nous voir pour comprendre comment nous avions imaginé Eden et comment nous avions utilisé la taxe départementale. Nous sommes un exemple en France.
Merci enfin. Bon anniversaire et merci au Conservatoire du Littoral. Merci car vous m’avez bien soutenu.
Cela fait 17 ans que je suis vice-président du conseil général, chargé de l’environnement. Et ce poste n’est pas toujours confortable et pas toujours facile. Il y a les zones de préemption, les expropriations, les conflits d’usage, les pressions des lobbys en tout genre… Vous voyez ce que je veux dire… Bref, ce n’est pas un poste de tout repos et cela vous forge, obligatoirement, une image de mauvais caractère…
Mais durant toutes ces années, j’ai eu un allié remarquable qui est le Conservatoire. Même quand je prenais des positions un peu dures, le Conservatoire a toujours été à mes côtés. Aucune défaillance et quand, par hasard, nous n’étions pas tout à fait d’accord, on se réunissait ; on discutait et on trouvait une solution.
D’un autre côté, pour moi, c’était bien pratique : quand une décision ne plaisait pas, je disais : « C’est pas moi … C’est le propriétaire… C’est le Conservatoire. »
Franchement, avoir un allié comme le Conservatoire, c’est rassurant et c’est très efficace.
Alors merci à vous tous. Merci au Département ; merci au Conservatoire. Continuez tous les deux votre route ; continuez à faire ce que vous faites et rappelez-vous surtout que « les petites décisions locales sont souvent plus efficaces que les grandes envolées nationales. »
Hervé Poher