Le tyran est derrière la moustache.
Un conte pour Héloïse.
Par Hervé Poher
La principauté de Ralacasquette était en fête. Une fête car cela faisait 3 ans exactement que le bon peuple avait été libéré de la dictature infâme et ignoble de l’ignoble et infâme Marcel Duvieubourg. Superpulco, grâce à son courage et son instinct animal, avait libéré la nation et l’infâme et ignoble MD avait disparu de la circulation. Il avait, d’après ce qui avait été dit, probablement émigré dans une des contrées limitrophes, le Grodurkistan ou le Malotimpan. Probablement, d’après des sources bien informées, il était dans la capitale du Malotimpan.
Ces 2 pays avaient pris la fâcheuse habitude d’accepter sur leur territoire tous les ignobles et infâmes dictateurs qui avaient été déchus, bien souvent après une révolution populaire. Au Grodurkistan, on pouvait retrouver Robert Machinchose, ancien dictateur du Tougrapardevan, infâme et ignoble tyran qui obligeait les enfants à débarrasser la table. Il y avait aussi Joseph Talépiéquisan, infâme et ignoble autocrate du Tendorpamadan, qui lui forçait le peuple à manger du fromage le matin et en particulier du maroilles. Dans la capitale du Malotimpan, habitait aussi Auguste Taféduflan, ignoble et infâme parvenu, qui avait décrété que les habitants du Cozepaleflaman devaient impérativement se nettoyer les oreilles avec des bâtonnets faits avec du saucisson de cheval. Le saucisson de cheval était une spécialité de son pays et, étant donné la crise économique, il avait eu l’idée géniale de remplacer les bâtonnets pour oreille, classiquement en bois ou en plastique, par des bâtonnets en saucisson de cheval, sans doute moins résistants et plus odorants, mais cela avait relancé l’élevage du cheval et la charcuterie locale. Et non loin de chez Taféduflan, on pouvait retrouver l’ignoble et infâme Marcel Duvieubourg, ancien dictateur de Ralacasquette qui lui, horreur des horreurs, obligeait les habitants de la principauté à regarder du football 24 heures sur 24. Bref, la principauté de Ralacasquette était entourée de dictateurs déchus.
Et ces ignobles et infâmes personnages avaient pris l’habitude de se rencontrer une fois par mois pour comploter, imaginer des contre-révolutions, fomenter des attentats ignobles et infâmes. Et chaque dictateur proposait, chacun à son tour, une vilénie. Quand vint le tour de MD, celui-ci proposa :
" J’aimerais qu’on attaque, qu’on violente et qu’on détruise à tout jamais mon ennemie héréditaire… L’horrible et monstrueuse Héloïse, plus connue sous le nom de Superpulco. C’est elle qui a provoqué ma chute et ma déchéance et je souhaite, plus que tout, me venger de façon ignoble et infâme.
- Mais on la dit invincible, répliqua Taféduflan.
- Personne n’est invincible s’énerva MD. Comme tout être humain, elle doit avoir ses faiblesses et des points vulnérables. Moi, si je ne vois pas de football, je convulse ! Elle, elle a forcément un point faible. Je le répète, personne n’est parfait et invincible. On doit trouver le moyen de l’atteindre."
C’est vrai que MD affichait une évidente rancœur, teintée d’une certaine hargne, voire une indicible haine. Sa vie avait été brisée, son avenir fracassée et ses rêves anéantis par Superpulco. Lui qui ne vivait qu’avec le foot, que par le foot, que pour le foot… Il en était privé et son quotidien était devenu un enfer. Sans foot et sans revenu. Il avait même dû emprunter 2 milliards de Groseks pour pouvoir vivre et il devait rembourser 10 Groseks par mois. La honte pour lui et il n’aspirait qu’à une vengeance légitime. Superpulco devait être châtiée et expier de façon ignoble et infâme. Son atroce souffrance compenserait peut-être toutes les demi-finales de la coupe d’Europe qu’il avait ratées.
Les autres dictateurs, ayant entendu les motivations de MD, finirent par accepter sa proposition et il fut décidé d’envoyer un espion afin de découvrir le mode de vie de Superpulco. C’est là qu’on trouverait la solution. Grace à une petite annonce parue dans « L’oreille de Malotimpan », un espion fut recruté. Il était d’origine écossaise. Bien entendu, il était petit, le teint gris, bossu, chauve et portait, évidemment, un kilt et des lunettes noires. Bref, il était ignoble et infâme comme tous les espions écossais. Son nom était Mac Quiavélique. Et dans sa famille, depuis des générations, on avait pris l’habitude d’espionner et de faire du chantage avec les gens du village : Untel parce qu’il avait fait pipi sur le rosier de madame Husson ; unetelle parce qu’elle avait mis une crotte de pigeon sur la tête du curé en train de faire la sieste. Tout était bon pour le chantage et l’espionnage était devenu comme une seconde nature… Nature infâme et ignoble, bien entendu.
Mac Quiavélique fut donc envoyé dans la bourgade où habitait Héloïse. Et nuit et jour, il l’observait, écoutait, photographiait… A son travail, au restaurant, chez elle… Partout où elle allait, Mac Quiavélique suivait et notait. Au bout de 8 jours, il savait tout d’elle et avait déjà échafaudé un scénario pour attaquer Superpulco.
De retour à Paracintéz, capitale du Malotimpan, l’ignoble et infâme Mac Quiavélique se posta sur la terrasse de son hôtel et joua « God save the dog », air de cornemuse bien connu des espions au nord du 49e parallèle. La cornemuse de Mac Quiavélique était un instrument spécial, entièrement imaginé et fabriqué par les services secrets écossais : c’était bien entendu un instrument de musique mais il pouvait servir aussi de grille-pain, de mitraillette, de photocopieuse, de sèche-cheveux et, enfin, de poire à lavement pour les espions constipés. Soufflant dans sa cornemuse comme un damné, l’écossais lança son appel aux quatre vents de la capitale. Et comme on pouvait entendre cette mélodie à 35 lieues à la ronde, les dictateurs commanditaires surent que l’infâme et ignoble espion était revenu. Avec, probablement une solution. Solution infâme et ignoble, bien entendu.
Ils se retrouvèrent à l’hôtel Efone. Mac Quiavélique présenta d’abord sa note de frais. Il avait très peu confiance dans cette bande de dictateurs en perdition. En bon écossais, il savait ce que voulait dire le mot avarice. Après avoir empoché son dû, il fit un rapport complet de son travail de surveillance.
" La dénommée Héloïse est une jeune fille qui ne semble pas avoir une vie très compliquée. Elle travaille beaucoup ; dors très mal ; va quelquefois au cinéma ; mange sans gluten ; elle adore lire les revues People et à une addiction au chocolat qu’elle consomme en grande quantité.
- Mais on ne vous a pas payé pour que vous nous sortiez des banalités, hurla MD.
- Attendez un peu… J’arrive au plus important car j’ai découvert 3 choses qui pourraient vous intéresser vous permettant ainsi d’élaborer une stratégie infâme et ignoble.
- Quoi donc ! s’écrièrent d’une seule voix les dictateurs.
- Première chose remarquable : La susnommée Héloïse n’a des pouvoirs spéciaux qu’après avoir avalé quelques gouttes de concentré de citron… Oui, je dis bien du citron ! Le plus connu, c’est le Pulco qu’elle achète en grande quantité au supermarché. Dès qu’elle pose 3 gouttes de ce précieux breuvage sur sa langue, elle se transforme, ses habits changent automatiquement, sa chevelure pousse, elle peut voler et je l’ai vue avoir une force herculéenne assez impressionnante.
- Ah s’écria MD dont les narines fumaient de rage. C’est pour cela qu’on l’appelle Superpulco ! La chienne, la carogne, l’horrible vampire…
- Deuxième caractéristique de la demoiselle : elle ne peut pas dormir sans un doudou… Un vieux doudou tout sale et qui sent le vomi mais qui lui est indispensable. Si elle n’a pas son doudou, elle tombe malade et dépérit.
- Ça ne m’étonne pas d’elle ! continua MD dont les oreilles fumaient de rage. J’ai toujours dit que malgré son âge, elle ressemble à un enfant retardé.
- Enfin, dernier point faible : elle ne peut pas vivre sans son téléphone portable. Elle l’a toujours à la main et le consulte dès que vous lui dites quelque chose.
- Pourquoi consulte-t-elle son téléphone à tout bout de champs ?
- C’est une manie sans doute. Si vous lui dites « Marcel Duvieubourg est parti en train pour Paracintéz », immédiatement, elle va chercher sur son smartphone l’âge de Marcel Duvieubourg, le nombre d’habitants à Paracintéz, l’horaire du train, le nom du chef de gare, le temps qu’il fait à Paracintéz, la pointure de la contrôleuse et l’histoire de la vie du frère de la tante du cousin du mec qui était assis à côté de Marcel dans le train.
- Ça sert à quoi de savoir tout ça ? s’étonna MD dont le crane fumait de rage.
- A rien mais ça occupe le temps et après, en société, on peut faire savant."
Taféduflan, qui était sans doute le plus infâme et ignoble de tous les dictateurs ignobles et infâmes, se leva et décréta :
" Ca y est ! on a notre stratégie de guerre. On va l’attaquer sur un triple front ! D’abord, on va lui voler son doudou… Ensuite, on va bloquer la production de citrons et, finalement, on va empêcher le téléphone de fonctionner.
- Si bien qu’elle n’aura plus de super-pouvoirs… Qu’elle ne pourra plus dormir et ne pourra plus faire la femme savante… compléta MD. Cette triple attaque est géniale, ignoble et infâme. Mais qui peut nous faire tout cela ?
- Ne t’inquiète pas ! rajouta Talépiéquisan qui connaissait beaucoup de monde dans le milieu de la mafia du football. On va bien trouver les gens qu’il faut pour procéder à ces actes infâmes et ignobles. Pour ça, il y a toujours des volontaires."
Après avoir renvoyé Mac Quiavélique, nos dictateurs organisèrent une réunion secrète, cachée et pas autorisée. Le but : trouver une équipe de crapules qui pourrait attaquer et neutraliser Superpulco le plus rapidement possible en kidnappant les objets indispensables à son pouvoir.
Talépiéquisan connaissait quelques personnes qui pouvaient convenir car elles présentaient tous les critères indispensables pour être de bons voleurs : elles adoraient le foot, étaient de mauvaise foi, jouant la comédie sans arrêt et devenant, quand on se permettait de critiquer le ballon rond, fous furieux, capables des pires méfaits. Bref, tous ces malfrats étaient ignobles et infâmes.
Le premier qui fut contacté s’appelait Kahel Mhautpé, frère ainé du célébre Mbappé. Devant le succès de son petit frère au PSG, Kahel était devenu extrêmement jaloux et était tombé dans une dérive condamnable : la débauche, les excès de vitesse, le vol dans les troncs d’église et l’assassinat de coccinelles… Il faut avouer que son niveau intellectuel n’était pas très élevé. Le deuxième vilain n’était pas mieux. Il s’appelait Mainon, cousin éloigné de Messi. Lui aussi, jaloux du succès de son parent, avait mal viré et était devenu un individu peu fréquentable : il dérobait les fauteuils roulants des personnes handicapées et les transformait en ouvre-boites. Le dernier des larrons se prénommait Jean Néralebol, lui aussi parent éloigné d’un footballeur connu : le redouté Neymar, Jean de son prénom. Bref, Talépiéquisan avait réuni la fine fleur des gens jaloux, envieux et irrécupérables.
" Es-tu sûr de tes bonshommes ? s’était interrogé MD. Ils m’ont tout l’air de 3 glandeux.
- Tu rigoles ! On ne peut pas trouver plus crapule que ces trois-là ! C’est la crème de l’infâmie et de l’ignominie. D’ailleurs, viens avec moi. On va les interroger."
Mhaupé allait être chargé de couper l’approvisionnement de citron, sous toutes ses formes. Quand on lui avait dit « Tu t’occupes des citrons ! », étant habitué à dévaliser les églises, il demanda où il pouvait trouver une église avec 6 troncs. Talépiéquisan, ayant réalisé que le cerveau de Mhaupé n’était pas plus gros qu’un demi petit pois, dut lui expliquer que le citron est un agrume ; qu’on l’utilise pour beaucoup de choses, pour fabriquer les jus en particulier ; qu’il est cultivé dans les pays ensoleillés mais qu’il est importé dans la région grâce à d’énormes tuyaux traversant plusieurs pays. Ces tuyaux qu’on appelle des citronoducs sont le cordon ombilical des usines de Pulco de tout le pays. Mhaupé, après avoir écouté sagement l’ignoble et infâme tyran, fit marcher ses 2756 neurones et décréta qu’il suffisait de bloquer le citronoduc pour paralyser toutes l’industrie du citron. Ce en quoi, il n’avait pas tort. Il exposa son plan à Talépiéquisan et expliqua qu’il allait faire sauter la conduite de citron.
" Vas, je te fais confiance… Mais dis-moi, comment vas-tu faire exploser le citronoduc ?
- Facile, mec ! Quand j’étais petit, répondit en souriant Mhaupé, j’ai entendu mon grand-père qui disait régulièrement : « A l’école, quand je devais faire des mathématiques, ça m’explosait la tête ». Et mon grand-père avait la tête dure… Alors, si ça explose la tête de mon grand-père, ça doit bien exploser un simple citronoduc.
- Alors… Qu’est-ce que tu vas faire ? demanda le dictateur un peu interloqué.
- Je vais recopier des formules mathématiques sur le tuyau et au bout d’un moment, si j’en crois mon grand-père, ça va tout faire sauter… C’est diabolique, hein ? Je dirais même plus, c’est ignoble et infâme."
Talépiéquisan leva les yeux au ciel et se tournant vers MD constata : « Je crois qu’on est mal barrés ! »
Mainon était chargé, quant à lui, de dérober le doudou d’Héloïse. Ce fameux doudou était un vieux chat en chiffon, tout raccommodé, tout sale et qui sentait le vieux cochon à poil raide. Précision : le cochon à poil raide est tout à fait différent du cochon à poil court, parce qu’il n’est pas pareil ! Le seul point commun, c’est qu’ils sentent tous les deux très mauvais, d’une odeur terrifique et paralysante qu’on pourrait qualifier d’ignoble et infâme. Donc, le doudou d’Héloïse était comme tous les doudous : il sentait mauvais. Et pour savoir où Superpulco cachait son doudou, il fallait un être à l’odorat développé, au nez inquisiteur et au flair infaillible. Il fallait donc le seul être connu pour toutes ces qualités : Salma, chien mondialement connu, excellent renifleur, dénicheur spectaculaire mais surtout connu comme étant « un grand chien péteur ». Mainon téléphona donc au propriétaire de ce célèbre chien :
" Voilà Monsieur. J’aimerais vous emprunter votre chien.
- Emprunter mon chien… Pourquoi faire ?
- Pour conclure une enquête très délicate… Et nous avons besoin d’un flair exceptionnel. Votre chien est connu justement pour son flair.
- Mais non !
- Mais si !
- Messi, c’est le footballeur…
- Et Mainon, c’est mon nom.
- Votre nom ? Pas possible !
- Mais si !
- C’est Messi ou Mainon, votre nom ! Faudrait savoir ! Moi, je ne prête pas mon chien à quelqu’un qui ne sait même pas son nom !
- Mais si ! Moi, mon nom, c’est Mainon !
- Mainon ?
- Mais si !"
De rage et devant les propos incohérents de son interlocuteur, le propriétaire de Salma raccrocha. Mainon se trouvait bien embêté car sans le champion des chiens, il lui serait très difficile de mettre la main sur le fameux doudou. Quand il expliqua son problème à Talépiéquisan, celui-ci regarda à nouveau MD et ajouta, d’un air catastrophé : « Je crois vraiment qu’on est très mal barré ! ».
Le dernier de nos voyous donc le dernier espoir, le fameux Jean Néralebol, devait s’occuper du téléphone de Superpulco. Plusieurs options se présentaient à lui : soit empoisonner Salvator Ehatraverre, grand directeur de Wikipédia ; soit faire sauter le pylône téléphonique pour empêcher la transmission des ondes ; soit trouver le moyen de mélanger du chlorure de nitrato -tomato -sulfato -grocaco de sodium aux composants métallique avec lequel on fabrique les touches de téléphone. Un tel mélange entrainait des réactions chimiques redoutables sur l’utilisateur du téléphone : les doigts, qui avaient tapé les touches, se paralysaient et étaient rongés par une sorte de lèpre caprine (maladie des chèvres de Malte) et tout cela dans d’atroces souffrances. Cette dernière pratique était la plus infâme et la plus ignoble des tortures occidentales actuellement connues.
Néralebol expliqua à Talépiéquisan qu’il avait opté pour la première solution. En effet, il avait appris que Salvatore Ehatraverre était très, très, très sensible de l’estomac. Il décida donc de crever les pneus du vélo de madame Ciboulette.
" Je ne vois pas le rapport entre le directeur de Wikipédia et cette madame Ciboulette, s’étonna Marcel Duvieubourg.
- Le rapport est évident, riposta Jean Néralebol. Le vélo de madame Ciboulette étant inutilisable, elle devra prendre la voiture pour aller travailler.
- Et alors ?
- Alors son mari Arnold Ciboulette devra aller travailler à pied… Génial hein ?
- Et alors?
- Alors, il va attraper froid…
- Et alors ?
- Alors, il va tomber malade et va devoir rester au lit… Tortueux hein ?
- Et alors ?
- Alors… C’est simple : Arnold Ciboulette est le cuisinier de la cantine de Wikipédia.
- Et alors ?
- Alors… Du coup, la cantine restera fermée… Subtil hein ?
- Et alors ?
- Alors Salvator Ehatraverre devra aller au restaurant... Bien pensé hein ?
- Et alors ?
- Alors, le restaurant le plus proche du siège de Wikipédia est « La bonne gastrite » où on ne sert que du Schmorl-bezeff. Et le Schmorl-bezeff est terrible pour les gens délicats et toujours mortel pour les gens qui travaillent dans la téléphonie. Piège diabolique hein ?"
Marcel Duvieubourg et Talépiéquisan se regardèrent catastrophés et dirent en même temps : « Je crois qu’on est très vachement trop mal barrés. »
Désespéré de voir autant de bêtises, Marcel Duvieubourg se roula par terre, trépigna des pieds et s’arracha des touffes de cheveux. Il voulait que sa vengeance soit ignoble et infâme, pouvant servir de référence dans l’histoire de la crapulerie occidento-orientale. Il décida donc de faire le boulot lui-même.
" Je ne suis peut-être pas un spécialiste de la magouille et du sabotage mais je serai quand même meilleur que ces 3 glandeux. Comment peuvent-ils être aussi bêtes alors qu’ils sont parents de footballeurs si prestigieux ?"
Les 3 crapules furent donc congédiées et partirent en râlant, promettant de se venger. C’était bien la première fois qu’on leur faisait un tel affront. MD, quant à lui, imagina une stratégie diabolique : il se déguisa en fermière, marchande de citrons. En effet, il avait appris par Mac Quiavélique qu’Héloïse fréquentait le marché tous les samedi-matins. Et le samedi suivant, quand il vit Héloïse approcher, il prit son air angélique, cacha son bazooka dans son dos, coincé dans sa jupette et décida d’apostropher la jeune femme. Pour cela, il prit un accent qu’il voulait méditerranéen mais qui, en fait, ressemblait plutôt à un accent russe.
" Demoiselle ! Toi y’en a vouloir des citrons de méditerranée ? Citrons bons pour la santé… Et pas chers."
Mais sa haine de Sulperpulco était trop forte et il ne put s’empêcher de rajouter :
" Vraiment pas chers, espèce de grosse vieille limace vermoulue de la tête !"
Il était rare de voir une vendeuse de citrons parler ainsi à une cliente. Du coup, Héloïse fut intriguée et examina de plus près la fameuse fermière. Et immédiatement, elle eut un doute. En effet, la fermière qui lui proposait des citrons était une bavaroise… Et en bavière, il ne pousse pas de citron. De plus, son accent était russe… Et la Russie ne donne pas sur la mer Méditerranée. Enfin, cette fermière avait une grosse moustache noire bien touffue entre deux tresses blondes … Or il est quand même rare que les femmes portent la moustache… Sauf les portugaises mais les portugaises bavaroises, ce n’est pas courant. Héloïse regarda dans les yeux la fermière moustachue et lui dit :
" Tu m’as traitée de grosse vieille limace ?
- Oui ! ne put s’empêcher de crier MD.
- Et en plus, tu as dit que j’étais vermoulue de la tête ?
- Oui, oui et encore oui, hurla-t-il d’un air infâme et ignoble.
Héloïse, de plus en plus troublée, dégaina son smartphone et tapa sur google : « Fermière bavaroise moustachue ». Immédiatement le moteur de recherche l’orienta vers wikipédia qui afficha : « Vend-elle des citrons ? ». Héloïse répondit naturellement oui. Immédiatement, le smartphone se mit à chauffer, a vibrer, à émettre des sons bizarres et sur l’écran, on pouvait voir clignoter, en rouge, « Alerte Générale ». Puis, après quelques secondes, le smartphone afficha :
« La fermière bavaroise à moustache, plus connue sous le pseudonyme de « La gretchen poilue » est un des déguisements préférés des dictateurs, tyrans et autocrates du monde de l’est. Les règles d’utilisation de ce déguisement sont très strictes et codifiées : S’il vend des pastèques, c’est qu’il est fan de rugby ; s’il propose des figues, c’est qu’il pratique la pétanque ; s’il vend des citrons, c’est qu’il adore le foot. Mais dans tous les cas, retenez un principe : le tyran est derrière la moustache. »
Ni une, ni deux, Héloïse réalisa qu’elle était en face d’un dictateur, probablement Marcel Duvieubourg. D’un geste rapide comme l’éclair, elle saisit un citron, le fit éclater et le porta à la bouche. MD, décontenancé par cette réaction, s’écria :
" Au voleur ! La nénette me vole un citron. Appelez la garde civile !"
Mais il n’avait pas vu qu’Héloïse s’était transformée et que devant lui, il avait maintenant Superpulco, la divine libératrice. Les yeux de Superpulco se mirent à briller et envoyèrent un rayon laser qui brula la moustache de MD. Puis, d’un coup de pied, elle fit éclater la poitrine de la fausse fermière, la poitrine étant faite de ballons de foot remplis d’huile de ricin. Pourquoi de l’huile de ricin ? Parce que l’odeur de cette huile est, comme tout le monde le sait, ignoble et infâme. Devant cette odeur insupportable, Superpulco recula et MD en profita pour sortir de sa poche une petite boite en bois. Il l’ouvrit et Superpulco fut assaillie par des sauterelles… Mais pas n’importe quelles sauterelles : des sauterelles cannibales à 9 pattes, le plus terrible des insectes guatémaltèques. Cette ruse était infâme et surtout ignoble. Mais Superpulco avait plus d’un tour dans son sac à dos. Elle sortit un vieux morceau moisi de reblochon, arme suprême contre les sauterelles à 9 pattes. Le vieux morceau de reblochon moisi a, en effet, la même odeur que l’humain qui ne s’est pas lavé pendant 2 mois. Et ça, MD ne le savait pas ! Immédiatement, les animaux voraces, croyant être en face d’un morceau de viande humaine, se précipitèrent sur le fromage, le dévorèrent et, au bout de quelques secondes, s’endormirent et tombèrent sur le sol. La partie semblait jouée.
Superpulco, débarrassée des insectes, prit son élan et attrapant MD par les cheveux, s’envola vers l’horizon. MD se débattait, criait, injuriait mais rien n’y faisait : la vengeance de Superpulco se devait d’être terriblement ignoble et infâme. Et elle le fut…
Arrivée au-dessus de la fosse à purin de la ferme gouvernementale où on élevait des milliers de cochons, elle lâcha le dictateur qui alla s’enfoncer dans la masse brune malodorante. Et comme par hasard, comme quoi le monde est bien fait, les 3 glandeux étaient à côté de la fosse à purin. Ils virent avec plaisir MD s’enfoncer dans le purin ; seule la tête dépassait. Mhaupé, entrainant les autres, commença à lancer sur le crâne de MD des œufs pourris et des tomates fripées. Mainon, quant à lui, jetait des rondelles de saucisson sec. Pourquoi des rondelles de saucisson ? Parce qu’il n’aimait pas les œufs ou les tomates et il n’avait sous la main qu’un sandwich au saucisson. Ainsi fut puni de façon infâme et ignoble Marcel Duvieubourg, ennemi mortel de Superpulco.
Sa vengeance accomplie, Héloïse rentra chez elle en se disant que MD avait reçu une bonne leçon. Elle fit l’analyse de ce qui venait de se passer, d’autant que les 3 glandeux étaient venus lui raconter leurs déboires avec MD. Elle réalisa ainsi qu’elle avait quelques points faibles ; or un super-héros ne peut pas avoir de points faibles : Si elle perdait son Pulco, elle perdait ses pouvoirs ; si elle perdait son doudou, elle perdait le sommeil ; si elle perdait son smartphone, elle perdait sa raison de vivre… Elle partit donc se coucher en emmenant une bouteille de Pulco, son vieux doudou et son smartphone. Au moins, dans son lit, on ne les lui volerait pas.
Même à Hollywood, il n’aurait pas pu inventer une si belle histoire car Superpulco est vraiment bien plus forte que Iron Man, Captain America, Thor, Hulk, Black Widow, Spider-Man, Black Panther et Captain Marvel tous réunis !
Hervé Poher dit "Papy Guines"