M,M,M
Permettez-moi, tout simplement de vous souhaiter la bienvenue, pour cette cérémonie classique, rituelle et très symbolique que l’on appelle : « Les médaillés du travail. ».
Il est de bon ton, chaque année, de parler, dans un premier temps, de l’emploi, de la conjoncture économique et des grands sujets qui préoccupent la population, les décideurs et les politiques. Dans un second temps, il est de coutume de vous donner des nouvelles de Guînes et du marché local de l’emploi. Et bien cette année, je respecterai ces règles, mais vous le verrez, je serai beaucoup plus bref… Je me dois d’être plus bref.
Bref, parce qu’il fait beau dehors et qu’il serait idiot de rester enfermé ; bref, parce que je me suis souvent exprimé sur ces sujets et qu’en ce moment, tout le monde en parle…Et en particulier, 2 candidats à la présidence de la république. Vous comme moi, nous entendons beaucoup parler de délocalisation, de libéralisme, de parachute doré…..
Mais tout le monde est d’accord pour dire que délocaliser, ce n’est pas bien (mais certains vous disent qu’on ne peut pas faire autrement…) …Pourtant, on ferme, en France, des usines qui gagnent beaucoup d’argent et elles sont reconstruites en Asie, là où on peut en gagner encore plus. Et le pire, c’est que quelquefois, ces entreprises ont reçu des subventions publiques pour pouvoir conforter leur activité en France…
Mais tout le monde peut avoir un sentiment d’incompréhension en constatant l’évolution de cette société, de grand libéralisme et de grand individualisme, basée uniquement sur le profit, sur la spéculation et sur la bourse (mais certains vous affirment qu’on ne peut pas faire autrement…) Quand vous dites le mot Dividende, certains vous répondent: « Il n’y en a pas assez ! ». Si vous dites le mot Solidarité, beaucoup vous répondent : « On en fait de trop. »
Mais chacun d’entre nous peut être stupéfait quand il apprend qu’un Monsieur, dénommé Noël Forgeard a touché 8,5 millions d’euros pour le remercier d’avoir mal travaillé, et d’autres choses encore, et que les employés d’Airbus, la même entreprise, vont recevoir 2, 80 euros de participation pour les remercier d’avoir bien travaillé… Où est la logique ? Mais certains vous affirment que c’est comme cela que ça ce fait dans les grands pays capitalistes et libéraux…
Alors, sincèrement, je finis par croire que beaucoup d’entre nous sont devenus obsolètes, démodés et ringards.
Obsolètes, parce que nous ne sommes pas des adorateurs du grand capital ; démodés, parce que nous pratiquons encore à la solidarité ; ringards, parce nous croyons plus aux revenus du travail qu’aux revenus de la bourse… on pouvait penser, naïvement, que la société française avait trouvé un juste équilibre entre l’initiative privée qui était là pour créer la dynamique et la puissance publique qui était là pour réguler, pour répartir, pour créer de la solidarité.
Nous le pensions et c’est d’ailleurs sur ces principes que nous avons construit, les uns et les autres, à tous les niveaux, des tas de structures et des tas de processus qui font l’image et la spécificité de la société française.
Même à notre petit niveau, c’est comme cela que nous procédons… Prenez un seul exemple : La CCTP. La CCTP ne prélève pas l’impôt… Vous, habitants de Guînes, vous ne payez pas d’impôts à l’intercommunalité ; la CC ne vit que grâce à la Taxe Professionnelle des entreprises qui sont sur le territoire. L’activité économique privée amène donc de l’argent ; si l’économie marche bien, c’est un plus pour tout le monde. Si cela ne va pas trop bien, comme aujourd’hui avec Desseilles, tout le monde se serre la ceinture….
Et cet argent sert au territoire, à faire des politiques publiques… Et en particulier, à faire de la solidarité. Et cette notion de solidarité, elle est partout. C’est de la solidarité quand on fait des haltes garderies, dans des maisons de l’enfant, sur tout un territoire, pour garder vos enfants ou vos petits enfants ; c’est de la solidarité quand on met en place le taxi vert, pour aider les gens qui n’ont pas de moyen de locomotion; c’est de la solidarité quand on crée un Centre Intercommunal d’Action Sociale, avec ses épiceries sociales, pour aider les gens qui ont des difficultés ou qui sont dans une mauvaise passe; c’est de la solidarité quand on fait des travaux de lutte contre les inondations, certaines communes se sacrifiant pour aider les autres.
Et ça, c’est la puissance publique qui fait de la régulation et de la répartition. Et, vous le savez, toutes ces actions coûtent de l’argent à la collectivité, c'est-à-dire à nous tous, mais c’est une des missions du service public, c’est un des devoirs de l’état et des collectivités. Du moins, c’est toujours ce que j’ai cru… Et que je crois encore, malgré tout ce qu’on entend. Pour moi, le dynamisme économique et la solidarité publique sont étroitement liés. On peut rêver d’un paradis où la solidarité ne serait plus nécessaire, c'est-à-dire que tout le monde serait en bonne santé, aurait un emploi, un salaire décent et n’aurait besoin de rien… Mais vous le savez, ce n’est qu’un rêve… Et ce n’est vraiment qu’un rêve car vous avez beau être riche et puissant, cela ne vous empêchera pas de vieillir et de tomber malade, comme tout le monde, pour finir dépendant en ayant besoin de la solidarité nationale.
Je vais m’arrêter là… Non pas que j’ai épuisé le sujet, mais simplement parce que vous devez, du moins je le pense, être saturé, comme nous tous, de discussions, considérations et confrontations à la télé, à la radio, dans les journaux…. Bref, partout, on nous rappelle que nous sommes en campagne électorale et l’économie est un des grands sujets de polémique. Puisque la mode est au déterminisme génétique, je dirais que le consensus, ce n’est pas dans les gènes du français… Par contre, la discussion et le désaccord, sont typiquement héréditaires depuis que la gaule a été créée.
Un dernier mot sur les problèmes locaux. Le rachat et la réorganisation qui ont frappé l’usine Desseilles ont traumatisé notre collectivité. Mais ce traumatisme n’est rien par rapport à l’incertitude, voire la désespérance qui touche, maintenant, certains de ses anciens salariés qui sont au chômage. Permettez-moi de leur rappeler toute notre solidarité.
Notre zone d’activité se remplit, petit à petit… C’est un bon signe, et le processus va continuer, mais ne nous faisons pas d’illusion : le Calaisis a un taux de chômage de prés de 16%, le plus haut du NPDC, et nous sommes comme les autres communes… Malgré notre bonne volonté, nous devons subir. J’espère, très sincèrement, avec encore un zeste d’espoir et un soupçon d’utopie, que les mois, voire les années qui viennent pourront nous redonner l’espoir d’une dynamique loco-régionale créatrice d’emplois.
Mais, aujourd’hui, nous sommes réunis pour fêter le travail et honorer les travailleurs. En fait, le 1er mai n’a pas été institué, pour fêter le travail mais pour commémorer la lutte des travailleurs afin d’obtenir des droits et des avantages au sein de l’entreprise. Mais, au fil des ans, la commémoration des luttes est devenue la fête du travail. Et bien entendu, pour fêter le travail, on ne travaille pas… Alors que cette journée de soleil soit
- pour tous ceux qui vont être décorés une journée de joie et de fierté,
- pour toutes les familles des récipiendaires une journée de fête
- et pour tous les autres une journée de brocante. Pour information, je vous signale que tout ce que vous dépensez à la brocante n’est pas remboursé par la sécurité sociale….
Merci à vous tous.
Hervé Poher