La princesse aux cornichons.
Conte pour Louise
Dans un palais de cristal, là-haut, plus haut que les nuages et juste à côté du soleil, vivait une jolie princesse. Son nom était Louise. Elle était belle comme un jour de printemps ; ses cheveux sentaient la rose et ses yeux ressemblaient à de petits diamants. Quand elle chantait, on avait l’impression d’entendre le vent caressant le petit ruisseau et du coup, tous les oiseaux du royaume se taisaient.
Quand elle dansait, ses petits escarpins semblaient ne pas toucher le sol. Quand elle dormait, les étoiles veillaient sur elle et le vieil hibou du marais répétait toute la nuit « Loulou… Loulou…Loulou ! »
Son père était un grand roi, fort et juste. Sa mère était une reine, douce, prévenante et tout le monde l’aimait. Le royaume était grand, plus grand que l’océan et le peuple respectait le roi et son épouse. Mais la princesse Louise ne savait pas comment était ce royaume car, depuis sa naissance, elle n’était jamais sortie du palais.
Elle ne connaissait du monde extérieur que ce que sa maman et Joseph, le jardinier voulaient bien lui raconter.
Mais malgré l’amour de ses parents et l’amitié de Joseph, la princesse était pleine de curiosité et elle voulait voir comment était ce royaume et comment étaient les gens qui allaient devenir ses sujets.
Un jour, elle prit son courage à deux mains et osa demander à son père :
« Dites-moi Papa ! Est-ce que je peux sortir du palais pour aller voir les gens de votre peuple ? Si un jour, je dois devenir reine, il faudrait quand même que je sache comment vivent ces gens.
Non ! Il n’en est pas question ! répondit le roi. Tu ne peux pas sortir : Tu ne connais pas les gens et les gens ne te connaissent pas. Tu dois rester dans le château. Ton peuple, tu le rencontreras quand tu seras plus grande… C’est toujours comme ça ! Et n’insiste pas !
Louise était bien triste ; elle ne comprenait pas pourquoi elle ne pouvait pas sortir. Elle aurait tant aimé voir les animaux de la ferme, courir dans la prairie, jouer avec les enfants de son âge, se faire des copains et des copines. Mais le roi, son papa, ne voulait pas. Et elle devait obéir.
Un autre soir, elle décida, quand même, de demander la même chose à sa maman, la reine. Mais la réponse fut la même : « Non, Louise, tu ne dois pas sortir ; tu es encore trop petite… Patiente encore un peu. Tu es une vraie princesse et une princesse, ça doit être protégée.»
Le lendemain, pensant à tout cela, elle ne put s’empêcher de pleurer un peu. Et quelques gouttes d’eau, comme de la pluie, coulèrent sur ses joues.
Joseph qui venait d’arriver demanda :
« Pourquoi pleurez-vous Princesse ?
Parce que mon Papa et ma maman ne veulent pas que je sorte du palais. Et moi, je veux sortir du palais ! Je ne connais pas mon royaume ; je ne connais pas mes sujets ; je ne connais rien et un jour, je deviendrai reine ! Reine de quoi ? Je ne sais pas.
Ne pleurez pas Princesse, répondit Joseph. Vous n’avez pas besoin de sortir du palais pour connaitre la plus belle partie de votre royaume. Ce qu’il y a de plus important est à côté, juste à côté.
A côté ? s’étonna la princesse.
Oui, juste à côté. Ne pleurez plus princesse et venez avec moi.
Et Joseph prit la main de la princesse et l’emmena dans le parc. Dans un coin du parc, tout là-bas, juste derrière la forêt. Un endroit où la princesse n’était jamais allée.
Et là, elle découvrit un monde merveilleux : un potager… Un énorme potager avec mille couleurs, du rouge, du vert, du blanc… Des salades, des courges, des navets, des poireaux, des pommes de terre, des haricots, une multitude de choux et plein de légumes aux formes bizarres.
« Voilà, Princesse, expliqua Joseph. Ceci est votre royaume et tous ces légumes sont vos amis. Il suffit de leur donner un peu d’eau, un peu d’amour et beaucoup d’attention. Si vous êtes gentille avec ces sujets-là, un jour, ils vous serviront fidèlement et, un jour, ils vous rendront service ; j’en suis sûr. »
Et la princesse Louise avança dans le potager.
Le gros concombre salua : « Bonjour Princesse ! » ; des centaines de petits haricots blancs s’écrièrent : « Youpi, voilà enfin la princesse ! » ; Une vieille carotte toute emplumée de verdure affirma : « Depuis le temps qu’on vous attendait, noble demoiselle… ». Une grosse laitue, un peu jalouse, leva les yeux au ciel en disant : « Je suis aussi belle que cette jeune fille ! ». Louise se promena dans le potager pendant des heures et tous les légumes la saluaient, la complimentaient et lui disaient qu’elle était la seule et vraie reine pour eux.
La nuit tombant, Joseph lui demanda de retourner au palais. « Mais avant, lui dit-il, je vais vous montrer vos sujets les plus amusants. »
Et il l’emmena au carré des… cornichons. Quand ils virent la princesse Louise, tous les cornichons se mirent à chanter, danser et rire. Ils criaient, sautaient, lui envoyaient des baisers… Les cornichons remuaient tellement que Joseph avait peur d’un tremblement de terre. Et Loulou était bien contente d’avoir autant d’amis.
Quelques jours plus tard, le Roi et la Reine ont dit à Loulou :
« Ma petite Princesse. Nous devons aller là-bas, près du soleil, pour trouver la recette des baisers. Alors, tu vas garder le royaume pendant notre absence. »
Loulou était un peu inquiète mais comme Joseph, le jardinier restait là, elle se dit que rien ne pouvait arriver. Et de toute façon, elle avait ses amis la grosse laitue, les carottes rieuses, les navets ronchonnants et des centaines de gentils cornichons.
Mais quelques jours plus tard, alors que le roi était absent, l’armée des Coques attaqua le royaume. Ils étaient vilains ces coques. Et ils étaient dirigés par le chef Strepto et le sous-chef Staphilo. Ils étaient vilains et très méchants.
« On veut prendre le royaume » disaient-ils.
Quand ils arrivèrent dans le royaume, ils coupèrent les arbres, brulèrent les maisons, cassèrent tous les jouets. Les pauvres gens avaient peur et fuyaient vers le château pour être protégés. Mais la princesse Loulou était toute seule et ne savait pas quoi faire. Elle demanda conseil à Joseph.
Et le vieux jardinier, plein de sagesse lui dit : « Allez donc au potager, Princesse. Vos amis les légumes vous donneront, surement, de bons conseils. »
Et la princesse courut au potager. Ses amis les légumes écoutèrent son histoire et à la fin, très calmement, le chef des concombres lui dit :
« Ne vous affolez pas Princesse ! Les coques sont peut-être méchants mais on peut les battre facilement. Il suffit de vous servir de nous. Et nous sommes là pour ça. Allez donc manger quelques carottes, un peu de chou, de la salade, 5 ou 6 poireaux et tout plein de cornichons. Vous serez pleine de vitamines et pleine de force… et vous écraserez tous les coques. »
Et la princesse, parce que le grand concombre le lui avait dit, mangea des carottes, de la salade et beaucoup de cornichons. Et tous ses amis légumes étaient heureux d’être avalés mais de lui rendre service.
Et le soir même, toute seule, elle alla se battre contre les coques. Elle était forte et résistait à toutes les attaques. Elle tapait sur les coques, mordait les jambes des coques, coupait les oreilles des coques, arrachait les cheveux des coques et finalement, les coques s’en allèrent, impressionnés par la force de cette princesse, bourrée de vitamines grâce aux légumes.
Quand le roi et la reine revinrent, les gens racontèrent ce qui s’était passé. Et le roi décida que le chef des concombres aurait une médaille, que la princesse pourrait régner toute seule sur tous les potagers du royaume et que le cornichon serait désormais un légume sacré …
Et que la princesse Loulou, serait, pour toujours, la princesse aux cornichons.
Et ne cherchez pas dans les livres d’histoire…. Vous ne trouverez pas la Princesse aux cornichons… Elle n’existe que dans nos cœurs…
Papy Guînes
FIN
DE
L’HISTOIRE