Inauguration de l'exposition à la Tour de l'Horloge.
Un petit mot, pour commencer, sur ce qui a été évoqué par Marc… Sur certains événements récents qui nous ont un peu contrariés. A ses propos, j’ai bien senti qu’il était en train de subir une transmutation : je crois qu’il devient de plus en plus viking et qu’il est en train de prendre mes mauvaises manières : il fout des coups de hache quand il croit que c’est justifié et, en plus, ça le soulage…
Alors, je lui dis, à lui et à tous mes amis Guînois : Restez calmes, restez sereins et ne retenez que 3 choses essentielles
1) Qu’il y a, dans la vie, des choses bien plus graves que les vicissitudes électorales.
2) Que la duplicité a toujours fait partie du fonctionnement politique… Regardez Henry VIII, François I et Charles Quint… Et ceux qui oublient ce principe sont des naïfs… Moi, sans doute, le premier !
3) Que les maximes et les dictons populaires finissent toujours par se réaliser… La semaine dernière, je suis parti pour faire un câlin avec ma fille et mon petit-fils et en arrivant à Montpellier, sous une canicule de 40° et sur le quai de la gare, j’ai vu une publicité qui disait : « La vengeance est un plat qui se mange glacé ! ». Je ne sais plus si c’était une publicité pour un ice-cream ou pour un réfrigérateur…
Mais puisque ça se mange glacé, nous avons le temps et nous avons le temps de nous occuper de ce qui est vraiment important… Les malfaisants faisant partie de l’accessoire… L’important, aujourd’hui, c’est la Tour.
Très rapidement, juste quelques mots… Quelques mots parce que
- l’émotif a déjà été exprimé
- le savoir a déjà été expliqué
- et le dévouement désintéressé a déjà été exposé
Et puisque les choses essentielles ont été dites par les autres, permettez-moi simplement d’avoir quelques propos d’ancien combattant… car cette belle aventure de la Tour, cette belle histoire du Camp du Drap d’or et de cette belle imagerie qui se superpose à la ville de Guînes depuis quelques années… Bref, tout cela m’a accompagné depuis mes premiers pas en politique.
La première manifestation à laquelle j’ai eu l’honneur d’assister en tant que conseiller général, c’était bien le baptême d’Henry VIII le Guînois, notre géant.
Et tout cela, tout ce que nous fêtons aujourd’hui, ce n’est que le résultat du hasard, d’une rencontre entre une dynamique locale, la volonté de gens passionnés et un besoin politique.
Je m’explique.
En 1994, lorsque j’ai été élu au Cg, puis en 1995 à la mairie, une évidence c’est imposée à nous, les élus de la commune : nous avions un déficit d’image ou même, la seule image qui marquait les gens, c’était le guînois bagarreur dans la rue, dans les bals et surtout sur les terrains de football.
Indéniablement, nous étions en manque d’une reconnaissance et il semblait indispensable d’imaginer une représentation symbolique, de forger un aperçu de l’histoire guînoise et d’offrir à tout le monde ce qu’il y a de plus accessible : une image, une image mémorisable, une image simple de notre commune.
Et c’est là que le hasard et les circonstances se sont mêlés pour notre plus grand bien.
En effet, à partir des années 90, quelques passionnés d’histoire et d’histoire locale avaient commencé à formater une image historique. Le premier d’entre eux, c’est évidemment Eric Buy qui a pu travailler sous l’œil bienveillant de Monsieur Warnault, aussi passionné que lui et qui était maire à l’époque. Cérémonie pour une bombarde, création de l’association du Camp du Drap d’Or, 1er prix du concours Eurotunnel et le baptême du géant… Bref, pas besoin d’être alchimiste pour transformer cette dynamique locale en un outil de communication. Et cette dynamique locale ira même jusque la construction d’un bâtiment…
Mais connaissant bien nos compatriotes et sachant qu’on n’attire pas des mouches avec du vinaigre, nous avons, je dois l’avouer, construit ce concept en trichant un peu : notre image est un peu un melting-pot historique avec :
- Un peu de la Tour de l’Horloge,
- Encore un peu de Blanchard et Jeffries (histoire de s’envoyer en l’air)
- Un « peu beaucoup » de vikings pour que ce soit bien sanguinolent,
- Et « beaucoup beaucoup » de Henry VIII pour qu’il y ait du sexe et de la bouffe…
Et ça a marché. Au grand désespoir des puristes et des vrais historiens, nous nous sommes, en une décennie, identifiés à tout cela… Et l’élu que je suis, encore plus que les autres : l’image de viking, me colle à la peau ; l’image de la bouffe, commence à me coller au ventre… Pour le sexe, permettez que je reste discret… En tout cas, je n’ai pas encore coupé de tête !!!
Et c’est parce que nous avons appréhendé cette démarche par le côté imagerie populaire, par le côté trivial, voire même par le côté carabin qu’aujourd’hui, on peut se permettre, on doit se permettre d’inaugurer et de montrer autre chose : avec ce qui est exposé, nous franchissons un cap. Et c’est un cap important.
Bien sûr, on ne renie pas la rage des vikings ou les plaisirs d’Henry VIII, mais on vous rappelle que le 16ème siècle était aussi l’époque de la beauté, du raffinement, de la renaissance, du génie avec Léonard de Vinci et de l’humanisme avec Erasme… Et tout cela fait partie, aussi, de notre histoire. C’est peut-être moins « rigolo » que le sang, le sexe et la bouffe, mais c’est tout à fait complémentaire dans l’identification locale et dans l’identification de nos concitoyens.
Alors merci à tous. Merci à la Région, au Conseil Général, à la Mairie, à la CCTP, à tous ceux qui nous ont aidé, au fil du temps, à inventer notre belle histoire ; merci aux membres du Camp du Drap d’or, à Vincent, au personnel de la tour et à tous ceux qui ont fait, font et feront partie de cette aventure collective.
Comme l’a dit Marc, il y a de quoi être fier du résultat. Quand on parle de Guînes, maintenant, les gens savent où c’est et pas uniquement où se trouve le terrain de foot.
Aujourd’hui, par cette nouvelle étape de la Tour de l’Horloge, nous avons voulu rappeler qu’à Guînes il y a peut-être des vikings mais que contrairement à la croyance populaire, les vikings savaient être humanistes avec des principes, une morale et un sens de l’honneur… Ce qui n’est pas donné à tout le monde… vous êtes bien obligés de le reconnaitre.
Hervé Poher