Vendin-lès-Béthune/ obsèques de Claude Junique
Claude.
J’avais quelque chose à te confier et comme j’étais loin, je n’ai pas pu le faire… Et aujourd’hui, Evelyne m’a demandé de dire un petit mot. Je le fais mais cela n’aura pas été préparé. Alors, ne m’en veux pas mais je ne parlerai pas avec mon cerveau ; je parlerai avec mon cœur.
Il y a un an, quand tu as appris que tu étais malade, que la grande faucheuse allait passer plus tôt que prévu, tu as décidé de tout régler, de tout organiser, d’en parler à tout le monde et d’être digne. Bref, tu étais Claude Junique et dans Junique, il y a le mot unique… Nous en avons discuté et, un jour, je t’ai dit que tu avais le droit d’avoir peur et qu’il n’était pas honteux de le montrer. Tu m’as répondu que tu ne comprenais pas ma réflexion et que tu allais faire ce que tu avais décidé. C’est normal… Tu es Claude Junique. Mais c’était mon devoir, en tant que médecin et en tant qu’ami, de te dire cela. Cela te montrait simplement qu’il y avait une autre porte, une autre attitude possible et que si tu avais peur, que si tu voulais le montrer, personne ne t’en voudrait.
Et quand je t’ai eu au téléphone, il y a 10 jours, tu m’as dit : « Je veux partir dignement… » et tu as ajouté « C’est comme toi, Hervé. Tu ferais ça aussi… comme je te connais… » Et je t’ai répondu que je n’étais pas si sûr de cela, que bien souvent les actes ne correspondent pas aux paroles.
Alors, je ne vais pas évoquer ta vie, le parcours professionnel, le bout de chemin que tu as fait avec moi, avec nous… Tout cela n’intéresse personne et ce qui nous intéressait, c’était toi, ta barbe et tes lunettes.
Tu as voulu un enterrement civil… C’est normal, tu es Claude Junique. Mais je suis sûr que tu es comme moi : en vieillissant et quand on devient grand-père, on se pose des questions… « Il y a-t-il quelque chose après ? ». Eh bien, vois-tu, je suis à peu près sûr qu’il y a quelque chose et que le Bon Dieu, s’il est intelligent, va savoir utiliser tes compétences. A mon avis, tu vas t’occuper de ses moutons et peut-être de ses poissons… Car il y en a surement, là-haut.
Alors Claude, un dernier conseil : laisse-toi pousser les cheveux et la barbe. Tu finiras par ressembler à Saint Pierre et ce serait pas mal.
Et puis, de là-haut, rends nous un dernier service : surveille les inondations. Je crois que tu es bien placé…
Alors Claude. Merci de tout ce que tu as fait ; merci de tout ce que tu as dit ; merci, simplement d’avoir été ce que tu as été, c'est-à-dire Claude Junique.
Tchao Claude et bon voyage.
Hervé Poher