Mesdames et Messieurs.
Monsieur Gavelle, vous avez été direct ; permettez-moi d’en faire autant. En soulignant 3 points qui me semblent importants.
Tout d’abord, la difficulté qui est mienne quand on est, comme moi, porteur de 2 casquettes : je suis vice-président du Conseil Général et je le représente aujourd’hui, mais je suis aussi le président d’Eden 62, outil du département pour une politique environnementale. Et il y a 2 jours, nous étions juste à coté pour inaugurer la Dune Noyon qui était, avant, un espace de chasse et qui est désormais un espace naturel ouvert au public. Et aujourd’hui, nous inaugurons des huttes de chasse… Et les 2 espaces se touchent.
Comprenez mon problème. J'ai été élu à la présidence d'Eden en 1997. Quelques mois après, Nord Nature titrait dans sa revue: "Poher vendu aux chasseurs."... Et il y a six mois, les chasseurs disaient: "Poher, vendu aux écolos." Cette situation peut être parfois inconfortable mais je l’assume entièrement. Et mon seul devoir, mon seul but, c’est de faire cohabiter les traditions locales et la préservation de l’environnement et de la biodiversité. Mais je dois bien avouer que, de temps en temps, je dois faire le grand écart.
Deuxième point qui sera une anecdote. En 2000, l’état avait décidé de réattribuer la gestion des réserves naturelles, Baie de Canche et Platier D’oyes. Eden était le gestionnaire depuis des années et comptait bien le rester. Mais, à l’époque, la tendance gouvernementale était de confier ce type d’espaces à de grandes associations nationales ou internationales. Et le Préfet nous a alerté qu’il semblait que la gestion de Oyes-Plage allait être confiée à la LPO, ligue protectrice des oiseaux. Etant donné les relations entre la LPO et les chasseurs, ce dossier pouvait être explosif ! De plus, Eden 62 perdait la gestion du platier. Avec le préfet, nous avons donc imaginé une gouvernance originale : Eden 62 pouvait être en association avec la LPO pour une gestion commune et bicéphale. Eden servait de caution pour la LPO auprès des chasseurs. C’était une première en France.
Un mois après, avait lieu, à Ambleteuse, le congrès de la LPO. Nous en avons profité et, un soir, nous sommes allés chercher le directeur de la LPO pour l’amener, en voiture, jusque la préfecture, à Arras. Nous entrons de façon très discrète chez le préfet et là, pendant 2 heures, nous avons imaginé la nouvelle façon de travailler, qui fait quoi et comment nous pouvions présenter les choses. Affaire difficile mais parfaitement faisable… si tout le monde faisait un effort.
Huit jours après, en direct sur TF1, que voit-on ? Monsieur Bougrain-Dubourg, président de la LPO, qui voulait s’enchainer à une hutte, était sorti par les gendarmes et les CRS… Bref, c’était foutu. Je téléphonais le lendemain au préfet en lui disant que ce n’était plus la peine de se battre pour quelque chose d’impossible. Il m’a répondu que j’avais raison et qu’il allait monter au ministère pour dire que le gestionnaire devait être Eden 62. Ce qui fut fait. Tout cela, pour la petite histoire.
Dernière chose que je dois rappeler.
Il n’est pas dans la philosophie, ni dans le rôle du Conseil Général de subventionner la chasse !
Il n’est pas dans la philosophie, ni dans le rôle du conseil Général de financer des constructions en bord de mer !
Mais il est dans la philosophie et dans le rôle du Conseil Général de préserver l’image de notre département et sincèrement, les violences et les bagarres du Platier d’Oyes, n’étaient pas une image très positive… Voilà pourquoi, nous vous avons aidés. Nous avons acheté la paix sociale. Les chasseurs sont d’un coté ; les amoureux de l’environnement, sont de l’autre… Et le calme est revenu. Et c’est cela le principal.
Mesdames et Messieurs. Voilà ce que je tenais, simplement à vous rappeler.
Hervé Poher