M. Poher,
Hier, vous étiez en charge de la santé, aujourd'hui des questions de l'environnement et de l'aménagement durable du territoire. On le constate notamment au travers des chantiers de réinsertion mis en place sur la côte, entre les Deux Caps, le département peut agir sur la qualité de vie des habitants par différents biais, comme le travail, ou encore le logement. Le développement durable est-il synonyme de solidarité durable ?
HP : Si l’on veut… Mais je dirais plutôt que le développement durable comprend, par essence, la solidarité durable et qu’on n’imagine pas la solidarité en dehors d’une forte volonté de développement durable. Le développement durable est parfaitement codifié dans ce qu’on appelle un Agenda 21 et, même avec une forte connotation environnementale, ce document a une partie solidarité essentielle. Travail, social, environnement urbain ou naturel… Tout est important pour l’équilibre et la santé de l’homme. .
Vous êtes depuis suffisamment longtemps aux affaires pour juger des applications et implications de la loi HPST. Dans cette nouvelle configuration, quels sont les moyens à portée du département pour tenir son rôle dans l'action sociale et la santé des habitants?
HP : Cela évoque les rôles obligatoires du département et, bien entendu, quand on parle d’action sociale, les gens en « difficulté ». Cette problématique spécifique ( santé et précarité) a été évoqué, déjà, il y a plusieurs années et le département du Pas-de-Calais avait été, à l’époque, un ardant défenseur de la création d’un programme régional de santé spécifique. Hélas, avec la crise économique, la précarisation de certains de nos concitoyens et la détresse morale et financière de beaucoup, on s’aperçoit que bien des maux et maladies peuvent être évités ou guéris par un conseil, un apprentissage, un accompagnement ou une action spécifique. Une action sociale intelligente vaut toutes les thérapeutiques.
M. Patrick Kanner, dans le Nord, s'est engagé dans la voie d'un échange plus important avec les autres échelons territoriaux. Etes-vous de son avis ? Envisagez-vous plutôt un statu quo sur les compétences de chacun, en matière de santé s'entend ?
HP : Les échanges avec les territoires sont une vieille habitude du département du Pas-de-Calais : découpage en 9 territoires, contractualisation avec les structures intercommunales, investissement dans les PRS et PTS… Dans le domaine de la santé et de la prévention, les conférences territoriales et les services départementaux de la santé ont été des bons promoteurs. Mais ces politiques étaient très volontaristes, aussi bien dans le cadre qu’en dehors de nos compétences légales. Hélas, et on ne peut que le regretter, les réformes financières et politiques vont nous obliger à nous recentrer sur nos compétences obligatoires et sur nos publics prioritaires : RSA, PMI, personnes âgées, collèges… mais cela représente déjà beaucoup de monde.
Avec pragmatisme, vous avez affirmé que l'accent devait être mis sur les compétences du département, à savoir la prévention (PMI, personnes âgées, handicap et jeunesse) au travers d'actions concevables dans. n but d'éducation à la santé. Existe-t-il dans le Pas-de-Calais des zones pour lesquelles, selon vous, l'urgence s'impose ? Si oui, la priorité porte-t-elle sur l'offre de soins ou bien toujours sur la prévention ?
HP : Tout le département est prioritaire mais tous les diagnostics, premières étapes de la mise en place des PRS, ont montré qu’il existe des « poches » de pathologies… Et comme par hasard, on découvre que les territoires de pathologies correspondent aux territoires de chômage et de précarité. Il est donc évident que le meilleur traitement à beaucoup de nos maux, c’est, à la fois, du préventif social et du préventif sanitaire. Je parle du préventif, mais il est évident, connu et reconnu que le curatif est quelque chose d’essentiel pour nous tous. Nous avons mis en place des actions de prévention, mais parallèlement, nous avons réclamé un rattrapage sanitaire. Mais là, le problème de la démographie médicale et des déficits budgétaires se heurtent à une véritable ambition sanitaire. Mais on fera avec ce qu’on a !
Avez-vous des actions novatrices, effectives ou en projet, qui vont dans ce sens ?
HP : Nous sommes en train de revoir toutes nos politiques départementales. Mais sachez que la santé et le bien être sont un passage obligatoire à toutes nos actions. Le département intervient dans la vie de nos concitoyens, du matin au soir, de l’enfance à la vieillesse. Et s’il y a des messages à passer, de la prévention à instiller, des accompagnements à mettre en place, des améliorations dans l’environnement des gens, nous sommes les mieux placés pour agir. A nous d’être imaginatifs… C’est aussi notre rôle et notre devoir.
Hervé Poher