Guînes, Hervé Poher, cérémonie d'honorariat
Mesdames et Messieurs.
Vous vous en doutez. Ecrire un discours pour une telle cérémonie, ce n’est pas forcément ce qu’il y a de plus facile. Certains grincheux diront, par derrière, que je dis cela à chaque fois. Mais en tout cas, cette fois-ci, cela n’a pas été évident… Et ce pour plusieurs raisons.
La première, c’est que
- quand on aime bien le verbe,
- quand on vit au sein du monde politique
- et quand on doit parler de soi-même, on ne peut pas faire autrement que de tomber dans la caricature d’un égo surdimensionné. Et de l’égo surdimensionné, vous en avez eu un peu trop à la télé depuis quelques jours.
Comme disait William Von Domenech dans le tome 1 de ses mémoires de guerre : « Les footeux, ça jouent aux pieds ; Henry, il a joué à la main ; Ribéry, il a joué à la poupée et nous, on a joué au con. »
Mais, en dehors du domaine du sport où plus rien n’est raisonnable, parler en bien de soi, ça fait toujours très mauvais effet… D’autant plus, en maniant quelque peu l’autodérision, que je peux rajouter : « Dire que je suis bourré de qualités, ce n’est pas un compliment exagéré, ni un scoop, c’est une simple constatation ».
Mais, sérieusement, avoir un égo surdimensionné est d’autant plus inapproprié que, vous le savez bien, dans notre société, tout est devenu fugace, volatile et éphémère : l’information, la gloire, les honneurs, le nom, le surnom et le renom… Tout cela n’a plus que la valeur du moment, voire d’un instant.
Rappelez-vous, j’avais inventé, après le tsunami, cette locution : « Vite avalé ; vite digéré ; vite oublié ». J’étais tristement réaliste et cette locution s’applique aussi et encore plus aux politiques. Et c’est pourquoi il faut savoir ou il faut se forcer à relativiser les choses.
Une anecdote à ce sujet.
Samedi dernier, j’étais au Conseil Général pour le « Api-Day », c'est-à-dire la fête de l’abeille. Beaucoup de gens sont passés pour voir nos ruches et, en fin de matinée, j’ai remarqué deux personnes qui étaient dans le hall du Conseil Général et qui examinaient la grande photo aérienne qui est sur le sol. C’est une photo aérienne du département et je voyais bien qu’ils cherchaient quelque chose autour de la ville de Calais.
Je m’approche d’eux et je leur demande : « Vous essayez de trouver un endroit précis ? ». Et un monsieur, âgé d’une cinquantaine me dit : « Oui. On cherche un village que vous ne connaissez pas. On cherche Guemps. » Je lui réponds : « Mais je connais Guemps. Vous savez qui je suis ? ». « Ben oui, me dit-il. Vous êtes monsieur Poher ».
Je rajoute alors : « Je suis conseiller général dans le calaisis depuis 1994 et j’ai été maire de Guînes pendant 12 ans. » Et le monsieur me regarde étonné et s’exclame : « Je croyais que le maire de Guînes, c’était depuis toujours Monsieur Médine. »… Cela m’a foutu un rude coup de pied dans l’égo. « Vite avalé, vite digéré, vite oublié. »
La seconde raison qui fait que la rédaction de ce discours a été difficile, et mes proches la connaissent, c’est que j’ai toujours eu horreur des cadeaux, des distinctions, des mises en valeur ou des décorations. Les spécialistes disent que je souffre de « métallophobie », c'est-à-dire une allergie à la médaille.
Je crois que cette allergie aux honneurs vient de mon enfance. Figurez-vous que, quand j’étais adolescent, beaucoup de mes camarades m’appelaient « Popovitch », ce qui fait indéniablement penser à un vieux maréchal russe, avec un énorme couvre-chef et 30 kilos de médailles sur la poitrine.
Comme au bout d’un moment, j’ai dit que je ne voulais plus être appelé « Popovitch », ils m’ont appelé « Camarade Popov »… Ce qui n’est pas beaucoup mieux et laisse planer une certaine ombre de bolchevisme « pohérien » et une certaine conception de la démocratie… conception pas trop éloignée de la mienne d’ailleurs ! Tout le monde sait que je ne crois qu’à la démocratie dirigée…
Et comme le disait Georges W Bush dans le tome 1 de ses mémoires de guerre : « Remonter les bretelles en serrant la ceinture, c’est la spécialité de toute dictature. Et il ajoutait : J’ai toujours admiré la démocratie à la Guînoise qui se résume en un slogan : Si c’est le chef qui a dit, c’est que c’est comme ça ! »
Anecdote au sujet des honneurs.
Un jour, en 2007, Monsieur Lespagnol, sous-préfet de calais s’est étonné que je n’ai jamais reçu aucune décoration, ni distinction. Avec mon air aimable habituel, je lui ai répondu : « Je n’ai pas besoin d’être décoré car je ne suis pas un arbre de noël ». Et il m’a rétorqué, en souriant : « Si on rentre dans les détails, on va parler de guirlandes et de boules et ça peut devenir grivois ? »
Autre anecdote complémentaire. Beaucoup de mes amis continuent à m’appeler « Popovitch »… pour me provoquer. Car, figurez-vous que je n’ai pas de chance et que beaucoup de mes amis sont de gens de droite… Que voulez-vous, personne n’est parfait !
La troisième raison qui rend ce discours difficile, c’est que le titre de maire honoraire, c’est valable pour les autres, mais pas pour moi !
Lorsque j’ai appris, par hasard, par une « indiscrétion agricole », que Marc avait demandé l’honorariat pour moi, en cachette, comme un voleur, je me suis mis en colère et j’ai dit : « Je ne veux pas de votre truc ; Maire honoraire, c’est un truc de vieux. »… Je m’en excuse auprès des maires honoraires présents dans la salle. Mais c’est vrai : cela a été ma première réaction…
Toujours très en colère, je suis rentré chez moi et, à ce moment là, j’ai eu une illumination. « Est-ce que, par hasard, Médine n’essaierait pas de me foutre au placard ? »… Et bien, il ne va pas être déçu du déplacement, le vendeur de flotte !
Et puisque la « crapulocracie municipale » ou cette « autocratie crapuleuse » cherchait à m’enfermer et à se donner bonne conscience en voulant faire une cérémonie pour moi, il fallait que je trouve moyen de les rouler. Et j’ai trouvé.
Figurez-vous qu’il y a beaucoup de gens ou d’amis que je devais, depuis longtemps, réinviter chez moi. Mais vous le savez, en vieillissant, on devient plus ou moins radin et j’ai toujours remis ces invitations. Les gens disent qu’ils oublient, que c’est la faute à Monsieur Alzheimer. Non, moi qui suis médecin, je le confirme : c’est l’arthrogrypose, la maladie des doigts crochus ! Comme disait le Baron de Rothschild dans le tome 1 de ses mémoires de guerre: « L’avarice est encore un privilège honteux : les avares sont très rares devant l’ANPE. »
Et bien aujourd’hui, je fais d’une pierre, trois coups :
- En 1, la mairie réinvite des gens que je veux bien ou que je dois inviter ;
- en 2, c’est la mairie qui paye ;
- en 3, pour foutre le bordel, j’envoie une lettre anonyme aux journaux pour dénoncer la dilapidation de l’argent public au profit d’un élu. Et la lettre anonyme, je la signe DD D’arras… Avec le nom d’un autre ! Elle ne sera plus anonyme, mais je m’en fous !
Avouez que c’est bien joué ! Et le distributeur d’eau nitratée n’est pas sorti de l’auberge… Je le roule. J’ai vraiment tous les vices. Comme dit Alexandra Rosenfeld, miss France 2006, dans le tome 1 de ses mémoires de guerre : « Le vice est à l’humain comme Jésus est à Dieu ; Ils ne font qu’une personne et pourtant, ils sont deux. »
Et puis, en plus, j’en profite, au cours de cette petite fête pour dire merci. Pour rendre des mercis à des tas de gens sans qui l’aventure municipale et mon aventure personnelle n’auraient pas été possibles. Et je crois qu’il faut le faire car le mot « merci » est bien un mot qui s’oublie trop facilement… Surtout dans notre milieu politique.
Merci d’abord à tous ces gens qui sont des « anonymes de la politique » et qu’on a l’habitude d’appeler les militants ou les sympathisants. Il y en a beaucoup dans cette salle.
Quelques-uns d’entre eux sont venus me chercher un jour de janvier 89 pour savoir si j’acceptais de faire un bout de chemin avec eux. J’ai accepté et depuis un moment, c’est même moi qui leur montre le chemin. D’autres personnes, sans être engagées politiquement, ont toujours été à mes cotés et m’ont aidé. Mais il faut bien avouer que je n’ai jamais trop su si elles partageaient des idées, si elles soutenaient le beau-fils à Fauquenois, si elles poussaient le mari de Martine ou si elles étaient solidaires du médecin de famille. Bref, même si je n’ai pas le palais noir comme tout bon guînois de race, elles me soutenaient. Merci à elles.
Merci ensuite à tous ces gens que j’appellerais « les compagnons de campagne ». Et il y en a plusieurs dans cette salle. Tous ces gens qui ont accepté, un jour, de mettre leur nom dans une liste, sachant pertinemment que ce nom n’existerait que le temps électrique d’une campagne électorale et qu’après il retomberait dans un déroulement quotidien plus serein. Ils ont apporté leur nom, leur image et parfois leur influence pour des ambitions, des rêves de combats et des joies de victoire. Merci à eux.
Merci à certaines personnes avec lesquelles je me suis frotté parfois violemment. Cela vous étonne peut-être, mais il y en a aussi dans cette salle.
Toute masse en mouvement est porteuse d’énergie et tout mouvement de masse provoque un frottement. C’est ce qu’on appelle de l’énergie cinétique mélangée à d’autres choses et, dans le microcosme politique, il y a :
- pas mal d’énergie,
- pas mal de frottements
- et beaucoup d’autres choses.
J’ai voulu que certaines de ces personnes soient ici, aujourd’hui, simplement pour réaffirmer que tout est relatif et reconnaitre que « la langue dépasse parfois la raison et que la raison oublie parfois le cœur. »… Alors, si à un moment de mes engagements, j’ai blessé des personnes, je m’en excuse. Ce n’était pas la finalité de mon action.
Mais vous le savez le viking a un gros défaut : il frappe d’abord et réfléchi ensuite…
Ce qui ne m’empêche pas de dire et de confirmer, Mesdames et Messieurs, que dans notre environnement, il y a quand même des crapules, des mauvaises femmes et des gens à qui il faut botter les fesses de façon régulière.
Merci à ceux qui ont travaillé et travaillent avec moi, employés et collaborateurs. Je le sais : ce n’est pas facile.
Je suis parfois lunatique, un peu râleur, souvent absent, complètement hermétique à certaines choses, toujours pressé, régulièrement mal agréable et je ne fais même pas l’effort d’un semblant d’amabilité.
Mais mon air renfrogné et peu aimable fait maintenant partie de mon personnage. Sachez que dans votre cv, vous avez un atout supplémentaire. Dans le Pas-de-Calais, on dit « Qui peut supporter un Poher, peut tout supporter. »
Merci aux élus que j’ai côtoyés ou que je côtoie dans mes responsabilités. Sachez, contrairement à ce que certains disent, que j’accepte toutes les critiques mais à deux conditions :
- Premièrement, qu’elles soient faites en face et bien en face ;
- secundo, qu’on ne mette jamais en doute mon honnêteté et mon intégrité intellectuelle ou personnelle. J’ai sans doute quelques défauts, mais j’ai aussi une ou deux qualités qu’on ne peut pas me retirer.
Un clin d’œil pour tous ces élus qui sont devenus des amis et qui m’ont accompagné depuis le début.
En haut de l’affiche, on ne voit que le maire ; le système est ainsi fait mais il faut rappeler que c’est le travail quotidien d’une équipe qui permet de trouver l’harmonie dans une commune. Je ne l’oublie pas… Et permettez-moi d’adresser aussi ce clin d’œil à des compagnons de route qui ne sont plus là : Paul, Jean, Zorro, Jean-Marius et d’autres.
Un petit mot pour l’état. J’ai souvent été dur avec l’état, voire pire, j’ai été parfois ironique. Mais permettez-moi de reconnaitre que j’ai toujours eu, en face de moi, des sous-préfets voire des préfets qui savaient écouter et qui essayaient de comprendre la logique guinoise… Qui est parfois, je l’avoue, une logique à part. Mais comme disait Siegfried le Danois, dans le tome un de ses mémoires de guerre : « Un cochon qui fait à sa mode, c’est la moitié de sa nourriture. »
Merci à certains d’entre vous, qui ont des fonctions administratives ou qui ont des responsabilités dans ce qu’on appelle la société civile. Pendant mes douze années de mandat de maire, j’ai eu l’occasion de travailler avec vous. Certains d’entre vous me rappelaient « le règlement », d’autres m’invitaient dans leur délire. Et le Front de Libération des Fleurs Coupées est quelque chose que je ne souhaite à aucun élu.
Merci à mes pères en politique. Et surtout à deux institutions, deux références, deux monuments : Dominique Dupilet et Daniel Percheron. Merci pour beaucoup de choses qu’il serait trop long d’énumérer ici mais merci pour une chose en particulier… et je crois qu’on ne vous l’a jamais faite, celle-là.
Depuis que je suis tout petit, j’ai toujours été fasciné par le fonctionnement des machines, par la mécanique, par la logique des actions et l’enchainement des réactions. Je crois avoir démonté plus de 100 réveils ou montres dans ma jeunesse… De quoi donner un infarctus à Julien Dray…
Et c’est cette fascination de la mécanique et d’une certaine logique des choses qui a fait que le seul jeu que je connaisse bien, ce sont les échecs, que j’ai horreur des jeux de hasard et surtout que dans mon métier de médecin comme dans ma vie politique, j’ai eu et j’ai une jouissance quotidienne à regarder le fonctionnement cérébral des gens.
Et avec Dominique et Daniel, il faut avouer que je suis gâté. Vous ne pouvez pas savoir le plaisir que j’ai à voir fonctionner vos neurones, vos synapses et votre cortex cérébral. Et quand on est dans le milieu, quand on est un peu au fait des us et coutumes et quand, en plus, on a assimilé tout l’historique attaché aux gens, contempler le fonctionnement d’une mécanique cérébrale, c’est le pied. Et avec vous, on est gâté !
Et en plus du merci, vous savez bien l’attachement que je vous porte.
Merci enfin à mes proches.
A ma mère qui m’a toujours élevé avec la certitude que je finirais président de la république et qui un jour de dispute, m’a dit : « Tu as vraiment mauvais caractère ! ». Ce à quoi j’ai répondu : « C’est normal ! Je suis ton fils et je te ressemble ! » Comme disait le général Mac Mahon dans le tome 1 de ses mémoires de guerre : « J’ai pensé un moment éduquer mes parents : je les ai eu trop tard, je n’avais plus le temps. »
Merci à mon épouse et à mes enfants qui m’ont fait confiance. Ce n’était pas évident de passer du confort assuré du métier de médecin à l’inconfort permanent d’une fonction politique. Et je l’avoue : sans un cocon familial rassurant, sans une niche où je pouvais ronger un os et ce n’est pas une niche fiscale, sans l’accord de mes proches et sans un havre de paix, rempli de communion et d’affection, havre noyé dans les arbres de l’avenue Auguste Boulanger, j’aurais eu du mal à faire le pas.
En plus, le métier de médecin est quand même un beau métier… Mais, en confidence, je l’exerce encore, régulièrement, à Arras et ca me donne encore l’occasion d’empoisonner Dupil, avec des médicaments dangereux et en espérant qu’il fasse un choc allergique. (aspirine frelaté, pénicilline éventé, viagra trafiqué…)
Normalement, dans un tel discours, je devrais jouer les anciens combattants et il serait logique que je vous casse les pieds avec des histoires qui n’intéresseront que peu de gens ou éventuellement, les initiés.
J’aurais du aussi vous parler longuement du mode d’emploi du Poher. Mais je vais tenter simplement de vous le résumer tout en essayant d’être modeste (ce sera dur), d’être mesuré (ce sera dur), mais en étant réaliste (ce sera dur) et en restant honnête (ce sera encore plus dur).
La semaine dernière, à Lille, suite à un discours un peu musclé, un vice-président du Conseil Régional m’a dit : « Tu sais Hervé, tu es vraiment un peu spécial. » Je lui ai répondu : « Non, je ne suis pas spécial ; je suis un OGM : Original Génétiquement Mordant. » Et cette mutation génétique résulte simplement de mon parcours personnel.
Et le résultat de cette mutation, c’est, dans l’ordre et c’est très important :
- 30% de Cyrano de Bergerac (indispensable)
- 20% de Sar Rabindranath Duval, c'est-à-dire Pierre Dac et Francis Blanche (essentiel)…descendant de l’inde… Chateauroux
- 20% de « La guerre des étoiles » (incontournable)… La force et le coté obscur
- 10% de Monty Python (pour les connaisseurs)
- Et, pour terminer, 20% de Kirk Douglas dans le film « Les vikings » (pour le fun et parce qu’on est à Guînes)
Vous voyez que mes références ne viennent pas des philosophes grecs ou des auteurs de la Pléiade. Mais tout ceci peut vous expliquer :
- Pourquoi je suis une grande gueule,
- Pourquoi je suis un tantinet soupe au lait, voire un peu susceptible,
- Pourquoi j’ai la souplesse psychologique d’une barre de fer,
- Pourquoi j’adore être provocateur,
- Pourquoi je me permets d’inventer des dictons, commandements ou divagations pseudo-moralistes,
- Pourquoi j’ose mettre des alexandrins dans mes discours,
- Et pourquoi j’adore manier l’humour absurde, décalé ou au second degré, mais je l’avoue ça m’a déjà joué pas mal de tour. Quand les gens prennent mes dires au premier degré, je me retrouve parfois dans des situations rocambolesques et inextricables…
Bref, comme vous le voyez je n’ai que des qualités…
Mais avec parfois un dilemme que je dois vous avouer : Il arrive que le viking fasse des choses que Cyrano ne comprend pas et Cyrano prenne parfois des postures que le viking trouve totalement inutiles. Mais comme disait l’autre : « C’est bien plus beau lorsque c’est inutile».
Mais, une fois que vous avez regardé ma carte génétique, vous avez tout compris… Il y a le personnage et ce qu’il essaye de cacher… Et, alors, vous êtes obligés de me pardonner.
Mais je vais m’arrêter là car je me devais de faire court. Court parce que les bulles trop froides ne tiennent pas longtemps ; court parce que Dupil va encore me dire que c’est trop long et surtout court parce qu’il faut que je garde quelques anecdotes et quelques souvenirs pour les cérémonies en prévision. En particulier,
· Quand je vais recevoir le mérite agricole qui aura été demandé par le Président de la Chambre d’Agriculture
· Quand je vais être élevé dans l’Ordre National du lapin de garennes, distinction qui aura été demandée par la Fédération des chasseurs du Pas-de-Calais
· Quand je vais recevoir la médaille du mérite maritime qui aura été exigée par l’union des wateringues
· Quand, enfin, je vais recevoir la médaille du travail pour avoir brassé, durant ma vie politique, beaucoup de vent, médaille décernée évidemment par les lobbies de l’industrie éolienne.
Toutes ces références ne peuvent être comprises, bien entendu, que par des initiés.
Voilà, Mesdames et Messieurs. J’en ai presque terminé.
Sachez que de ma période de 1er magistrat de la commune, je ne garde que de bons souvenirs et que j’y laisse une partie de moi-même puisque si les plafonds de la mairie sont jaunes, c’est bien parce que j’y ai déposé des tonnes de nicotine.
Et la seule image que je souhaiterais laisser, modestement, c’est celle d’un élu qui faisait des choses sérieuses sans toujours se prendre au sérieux et l’unique chose que je voudrais léguer, c’est uniquement un bon mot. Mais ce n’est pas forcément le plus facile à faire. Vous me direz : « Dans la vie, rien n’est facile… » Comme disait Jany Longo, dans le tome 1 de ses mémoires de guerre : « Passer sous une échelle ne m’effraye jamais, sauf quand elle est à plat et que je suis bourrée. »
Mais, en tout cas, je sais que je laisserai à la mairie des habitudes, de langage, voire des réflexes de vocabulaire : Carogne, mauvaise femme, barpat (bon à rien, prêt à tout et c’est toujours au pluriel)… Et une devise qui sera inscrite, en lettre d’or, sur le fronton de la mairie : « Si l’homme descend du singe, je ne peux contester que certains ont tendance, parfois, à remonter. »
Et tout à l’heure, j’ai oublié un merci. Un merci au maire de Guînes. Merci à Marc. Merci de m’avoir suivi, il y a quelques années, uniquement parce que tu me faisais confiance ; Merci d’avoir accepté le passage de relais sans trop ronchonner… Du moins, je ne l’ai pas vu ; Merci de m’avoir permis de respecter mes engagements, et pour moi, tu le sais, c’est toujours important. Et merci d’avoir voulu que je sois encore actif au sein du groupe municipal.
Je sais, ce n’est pas toujours facile car je suis légèrement envahissant mais j’essaie, au maximum, de me faire petit, voire absent. Et je peux encore m’améliorer. Merci à Marc d’être simplement mon ami.
Je te regarde fonctionner et je dois reconnaitre que tu as beaucoup de qualités… Moins que moi, c’est sûr, mais quand même quelques unes. Mais, par contre, tu as deux gros défauts… En 1, tu travailles pour le grand capital, pour les exploiteurs du peuple et en 2, comme Daniel Percheron, tu ne peux pas t’empêcher de parler de football !
Une dernière anecdote, pour résumer tout ce que je viens de vous dire et pour vous rappeler, que dans mon intervention, il faut tout prendre au second degré… Sauf les remerciements et tout le bien que je pense de moi ! Le second degré permettant de relativiser les choses et, sans doute, de cacher certaines émotions.
Il y a quelques semaines, un matin, je discutais avec ma femme de la politique, de l’évolution d’untel, du travail d’un autre et même de mon propre parcours. Bref, on disait du mal des gens… Et mon dieu que ça fait du bien de dire du mal des gens !
Et à ce moment là, est arrivée la fameuse question… la question fatidique. Elle m’a dit : « A quoi penses-tu, quand tu te rases ? ». Vous voyez ce que je veux dire ! L’espace de 15 secondes, elle s’est prise pour Carla… Et très naturellement, j’ai répondu : « Moi, quand je me rase, je pense à ne pas me couper ! C’est quand même ça le plus important ! ».
Voilà, Mesdames et Messieurs, je viens de résumer une grande partie de ma vie.
Chers amis. Merci d’être venus me soutenir dans cette dure épreuve. Mais soyez rassurés, je me console tous les soirs, en lisant un passage du livre sacré qui confirme :
1) Que vous n’êtes pas là de trouver le cadenas du placard
2) Que l’OGM va continuer à traquer les BARPAT
3) Et que, de toute façon, pour le titre de maire honoraire, un jour ou l’autre, je me vengerai !
Comme disait un Napoléon V dans le tome 1 de ses mémoires de guerre : « Y’a rien qui passe sans qui rapasse »
De toute façon, même avec le titre de maire honoraire, je vous interdis de m’appeler monsieur le maire ; appelez-moi tout simplement Monseigneur… Ca sied mieux à ma grandeur et à ma modestie !
Hervé Poher