DISCOURS DU 1er MAI 1997
Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,
C'est une tradition, lors d'une journée du 1er Mai, de parler de l'emploi et de féliciter ceux qui ont eu la chance d'avoir un travail, pendant des années.
Si vous le permettez, je parlerai aujourd'hui du "non emploi", du chômage.
Pour être franc, les élus que nous sommes, passons par des phases cyclothymiques, je veux dire par là :
- 29 jours par mois, nous sommes volontaristes, avec des projets plein la tête et l'envie de remuer les choses.
- 1 jour par mois, nous sommes dépressifs.
Ce jour là, en effet, vers le 20 de chaque mois, l'ANPE nous communique les chiffres du chômage et hélas le chômage monte!! et ce chiffre représente beaucoup :
beaucoup de gens désespérés de ne pas travailler.
beaucoup de gens malheureux, dans la difficulté et qui, petit à petit, se marginalisent.
beaucoup de gens pour lesquels, il est difficile de faire des miracles.
Mais ce chiffre trop élevé de chômeurs, nous remet, nous élus, en cause car :
+ on a beau avoir une forte volonté d'intervenir dans le domaine de l'emploi et de l'insertion, le chômage ne baisse pas
+ force est de reconnaître que l'insertion seule d'une Municipalité ne suffit pas !!
Nous avons dit "un maire doit être un chef d'entreprise" c'est vrai... en partie car la diminution sociale et de solidarité étouffe parfois notre volonté de hausse économique. C'est normal.
L'essor économique est un des piliers de notre action, mais la solidarité et le maintien du tissu social sont les bases de cette action. C'est par définition, le rôle des élus; c'est par obligation le devoir des responsables. Même, si nous sommes pleins de bonnes intentions, d'idées et d'initiative dans le domaine de l'insertion, des services de proximité ou de la dynamique incontournable, nous ne pourrons aider nos concitoyens que :
si tout le monde le désire, ce n'est pas réflexe naturel.
si tout le monde le sait nécessaire, ce n'est pas réflexe évident.
si tout le monde joue le jeu, ce n'est pas réflexe obligations.
Il faudra en outre, provoquer un changement de mentalités (fini le "chacun pour soi et dieu pour tous!) et briser certaines forteresses ou des réflexes dépassés.
Il ne sert à rien de baisser les charges si l'on est obsédé par la rentabilité dividendes cela ne créera pas d'emploi.
Il ne sert à rien de baisser les prix de reviens des marchandises si les gens ne consomment pas et de pouvoir d'achat.
Il aberrant de pousser les collectivités locales à prendre des TUC, PIL, CES ou autre afin de créer d'un semi-service para public et dans le même temps, de démanteler, sous prétexte d'économie, les vrais services publics, outils indispensables d'une orientation économique ambitieuse.
Il est aberrant d'oublier que les 36.000 communes, les Conseils Généraux ou Conseils Régionaux sont des employeurs à part entière et peuvent être sources d'emploi non précaires.
Il est aberrant de vouloir cassés notre modèle socio-économique, sous prétexte qu'on fait soi-disant mieux ailleurs.
La force a trouvé un fonctionnement socio-économique spécifique : liberté d'entreprise mais intervention de l'ETAT. Ce système n'est pas le résultat d'une option psychologique obtue, ce système n'est pas le fruit de cogitation technocratique.
Non : ce fonctionnement original de notre société, cette 3ème voie située entre le collectivisme et l'oltrabéolisme est le résultat de 200 ans d'histoire, c'est le résultat de notre évolution sociale, et c'est le seul système qui peut répondre parfaitement à notre devise: liberté, égalité, fraternité.
Dans les sociétés collectivités, ? de liberté (l'histoire nous l'a prouvé).
Dans les sociétés ultralibérales, ? d'égalité et de fraternité.
On a beau nous dire que certains pays ultralibéraux ont crée 11 millions d'emplois en 5 ans ! soit 11 millions, mais combien de millions d'exclus, de malheureux ou de désespérés...
Notre 3ème voie, bien française n'est peut être plus adaptée à notre monde; notre système de protection s'essouffle et notre société crée des exclus.
SOIT alors modifions le système, adaptons nos structures.
MAIS ne cassons pas notre modèle français.
" Quand notre grand-mère fait une crème de foi, vous ne lui coupez pas le tête,.. ou vous ne changez pas de grand-mère.
Non ! cette grand-mère que vous aimez et qui vous est parfois utile, vous la soignez pour qu'elle retrouve du tonus."
Alors ne coupons pas la tête à notre 3ème voie, reformons là !
Notre pays possède des structures fortes.
Education nationale, SNCF, système de santé, France Telecom, EDF... Ces structures sont par définition et par fonctionnement des outils de développement et de progrès. Nous ne devons pas les casser sous prétexte que le slogan du 21ème siècle pourrait être : rentabilité, rentabilité, rentabilité. Cette orientation n'est pas obligatoirement applicable à la notion de SERVICE PUBLICÙBalayeurs.
Si on introduisait la notion de rentabilité dans notre système éducatif, ce serait détruire les notions de laïcité, égalité.
"L'argent à la naissance ne doit pas être le seul facteur de culture et d'éducation".
Introduire la notion de rentabilité dans la santé, c'est favoriser la médecine privée, dilapider nos hôpitaux qui coûtent à la nation mais qui soignent tout le monde !, c'est créer une médecine à deux vitesses, une pour les riches, une pour les pauvres.
"L'argent ne doit pas être un facteur de bonne santé".
Introduire la notion de rentabilité à la SNCF c'est oublier ce que cette magnifique société a rendu comme service dans nos campagnes, dans les bourgs, pour les gens isolés ou autres et c'est oublier ce qu'elle peut nous amener en progrès technologique et service humain.
Et même si on parle de rentabilité, pourquoi privatiser ces deux merveilles technologiques et ? que sont France Telecom et EDF, qu'elles gagnent de l'argent !!
+ c'est vrai, qu'il serait bien que toutes les entreprises soient retables, mais si elles ne le sont pas, c'est moins grave. Si c'est un SERVICE qu'on rend au public.
Le chômage ne diminuera que si nous créons une dynamique :
avec les chefs d'entreprises.
avec les collectivités locales.
avec un état qui montre la voie par et grâce à ses entreprises.
Mais le progrès économique n'a de valeur que s'il est accompagné à un progrès social.
Une société basée sur l'intérim ou la précarité n'a jamais été facteur de progrès social.
Ceci nous a éloigné de nos problèmes locaux, je voulais vous faire comprendre que même une volonté locale forte, même avec une municipalité qui se démène, même avec une envie viscérale de faire bouger les choses, l'exercice est et sera difficile.
Tout ne dépend pas de nous mais qu'il faut un esprit nouveau, une volonté nouvelle en gardant les acquis de notre histoire qui font que notre nation est et doit rester le pays de la liberté, de l'égalité et de la fraternité.
Permettez-moi avant de vous quitter de faire un message personnel aux guinois.
Je demande aux gens extérieures de ne pas écouter et je demande aux journaliste de poser les stylos
Depuis hier, j'ai abandonné ma profession de médecin généraliste.
Décision difficile car on ne fait pas 20 ans ce métier sans l'aimer, 20 ans à rencontrer les gens sans s'attacher à eux.
J'ai pris cette décision pour trois raisons :
Raison de disponibilité :
pour être médecin, il faut de la disponibilité physique et psychologique.
pour être maire, il faut de la disponibilité physique et psychologique.
pour être Conseiller Général et Président de la Communauté de Communes, il faut de la disponibilité physique et psychologique.
Avec tout cela, je n'étais plus disponible surtout psychologiquement, cela se sentait : "pas bonjour".
Raison physique : pas superman : 4 mentions en même temps, difficile.
Raison familiale : femme adorable.
enfants supers et cools.
profiter d'eux/moi.
Ce n'est pas une trahison, c'est simplement que j'ai jugé qu'après avoir été médecin généraliste de beaucoup de guinois, je pourrai humblement essayer d'être le généraliste de la Ville de GUINES.
Merci à ceux qui m'ont fait confiance et qui sont devenu des amis.
Hervé Poher