DISCOURS 1er MAI 2002
Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,
Comme tous les ans, nous nous retrouvons, aujourd’hui, pour fêter le 1er Mai. Cette journée a été créée, au départ pour fêter les travailleurs, mais, au fil du temps, elle est devenue plus que cela.
En effet, si vous examinez un calendrier, vous vous apercevrez qu’il existe, tout au long de l’année, une multitude de fêtes religieuses, de journées commémoratives afin d’honorer ceux qui sont morts pour la France, mais nous n’avions pas de journée spécifique commémorant la démocratie.
Le 14 Juillet est une fête nationale, certes, mais c’est un jour symbolique pour fêter la République. Aussi, presque naturellement, le 1er Mai est devenu, petit à petit, la fête des travailleurs, la fête de la démocratie et la fête d’un certain type de société.
Et depuis des années, la population, les élus et les institutions avaient acté que le premier jour de Mai était un moment fort où l’on rappelait que nous faisions tous partie de la patrie des droits de l’homme et du citoyen.
Ce premier Mai 2002, aurait pu être comme tous les autres : fête à Guînes, fête des travailleurs, fête d’une certaine notion du mot « Français ».
Mais, vous le savez, ce n’est pas un 1er Mai comme les autres. Il est situé après le premier tour d’une élection présidentielle qui a surpris tout le monde.
Ø Surpris parce que l’extrémisme, qui fait partie du tempérament français, a toujours servi de moyen de protestation, mais sans jamais troubler l’équilibre démocratique de notre nation.
Ø Surpris parce que la France est un pays où l’extrémisme a déjà fait ses travaux pratiques avec son cortège d’exclusion, d’intolérance et de malheurs. Nos aînés sont là pour en témoigner.
Ø Surpris parce que la France est un pays où la démocratie permet, en toute liberté et en toute conscience de choisir celui ou celle qui s’occupera de notre avenir.
Car c’est ça, le sens de cette élection : on doit choisir la personnalité qui préparera notre futur, qui nous représentera, qui doit être capable de prendre des décisions majeures et quelquefois graves. Bref, l’élection présidentielle est celle qui nous permet de choisir, l’homme ou la femme qui forgera notre destin national.
Et bien c’est là qu’est survenu le malentendu.
Ø Nous étions tous tellement persuadés que le deuxième tour réunirait, comme d’habitude, un représentant de la Droite Républicaine et un représentant de la Gauche Républicaine, que certains se sont dit : « au premier tour on va se faire plaisir, au deuxième tour, on verra ! ».
Ø Les instituts de sondage nous avaient tellement rabâché, depuis six mois, que tout était déjà joué, que certains se sont dit : « au premier tour, on va montrer qu’on n’est pas content, au deuxième tour, on verra ».
Ø Le scénario de cette élection était déjà écrit et certains se sont dit « j’irai pas voter au premier tour ; au deuxième tour, on verra ».
Et le résultat est là, indéniable, étonnant et terriblement porteur de messages.
Ø Ce résultat nous dit : « on ne joue pas avec la démocratie. En votant, on doit choisir la personne qui représente le peuple et la nation. Entrer dans un isoloir, ce n’est pas la même chose que de rentrer dans un PMU ».
Ø Ce résultat nous dit : « le bulletin de vote est un droit, certes, base essentielle de la démocratie et inscrit de pleinement dans notre constitution… Mais, c’est aussi un devoir, un devoir de choix, un devoir d’engagement, un devoir d’expression.
Ø Ce résultat nous dit : « attention, la démocratie est un instrument merveilleux, mais mal utilisé, l’instrument peut devenir dangereux ».
C’est ça la leçon du 21 Avril. Et en disant cela, je ne critique personne car je n’en ai pas le droit, ni la compétence, ni l’envie. Je veux simplement rappeler, qu’en tant que premier Magistrat de cette commune et en tant qu’Elu Départemental, une chose essentielle : « on ne joue pas avec la démocratie ».
Le scrutin de dimanche dernier est une leçon pour nous tous :
Ø Leçon pour les Elus Nationaux ou Locaux, et quelle que soit leur option politique,
F parce qu’ils ne savent peut-être pas entendre les demandes de certaines catégories sociales
F parce qu’ils ne savent pas expliquer l’utilité et le sens des options politiques
Ø Leçon, aussi, pour les électeurs qui utilisent le suffrage universel comme instrument de contestation. Beaucoup de gens ne votent pas pour quelqu’un, mais contre quelque chose.
Ø Leçon, aussi, pour nous tous ; nous qui sommes les résultats de cette société de « zapping » où quand nous sommes de mauvaise humeur, quand nous sommes contrariés ou quand nous n’avons pas de satisfaction immédiate, alors nous faisons, comme devant la télé… Nous zappons.
Ø Leçon, enfin, pour cette société, basée sur la communication et l’information,
F Communication où la violence est partout présente et l’ information qui a longueur de journée nous entoure, nous imprègne et finit par nous persuader.
Le vote du 21 Avril restera pour tous, quelles que soient nos opinions, un signe fort, une mise en garde et une prise de conscience.
Si nous, nous ne l’avions pas compris, les jeunes qui défilent spontanément dans les rues, eux, l’ont compris. De leur part, c’est sain, c’est naturel et c’est normal.
Vous ne pouvez pas avoir l’enthousiasme de la jeunesse, l’espérance en l’avenir, être fier les mots « liberté, égalité, fraternité, tolérance et justice » et voir des votes protestataires qui mettent au premier plan l’extrémisme, le corporatisme et le populisme.
En défilant, nos enfants veulent simplement nous dire : « attention, en votant, vous vous exprimez, mais surtout vous préparez notre avenir.
Un vieux dicton dit : « quand on joue avec le feu, on se brûle ». Attention, et j’en terminerai là, l’histoire nous apprend qu’il y a des brûlures qui ne cicatrisent jamais.
J’ai parlé, au début de cette manifestation de notre héritage commun, de notre bien à tous, c'est-à-dire la démocratie. Maintenant, je me dois, comme c’est de coutume, d’honorer les travailleurs, présents ici, dans cette salle.
Je ne m’étendrai pas sur le contexte Guînois qui continue à s’améliorer. Le taux de chômage continue à baisser, suivant en cela l’évolution nationale et celle du Calaisis.
En 1997, il y avait à Guînes un chômage à 18% de la population active. La fermeture de Courtaulds, la crise de la métallurgie et les restructurations dans l’industrie de la dentelle avaient touché, de plein fouet, la population de notre cité.
De 18%, nous sommes passés à moins de 12% et le nombre de chômeurs diminue, mois après mois.
Actuellement, il n’y a pas un mois où, à Guînes, il n’y ait une déclaration de siège social, d’entreprise ou de commerce. Il apparaît plus de PME, PMI qu’il n’en disparaît.
Et qui dit entreprise, dit activité, dit emploi.
Deuxième signe encourageant, notre Zone d’Activité.
Les travaux de viabilisation ont commencé. Dès le mois prochain, le Conseil Général va effectuer les travaux de tourne-à-gauche, rendant ainsi notre zone exploitable.
Vous le savez, nous avons pris du retard :
F parce que la commune était en procès depuis 1990
F parce que nous avons du modifier le Plan d’Occupation des Sols qui était inadapté
F parce qu’on nous oblige à faire des fouilles sous prétexte que nous sommes une cité historique
Mais la gestion communale est comme une course d’obstacle : nous les sautons les uns après les autres et nous finirons bien par franchir la ligne d’arrivée.
Voilà pour les points positifs, mais, je le répète ne nous faisons pas d’illusions, l’évolution de l’emploi sur Guînes est entièrement dépendante de l’évolution loco-régionale et nationale.
Mais, si on en croit les médias (qui se trompent quelquefois), les indicateurs sont bons et la reprise économique est annoncée.
Aujourd’hui, nous sommes surtout réunis pour fêter des hommes et des femmes qui ont travaillé pendant plusieurs dizaines d’années.
C’est bien pour eux ; c’est bien pour leur famille ; c’est bien pour la société.
F C’est bien pour eux parce que, chacun le sait, le travail donne un statut, une référence, une reconnaissance et cela quel que soit le travail
F C’est bien pour la famille parce que le travail est avant tout le moyen de gagner sa vie et qu’il est pour l’enfant un but, un objectif et une motivation. Tout le monde ne peut pas être né milliardaire et tout le monde ne peut pas être rentier.
F C’est bien aussi pour la société, car une société ne se conçoit que si elle produit dans le respect de l’homme, que si elle construit dans le respect de la nature et que si elle avance dans le respect de l’histoire.
Je sais, ce n’est pas toujours comme cela et nous connaissons de nombreux pays où ces règles ne sont pas respectées.
Mais c’est aussi notre devoir à tous de dénoncer ces anomalies, en rappelant qu’une société doit être productive pour le bien de chacun et non pas productivistes pour le profit de quelques uns. Les dividendes des actions ne devraient pas être basés sur la sueur de l’homme.
Mesdames, Messieurs, vous avez travaillé pendant des années.
F Soyez en félicité, au nom de la société
F Soyez en remercié, au nom de vos familles
F Soyez en congratulé, au nom de la jeunesse à qui vous avez montré qu’il n’est point de réussite sans effort.
Merci à Tous et Bon 1er Mai
Hervé Poher