Mesdames et Messieurs.
Je vous prie d’excuser mon retard mais j’ai un vrai métier…. Moi. Remarquez, cela m’a permis d’éviter 2 discours.
J'ai compris que je dois être court... Ca m'arrange: on est jeudi et je dois sortir les poubelles.
Que vous dire ? Un mot sur les attentats qui ont été perpétrés dernièrement.
Innommable, insupportable, injuste… Quand ces attentats se sont produits, j’ai écrit, je ne sais plus où… Sur mon blog probablement… « J’ai mal à la France. » en dessous d’une photo de Marianne qui pleurait avec des larmes de sang. Puis, quand nous avons appris les détails de ces attentats, j’ai rajouté « J’ai mal à l’homme ». Comment des hommes peuvent-ils faire cela ?
Pour la petite histoire. Le congrès de Versailles a eu lieu le 16 novembre, 3 jours après les attentats. J’y étais tout comme madame la Députée Brigitte Bourguignon. Et figurez-vous que le soir même, au Sénat, nous devions nous réunir pour parler de la COP 21 et du changement climatique. Et j’ai commencé mon intervention en disant : « Difficile de parler de la lumière quand on vient d’être confronté à l’obscurantisme. Mais parler du climat, parler de l’avenir de l’homme et parler de l’avenir de la planète, n’est-ce pas la meilleure réponse, n’est-ce pas le meilleur moyen de prouver que les barbares ne peuvent pas gagner… Et ils ne gagneront pas.
Deuxième chose : Avez-vous remarqué le nombre de décès de personnes célèbres depuis le début de l’année ? Un chaque jour… Michel Delpech, Michel Galabru, David Bowie… Et surtout, avez-vous remarqué comme on a beaucoup de qualités une fois qu’on est mort…
Michel Delpech : moi, c’est ma génération et je connais toutes ses chansons… Maintenant qu’il est mort, il a créé des chefs d’œuvre… alors que depuis des années les milieux artistiques et intellectuels le dédaignaient franchement parce qu’il avait fait du « populaire » !
De même, Michel Galabru… On disait qu’il ne tournait que des « Nanars ». Maintenant, tout le monde dit qu’il a tourné dans des grands films.
Et David Bowie… Moi, je suis un fan. Dans les années 70, j’allais acheter ses disques en Angleterre. Et Dieu sait s’il était critiqué… Pour plein de raisons. Maintenant qu’il est mort, « il a été le plus grand révolutionnaire de la musique ! »
Alors, mesdames et messieurs, si j’ai quelques qualités, faites-moi plaisir : dites-le-moi avant que je ne meure.
Alors, que vous dire de plus ? Je ne vais pas vous parler de politique, certains l’ont déjà fait. Tiens, je vais vous parler d’environnement…
La semaine prochaine, nous devons discuter de la loi sur la biodiversité. Et je dois intervenir… Je suis en train d’imaginer mon discours qui commencera comme cela : « Madame la Ministre… » … Car devant moi, il y aura Madame Ségolène Royal, ministre de l’environnement.
Je dirai donc : « Madame la Ministre. Moi, je suis guînois ! » Je suis sûr qu’elle va être « sciée »… Je suis guînois et Guînes est un parfait exemple de biodiversité. C’est vrai, on a plein de milieux différents : on a la ville, le centre urbain, avec des maisons, le goudron… Bref, une ville. Puis on a le marais. Autour de la ville, on a des champs, cultivés en bio ou en culture productiviste… Mais on est entouré de champs. Enfin, on a une forêt domaniale, 800 hectares… 1 tiers de la commune…
On y trouve donc plein d’exemples de biodiversité… On y trouve des rats musqués… Au marais, on trouve des orchidées… Oh pas des orchidées comme vous trouvez chez le fleuriste… Non, de très petites orchidées, minuscules mais qui sont classées au niveau européen. On y trouve aussi des lièvres, des lapins, des chevreuils, des sangliers…
Tiens, je vais lui raconter l’histoire de nos sangliers. La ligne TGV sert de barrière et figurez-vous que les sangliers de la commune, comme ils ne peuvent plus remonter vers le nord, s’en vont sur la Côte d’Opale… Et pendant des années, dans des réunions pour la gestion des espaces, j’ai entendu « Y’en a marre des sangliers à Poher ! » Comme si c’était mes sangliers… Mais c’est un peu vrai. Les sangliers de la forêt de Guînes, à cause du TGV, vont se promener sur la côte.
Et puis, dans la forêt, on trouve toutes sortes d’arbres : les chênes, les hêtres, les sapins… Bref, A Guînes, on a un bel échantillon de biodiversité.
Dans les espèces d’oiseaux rares, on peut y trouver « le Marcus Médinus à trois pattes » ; dans la famille des oiseaux de nuit, le « Rivenet à longue Barbe » ; on y trouve même, dans la famille des rapaces vieillissants, le « Poher à tête blanche »… Je dis vieillissant, car avec le temps, cette bête-là devient moins vorace.
Mais savez-vous quel est le vrai problème pour la biodiversité ? C’est l’arrivée de plantes invasives, d’espèces invasives, d’espèces qui ne devraient pas être là. Dans les animaux, vous avez la célèbre tortue de Floride… C’est joli une tortue de Floride mais lâchée dans la nature, c’est une vraie saleté. Et dans les plantes, la plus connue, c’est la Renouée du Japon. Très belle plante mais quand vous en avez dans votre jardin, elle envahit tout…
Et Guînes est aussi touché par le problème des plantes invasives.
(note de H.Poher :comparaison avec les résultats électoraux en 2015)
Cette année, on a fait deux bilans : un en mars et le second en décembre… Eh bien, savez-vous que les plantes invasives occupent le terrain ! On l’avait senti, déjà, depuis quelques années… Les plantes autochtones ont tendance à disparaitre : on en a dénombré 18% du territoire pour l’une et 16% du territoire pour l’autre… Par contre, la plante invasive, celle qu’on n’a pas l’habitude de voir à Guînes occupe 54% du territoire… Comme la Renouée du Japon, elle est jolie et attrayante…
Alors, voyant cette invasion, certains ont dit : « On fait comme-ci ont ne l’avait pas vu… » Ce n’est pas une solution… Le phénomène risque de s’amplifier. D’autres disent : « Il faut utiliser les pesticides et tout détruire… » Là non plus, ce n’est pas une solution et ce n’est pas facile à faire… Ce n’est pas facile de tout détruire…
Alors moi j’ai dit : « Pour trouver un remède, il faut d’abord trouver la cause… »
Et honnêtement, je vois 2 causes.
Tout d’abord, il est évident que la nature a horreur du vide. Si un espace n’est pas occupé, la nature y met automatiquement quelque chose. Essayez dans votre jardin : vous nettoyez tout un espace, vous le videz et très rapidement, il sera rempli d’orties.
Deuxième raison : Si la plante invasive est arrivée, c’est que la gestion de l’espace n’a pas été bonne… Je parle en connaissance de cause. J’ai dirigé, pendant 18 ans, Eden 62 qui gérait les 5500 hectares d’espaces naturels du Département. Et quand on me disait que la Renouée du Japon avait envahi un espace, j’assumais ma responsabilité. Quand un espace est envahi par une plante invasive, ce n’est pas de la faute du garde qui gère l’espace, c’est bien de la faute du chef, en l’occurrence, c’était moi, chef qui prend les décisions. ...
Et dans plein de domaines, c’est pareil.
Alors, quand un endroit est mal géré, il faut changer de gestion à défaut de changer de chef.
Voilà ce que voulait vous dire. Vous voyez, je ne vous ai pas parlé de politique ; j’ai parlé d’environnement.
C’est vrai que j’aurai pu vous parler aussi de la réforme constitutionnelle et de la déchéance de la nationalité… Mais je ne suis pas encore fixé… Certains disent que ce n’est qu’un symbole… Mais depuis que la démocratie existe, les hommes, pour diriger, ont toujours eu besoin de symboles.
Bref, on arrête là.
Et pour vous présenter mes vœux, je vais vous redire ce que j’avais inventé, il y a quelques années, à la communauté de Communes… Ce n’était pas mal… Vous voyez, je me fais moi-même mes compliments.
Pour 2016, je vous souhaite :
Une santé sans point d’interrogation,
Une humeur sans point d’exclamation,
Une chance sans point de suspension …
Bref, une année sans ponctuation.
Hervé Poher
14/01/2014