Cérémonie de pose de la première pierre, à la minoterie Boutoille, pour ce qui deviendra le siège de la Communauté de Communes des Trois-Pays
Pose première pierre Minoterie Boutoille
Mesdames et Messieurs.
Je vais essayer d’être rapide car je vois l’auditoire en train de se clairsemer… Je perçois que les gens sont transits de froid… Et même si l’épidémie de grippe est à son maximum, je ne voudrais pas être responsable du fait que vous soyez couchés, ce soir, avec des symptômes pseudo-grippaux.
Je ne sais pas trop à quel titre je dois parler… Si je parle en tant qu’ancien membre éminent des Trois-Pays, on va dire « Regarde, le vieux, il radote encore ! ». Si je parle en tant que sénateur, cela n’a pas beaucoup de valeur… En effet, un sénateur n’est intéressant que pour son enveloppe parlementaire… Et des coureurs de dot, il y en a beaucoup dans ce pays !
Non, si vous le permettez, je vais reprendre ma vieille casquette de président du Parc naturel des Caps et Marais d’Opale… Car vous êtes dans un Parc, ici, il ne faut pas l’oublier !
Et, en tant qu’ancien Président du Parc, je me permets de dire à Marc Médine et aux élus de l’intercommunalité : Merci ! Merci ! 2 fois merci.
Merci tout d’abord parce que j’ai vu, dans la presse que la communauté de Communes des Trois-Pays avait été retenue comme Territoire à Energie Positive. Et retenue 2 fois, en étant comptée dans 2 territoires différents, le territoire du Parc Naturel et le territoire du Sympac. Vérification faite, c’est autorisé et le ministère accepte le chevauchement des territoires. Territoire à Energie positive, c’est une démarche issue de la loi sur la transition énergétique et le principe en est simple : on envisage qu’un territoire peut produire plus d’énergie qu’il n’en consomme. Du coup, il faut être inventif, imaginatif, parfois audacieux.
C’est le dernier dossier dont je m’étais occupé au Parc, fin 2014. Le Parc a été retenu ; le Sympac vient d’être retenu… Et moi, je suis fier d’appartenir à une collectivité qui va dans cette direction-là, d’autant que c’est un peu le domaine dont je m’occupais, au Conseil Général, puisque j’étais en charge de l’environnement, de l’énergie et du développement durable.
Second merci car vous donnez raison et vous illustrez les options prises par le président de parc que j’étais. Je m’explique.
En avril 2012, j’ai été élu président du Parc Naturel des Caps et Marais d’Opale, avec un seul devoir, un seul but, une seule obligation : faire valider la charte de ce parc et récupérer le label… Travail difficile et combat parfois ardu.
D’autant qu’il y avait dans cette charte quelques points durs, quelques points sur lesquels les communes pouvaient achopper. Et en particulier l’urbanisme.
Figurez-vous que l’Etat nous avait dit : « Un Parc, c’est un territoire d’exception, d’expérimentation et d’excellence. Mais, avec vous, nous avons un problème : vous avez consommé, durant les 12 dernières années, 9 % des terres agricoles pour faire, principalement, de l’urbanisme. Vous êtes le Parc de France qui consomme le plus de terres agricoles. Dans la prochaine charte, cette consommation devra passer à 3% sur 12 ans… C’est-à-dire diviser par 3 la consommation de terres »…
Pas facile pour trouver le moyen de respecter cet objectif… Alors, il a fallu mettre en valeur ou inventer de nouvelles pratiques. Dans les documents d’urbanisme, « Utilisation des dents creuses, créer des espaces de respiration, réhabiliter les friches industrielles… Comme ici ». Il fallait trouver des solutions. Imaginez : passez de plus de 9% à moins de 3% de consommation de terres agricoles.
Ensuite, pas évident à expliquer aux communes ; message relativement difficile à faire passer… Et pourtant, nous n’avions pas le choix, il fallait le faire si nous voulions rester Parc Naturel…. Et nous nous sommes donc mis en campagne, avec la Région, pour expliquer cette nouvelle façon de faire.
Eh bien, figurez-vous que le résultat a été complet : 153 communes sur 153 ont voté pour cette charte ; 13 intercommunalités sur 13 ont approuvé ; 2 départements ont voté et une région à validé la charte. C’est-à-dire que tout le monde a accepté cette charte avec ces nouvelles règles d’urbanisme… Et vous, ici, vous les avez votées !
Et je vous rappelle que ces règles d’urbanisme incluses dans la charte du parc s’imposent à tous, s’imposent à tous les documents d’urbanisme !!! Vous n’avez pas le choix.
Et ces nouvelles pratiques d’aménagement du territoire, c’est voir autrement : c’est voir l’urbanisme autrement ; c’est voir l’environnement autrement ; c’est voir l’agriculture autrement…
C’est simplement reconnaitre qu’il faut arrêter de faire de l’urbanisme n’importe comment, laisser construire des alignements de maisons le long des routes, faisant qu’au bout d’un moment vous n’avez plus de centre de village, plus de cœur de village.
C’est voir l’environnement autrement avec l’idée de préserver nos paysages, notre environnement, nos collines, tout ce qui entoure une commune et qui fait sa richesse et sa personnalité.
C’est voir l’agriculture autrement, en aidant les agriculteurs à effectuer leur mutation… En plus, ils sont demandeurs. Je te rappelle, Marc, que dans le premier PLU de Guînes, nous avions entouré la commune avec une ceinture verte. Alors pourquoi ne pas aider les agriculteurs à passer en agroforesterie autour de la ville. Ce serait gagnant-gagnant. Gagnant pour l’agriculteur, gagnant pour la ville.
Et quand je vois, dans la presse, que certains se posent des questions sur l’environnement de leur commune, constructible ou non… Les lois sont ce qu’elles sont, la charte est là et vous l’avez votée : vous ne pourrez plus construire pour 15, 20 voire 30 ans et il faut imaginer autre chose. Alors autant travailler avec les agriculteurs pour imaginer cette autre chose car la terre et les paysages, c’est notre environnement et nous devons le léguer à nos enfants; car la terre et les paysages, pour les agriculteurs, c’est leur outil de travail et ils ont tout intérêt à le préserver et le mettre en valeur.
Voilà ce que j’avais à dire. Je sais que je suis un élu à obsolescence programmée mais tant que je le pourrais, je veux bien mettre mes colères à disposition pour rappeler aux élus qu’il faut arrêter de faire n’importe quoi, de bâtir n’importe comment, de détruite les paysages, de saccager l’environnement… Et quand on est dans un Parc, qu’on est dans une communauté de communes qui s’appelle « Les Trois-Pays » et qu’il est écrit « Le Vert, le Vrai, la Vie », on ne peut pas faire n’importe quoi.
Il faut que vous en soyez persuadé… Comme je le suis
Hervé Poher