Le 09/10/2021, une marche a été organisée, au marais de Guînes, en souvenir de Gilbert Denez. Dominique Dupilet, Marc Médine, Éric Buy et moi-même avons chacun dit un petit mot.
« Que dire de Gilbert ?
Je redirais exactement la même chose, avec un peu de différences, de ce que j’ai dit, dimanche dernier, au sujet d’André Flahaut. Parce Gilbert et André, c’était un binôme ; c’était la colonne vertébrale de la mairie de Guînes, alors que j’étais maire. Et ils étaient encore omniprésents quand Marc m’a succédé.
Je dirais, au sujet de Gilbert : c’est l’amitié, fidélité et connivence.
Amitié parce que j’ai connu Gilbert, moins longtemps que Dominique Dupilet, mais quand on fréquente les gens pendant 20 ans, qu’on les voit presque quotidiennement, qu’on va boire des coups ensemble chez Gérard, qu’on fait la fête de façon régulière, on devient forcément un peu amis.
Fidélité parce que du jour où Gilbert m’a accepté dans le monde politique, il ne m’a plus jamais trahi. Il râlait peut-être derrière, mais il ne m’a jamais rien dit et il ne m’a jamais trahi. Dominique Dupilet l’a signalé : Gilbert était quelqu’un de foncièrement fidèle.
Connivence parce qu’on était dans les mêmes combats et j’avais besoin de son expérience. Il avait connu des combats bien avant moi et son expérience, sa sagesse, sa lucidité faisaient que, de temps en temps, je voyais un peu plus clair.
Je dirai que par rapport à André, il y a deux choses supplémentaires. Luc en a parlé : il avait une phrase fétiche : « Ça va aller !». Quel que soit le problème, il disait toujours « ça va aller ! ». Vous pensez bien que quand on est dans le monde politique, quand on est responsable de collectivité, il y a des jours où c’est difficile ; il y a des jours où il y a des problèmes et on se gratte la tête. Gilbert était toujours là en disant « ça va aller ! ». Des fois, personnellement, je me mettais en colère après lui en lui disant « Enfin, Gilbert, tu ne te rends pas compte ! » Ça va aller… Et pour finir, ça allait toujours.
Les deux dernières fois où il m’a dit « ça va aller ! » … La première fois, c’était un jour de 2011 où, par hasard, je passais à la mairie. J’étais dans le hall et Gilbert est arrivé, très essoufflé, pas bien du tout. On a appelé une ambulance. Et Gilbert, en partant dans l’ambulance m’a dit : « ça va aller ! ».
La dernière fois que je l’ai vu, c’est quand je suis allé à l’Hôpital ; il n’était vraiment pas bien. Je ne sais plu quel fils était là. C’est peut-être toi, Luc, ou Marc… Je ne sais plus… Et je lui ai dit « Alors, Gilbert, tu vas t’en sortir ? ». Il m’a dit « ça va aller ! ». Le problème, c’est que cette fois-là, ça n’a pas été.
Et la deuxième chose que je voudrais signaler, par rapport à Gilbert, c’est cette faculté qu’il avait de disparaitre. Il nous a fait le coup, un nombre incalculable de fois, pendant des années. On était en réunion ; on parlait des sujets municipaux ou politiques et d’un coup, Gilbert se levait et partait. On disait : « Il est parti faire un petit pipi ! » … Mais il ne revenait plus ! Gilbert disparaissait. Alors, au début, ça surprend… mais après, on a pris l’habitude. En pleine réunion, Gilbert se lève et s’en va. On s’est dit du coup « Il est parti avec son atelier ambulant réparer un lavabo, par ci, par là… » ou éventuellement « Il est parti ( parce qu’il était très sensible à ça ) il est parti voir une personne ou une famille où il entendait que ça grondait, que ça râlait. Gilbert avait cette faculté : c’était de rassurer un peu les gens. Et c’est pour ça qu’il était très utile au conseil municipal, très utile à l’équipe politique que l’on avait sur Guînes. Et il m’a été très utile à moi aussi…
Et c’est pour ça qu’à chaque fois que quelqu’un me dit « ça va aller ! », je pense à Gilbert… Même si ça ne va pas.
Alors cela veut dire simplement que, lorsqu’il nous a quitté, il nous a manqué énormément.
Et puis, permettez-moi, aujourd’hui, d’y associer quelqu’un qui vient mourir aussi : Monsieur Matte qui était aussi une figure emblématique de la ville de Guînes, du Marais de Guînes… Parce que moi, pendant des années, j’étais maire et, là-bas, à l’entrée, c’était marqué « Le Marais de Guînes » et les gens barraient Guînes. Monsieur Matte était aussi une figure emblématique du Marais et de Guînes, et simplement dire que Gilbert et Monsieur Matte était un couple performant.
Alors, à la famille de Gilbert, je dis simplement : « Si on est si nombreux aujourd’hui, c’est bien que ça prouve qu’il nous manque encore. »
HERVE POHER