Arras, Conseil Général, colloque sur les PRS
Permettez-moi, au nom du Président HUGUET, de vous souhaiter la bienvenue au sein du Conseil Général du Pas-de-Calais.
Et si je vous souhaite la bienvenue, de façon aussi sincère, ce n’est pas parce que je suis un Vice-Président bien élevé…C’est simplement que votre présence ici est, pour nous, porteuse de nombreux symboles.
C’est un symbole, car ici, vous n’êtes pas à la DRASS, vous n’êtes pas à la DASS, ni au CHU, ni à la Préfecture…Vous êtes dans un bâtiment où siègent des élus. Cela veut simplement dire que la santé ne doit pas être, ne peut plus être un domaine uniquement réservé aux médecins, une problématique uniquement réservée aux spécialistes, une gymnastique financière uniquement réservée aux techniciens. C’est aussi un problème humain où les élus ont le droit et le devoir de s’impliquer, de comprendre et de participer.
C’est un symbole, aussi, parce que dans ce bâtiment, Mesdames, Messieurs, on ne sait pas utiliser le langage médical et on n’aime pas utiliser le langage technocratique. Non, nous, quand on parle santé, on parle : « maladie, douleur, souffrance » mais je dois avouer que nous avons du mal parfois à nous comprendre. Car, dans ce domaine très spécifique qu’est la santé, il est indispensable de parler deux langues : celle des chiffres qui est purement intellectuelle et celle de la solidarité qui est purement affective. Mais l’idéal serait de trouver une langue commune.
Symbole enfin, parce qu’ici, vous êtes dans le Pas-de-Calais et que cela nous donne l’impression (à tort ou à raison l’avenir nous le dira) que nous avons enfin été entendus et peut-être écoutés.
Permettez-moi de rappeler ce que fut notre démarche et pourquoi nous avons revendiqué de façon extrémiste, peut-être, mais légitime !!
L’élaboration d’un CPER est un exercice bien spécifique dans la vie d’une collectivité : on doit faire le bilan de notre territoire, voir ce qui marche et ce qui ne marche pas, imaginer les solutions et les remèdes adéquats. Bref, nous faisons, à l’échelle d’un territoire, ce que le praticien fait au lit du malade : signe, diagnostic, traitement.
Pour notre région et plus encore, pour notre Département quels sont les signes : espérance de vie la plus basse de France, taux de surmortalité les plus haut de France De plus lorsque l’on regarde la répartition géographique des pathologies, certains parlent de bassin de vie, nous nous voyons des bassins de mort.
Quelles en sont les causes ?
Vous les savez, elles sont de deux types : Tout d’abord notre mode de vie et nos types de travail, ensuite nos habitudes culturelles et parfois notre environnement.
Et tout cela, dans un fonctionnement social où la prévention est très peu présente … mais ce n’est pas typique de notre région…la prévention ne fait pas partie de la culture française.
La deuxième cause, un sous-équipement sanitaire : incontesté parce qu’incontestable, inexpliqué parce qu’inexplicable, injustifié parce qu’injustifiable.
Nous avons donc réclamé, en toute logique, un traitement qui nous permette de dire : « Nous sommes enfin des français comme les autres »
Tout d’abord en réclamant un rééquilibrage sanitaire : soit par la création d’un CHR multipolaire du Pas-de-Calais (c’était légitime : un seul CHR pour 4,5 millions d’habitants, c’est un cas unique en France) soit en obtenant un traitement inégalitaire, au profit du Pas-de-Calais, avec une surdotation hospitalière et une …… décentralisation du CHRU de Lille. Cette deuxième solution a été inscrite, noir sur blanc dans le CPER ;
Pour nous, c’est un progrès. Mais nous serons vigilants. Il est essentiel que la signature de l’état, en bas de ce document, ne soit pas une signature virtuelle ! .
Mais si l’on veut revendiquer légitimement, un rattrapage sanitaire, il faut savoir faire des efforts dans d’autres domaines.
C’est pourquoi le Conseil Général du Pas-de-Calais a décidé de s’investir, de façon volontariste dans les actions de prévention, secteur dans lequel nous étions jusqu’alors presque absents.
27, 5 millions de francs seront consacrés à l’accompagnement des PRS. Cela s’ajoutera aux 35 millions que nous consacrerons à l’action sanitaire sur des publics défavorisés ou la prévention de l’alcoolisme.
Le rattrapage sanitaire est pour nous une priorité mais notre participation aux PRS est notre signe de bonne volonté.
Encore faut-il que ces cinq PRS soient mis rapidement en place. La population ne comprendrait pas que, connaissant les mauvais indices sanitaires, nous n’ayons pas agi immédiatement !
Encore faut-il que ces cinq PRS soient fonctionnels le plus vite possible, car vous le savez les effets de la prévention ne seront évidents que dans quelques années.
Encore faut-il que tous les acteurs jouent le même jeu, en même temps et avec les mêmes règles.
C’est pourquoi, il faut que nous soyons : réceptifs, cohérents, coordonnés, complémentaires
et efficaces.
Réceptifs car il faut laisser au citoyen acteur un pouvoir d’imagination et d’initiative. Dans un domaine aussi vaste que celui de la santé, et plus encore dans la prévention, la vérité n’est jamais unique et personne n’est détenteur du St Graal.
Cohérents parce qu’un but commun, réfléchi et expliqué nous donnera plus de force d’impact, d’efficacité, donc de résultats.
Coordonnés parce qu’il faut arrêter d’avoir chacun ses idées, ses politiques et ses actions. Ce poujadisme sanitaire nous amène à pratiquer une politique de guichet, d’une efficacité toute relative. Or, dans le domaine de la toxicomanie, du cancer ou de la précarité, la relativité est un défaut impardonnable !
Complémentaires aussi car il nous faut allier la science du médecin, la gestion du technicien et la volonté de l’élu. Nous parlons tous de la même chose, mais si nous parlons la même langue, nous pourrons y arriver.
Efficaces enfin car vous, comme nous, serez jugés sur nos décisions, nos actes et nos résultats.
Mais pour obtenir des résultats, pour créer une dynamique, pour garder la motivation de tous les acteurs, il nous faut : raccourcir les processus décisionnels et savoir faire sauter certains verrons administratifs, s’adapter aux contingences socio-économiques des territoires et montrer qu’il y a une unité d’objectifs et cela quel que soit le niveau d’instruction des dossiers.
C’est l’enjeu de la territorialisation. C’est l’objectif que l’on doit se donner : il nous faut conjuguer le scientifisme, du pragmatisme et l’utopie.
Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, nous avançons aujourd’hui dans un grand chantier est : Médicalement justifié, Humainement indispensable, politiquement incontournable
Elus, Techniciens, Médecins…nous sommes tous dans le même bateau et nous avons tous le même but : la santé des autres.
Alors, il nous faut apprendre à se comprendre, à travailler ensemble, à créer les chemins de la réussite. Le bilan sera collectif, mais il sera aussi individuel…car lorsque chacun d’entre nous regardera son passé, il faut qu’il puisse dire : j’ai sauvé une vie, j’ai sauvé un espoir, j’ai sauvé un enfant… J’ai donc fait mon boulot.
Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, je terminerai cette introduction par une citation que je rappelle à chacune de mes interventions dans cet hémicycle parce qu’elle est essentielle pour le médecin, essentielle pour la politique, essentielle pour l’homme
Cette citation est « Le progrès n’est que l’accomplissement des utopies »
Hervé Poher