Lille le 07/12/2012
Toute la matinée, vous avez entendu parler du climat, du changement climatique et de tout ce qui pourrait l’accompagner. Et vous devez avoir une baisse d’énergie… Par hypoglycémie et non pas par rupture de caténaire… aussi je ferai court.
Mais pour illustrer ce qui a été dit et les problèmes qui se posent aux citoyens, laissez-moi vous livrer trois anecdotes.
Première anecdote. Il arrive, dans cette période que certains fassent les magasins. Et en particulier, les magasins faisant partie d’une grande chaine de bricolage. Je ne cite pas de marque. Et savez-vous ce qu’il y a, dans ces magasins, toujours en tête de gondole, ce qui se vend le plus en ce moment, ce qui est proposé en priorité… Ce sont les boudins de porte. Je suis allé voir… Et c’est incroyable ce que le génie humain peut créer dans la déclinaison des boudins de porte ! Et si les propriétaires de ces magasins les mettent en vente, c’est qu’il y a un marché ! Ils ne sont pas désintéressés… Et si on vend autant de boudins de porte, c’est qu’il y a des fuites d’énergie… A méditer !!
Deuxième anecdote. Le 3 novembre, au plus fort des inondations, le ministre Frédéric Cuvillier et le Préfet du Pas-de-Calais sont venus à Guînes pour apporter leur soutien à la population. J’ai eu l’honneur de les recevoir et, à un moment, le Préfet m’a demandé : « Monsieur Poher, quel est votre principal problème ? » A ce moment-là, j’ai dit au chauffeur de s’arrêter et j’ai montré au Préfet et au ministre quelque chose de parlant. Nous étions sur le premier banc du marais de Guînes ; il y avait des maisons et entre les maisons, un terrain libre… Une magnifique piscine, avec 40 à 50 centimètres d’eau et des ballots de paille qui flottaient. Et à l’entrée de ce terrain, il y avait un panneau : Terrain à vendre, constructible… Et je n’en suis pas responsable, le marais est constructible depuis le 16ème siècle. Et j’ai dit au Préfet : « Voilà un des problèmes des élus locaux. »
Et pour terminer : Depuis ce matin vous entendez parler de SRCAE, SRADDT… Et ce SRCAE et ce SRADT, nous allons, élus et citoyens, les voir traduits dans les SCOT et dans les PLU, et les PLU intercommunaux.
Et figurez-vous qu’il y a un coin du Pas-de-Calais où on a mis 108 réunions pour sortir un SCOT, qui a reçu, à juste titre, un avis négatif des services de l’Etat et de la Région. C’est normal : dans ce SCOT, 5% de la population consommait 25% des terres que l’on souhaiterait consommées pour toute la région. 108 réunions, avec une ambiance spéciale. J’y étais. C’était un mélange de « le défilé des Thermopiles » avec du « Pearl Harbor » et un peu du « Retour des morts vivants. » Ambiance un peu spéciale où certains, dont j’étais, disaient qu’il y avait eu le Grenelle, que le SRCAE allait arriver et qu’il fallait arrêter de faire des bêtises et qu’il était plus que temps de réparer nos erreurs d’aménagement du territoire. Je suis aux alentours de Calais et en tant qu’élu, j’ai laissé la péri-urbanisation s’installer de façon anarchique. C’est une erreur. Et les autres disaient qu’ils ne connaissaient pas le SRCAE, que le Grenelle, ils n’y étaient pas et qu’ils voulaient faire ce bon leur semble dans la commune. Bref, ces réunions tournaient au pugilat…
Oui, c’était un pugilat…
1) Mais s’il y a eu pugilat, c’est que certains, les raisonnables, ont quand même dit qu’on ne pouvait pas laisser faire n’importe quoi.
2) Et s’il y a eu pugilat, c’est bien parce que les autres, les non raisonnables, n’avaient pas entendu le message. Et certains ont osé dire qu’ils voulaient garder une certaine façon de gérer le territoire… Pour quelques-uns, gestion par défaut, par lâcheté ou par intérêt électoraliste.
3) Et s’il y a eu pugilat et que le projet a été retoqué, c’est bien parce que les non raisonnables ont gagné sur les raisonnables.
Alors cela pourrait être décourageant. Mais non. Messieurs, continuez à réfléchir, à travailler et nous, localement, nous travaillons et nous ferons passer les messages. C’est cela qui est important.
Et il faut y croire car je vous rappelle que « De la saine obstination nait la raison et de la répétition nait la compréhension. »
Bon appétit.
Hervé POHER