Arras Séance plénière
Validation de la charte du Parc et adhésion au Parc des Caps et Marais d’Opale.
Si, membre du Conseil Général, je vous disais que dans ce dossier, notre assemblée se doit de réfléchir, de peser le pour et le contre, d’évaluer, de jauger et, finalement, d’y entrer à petits pas… Vous penseriez, à juste titre, que je suis devenu un grand timide et que je fais pas preuve d’un grand dynamisme.
Si, Président du Parc Naturel, j’osais vous affirmer que le Parc est un être autonome, qu’il a construit sa vie et qu’il peut se passer des autres institutions, vous pourriez pensez, à juste titre, que les inondations m’ont secoué et que j’y ai grillé quelques neurones…
Aussi, oubliant toutes les règles élémentaires de cette maison et au risque d’affronter le courroux du président Dupilet, permettez-moi de parler dans cette enceinte, non pas en tant que Conseiller Général, non pas en tant que Président du Parc, même pas en tant qu’élu local… Car c’est bien en tant que représentant d’un intercommunalité que je siège au Parc… même si j’ai plusieurs casquettes que j’assume pleinement.
Non, je voudrais vous parler en tant que simple citoyen habitant un parc.
Et pardonnez-moi d’avance si mes propos manquent d’objectivité.
Mais je ne peux m’empêcher d’être direct en vous disant, Mesdames et Messieurs, que le Conseil général ne peut pas faire autrement que de bénir de façon très laïque et d’accompagner cette Charte… Et que, dans ce dossier, cette assemblée ne peut pas avoir d’état d’âme.
· Pas d’état d’âme parce que le Conseil Général fait partie des pères fondateurs du Parc. Dès 1982, avec la création de 2 parcs, celui du boulonnais et de l’audomarois ; puis en 2000, avec la création du grand Parc des Caps et Marais d’Opale.
Et tout cela, en association avec la Région et Espace Naturel Régional.
Même si les parcs sont, officiellement, de la compétence régionale, le département du Pas-de-Calais a toujours été avec, aux cotés et dans le Parc. Même s’il y a pu avoir des moments d’incompréhension ou d’explications entre le Parc et le Département, il n’y a jamais eu de rupture. Chez nous, on peut se disputer, se chipoter, s’expliquer mais chez nous, on ne se sépare jamais d’un de ses enfants… Sinon, on finit toujours par le regretter… sans trop savoir qui est le vrai coupable !
· Pas d’état d’âme parce qu’un grand département comme le nôtre se doit d’avoir des zones d’expérimentation, des zones d’exception et des zones d’innovation.
è C’est bien dans le Parc que nous avons testé les premières actions pour lutter contre les inondations ;
è C’est bien dans le Parc que nous avons créé la première ZAP (Zone agricole Protégée) et c’est dans le Parc que nous sommes en train de tester la mise en place des PPAENP ( Périmètres de Protection Agricole et des Espaces Naturels Périurbains), compétence du Conseil Général et compétence qui deviendra un outil majeur d’aménagement du territoire.
è C’est bien dans le parc qu’on expérimente, actuellement, de nouvelles façons d’installer des corridors biologiques, de maintenir et de pérenniser une trame verte, et qu’on essaye d’être le maillon incitatif, facilitateur et explicatif pour tout ce qui touche le développement durable… Tout cela, en lien permanent avec les collectivités et le monde agricole.
è C’est bien dans le Parc qu’a été signé le Premier SAGE du département, le SAGE du boulonnais.
è C’est bien le Parc qui, depuis des années, accompagne les acteurs locaux, collabore à une stratégie et aide à la promotion, du marais audomarois, symbole du pays de l’eau ;
è Et c’est bien, pendant un bureau du Parc, fin 99, que le Président du Parc de l’époque, le Président Dupilet, nous a demandé de travailler sur un dossier apparemment très difficile : une Opération Grand Site pour les Deux Caps.
Réflexion, expérimentation, innovation… Triangle magique pour un Parc, triangle magique parce qu’avec ces trois principes, vous faites toujours bouger les frontières.
· Pas d’état d’âme pour le département parce qu’on ne refuse pas un label, une image de marque, une distinction… Distinction qui n’est pas qu’un honneur : Etre un Parc, c’est un art de vivre, une marque de fabrique, un esprit des lieux…
Marque de fabrique et esprit des lieux qui peuvent aussi être mis en valeur par d’autres labels, ceux de l’UNESCO, en particulier. Et pour notre département,
è c’est un plus d’avoir sur son territoire des beffrois et un bassin minier classé au patrimoine mondial de l’UNESCO ;
è c’est un plus d’avoir un site classé Grand Site de France (il n’y en a que 11 sur toute la France) ;
è c’est un plus d’avoir un Parc Naturel Régional (il n’y en a que 49 sur toute la France, outre-mer compris).
Et vous le savez, avec tous ces labels, avec toutes ces distinctions, notre image de marque a, en quelques décennies, nettement changé.
Bien sûr, avoir de telles reconnaissances, cela entraine des règles, des règlements, des obligations…
Mais permettez-moi d’être franc avec vous, la beauté et la gloire, ça se mérite.
Il en est des pays comme il en est des hommes : tout le monde n’est pas beau et intelligent dès le jour de sa naissance. Il y a l’inné et il y a l’acquis. Et l’acquis, c’est le résultat d’un travail, de règles, d’obligations, parfois de frustrations… Mais le principal, c’est que le résultat soit bon et bien. Et c’est une philosophie qui s’applique sur tous les territoires d’exception. Alors, quand par chance, l’inné et l’acquis, la nature et l’histoire vous ont offert certains atouts, il faut savoir les garder, les mettre en valeur, voire les amplifier.
· Et enfin, le département ne peut pas avoir d’état d’âme parce que dans ce Parc, vous avez un condensé d’une grande partie de notre département :
ü l’activité humaine et le labeur des hommes avec Arques, Lumbres, les carrières du pays de Marquise ;
ü vous avez les polders et les wateringues allant de Guînes jusqu’au marais audomarois ;
ü vous avez les collines et les coteaux calcaires de l’arrière-pays boulonnais, du pays de Licques, du pays de Desvres ou de Lumbres ;
ü vous avez les taquineries humides de la Slack et les mouvements d’humeur de la Hem ;
ü vous avez l’histoire, le terroir et l’omniprésence du monde agricole qui a façonné ce territoire ;
ü et vous avez 2 merveilles parmi d’autres dans ce département : le marais audomarois et le Grand Site des Caps.
Voilà, mesdames et Messieurs, nous vous demandons de délibérer sur un dossier très structuré, très réglementaire… Sur une charte qui fait plus de 380 pages… Sur des statuts composés de 20 articles et 16 sous-articles… Sur un périmètre de Parc incluant 156 communes et 13 structures intercommunales… Voilà ce sur quoi, officiellement, vous devez voter, validant la Charte et participant à sa gouvernance.
Mais permettez-moi de tricher très légèrement… Tricher comme il m’est arrivé souvent de le faire avec le Grand Site des Caps. Quand je dois parler de ces paysages qui ont fait ma jeunesse, je commence toujours par dire : « Je ne vais pas vous parler du site des Caps… Je vais vous parler d’amour… » Car tous ces endroits-là, on ne peut pas faire autrement que de les aimer parce qu’ils font appel, sans doute, à notre intellect et à notre mémoire, mais ils font surtout appel à notre sensibilité en mobilisant nos 5 sens.
Et un Parc, c’est aussi et c’est surtout cela : Le sable mouillé, l’odeur du foin coupé, le casse-croute dans un estaminet, les rires des enfants dans un bacove et un coucher de soleil sur la baie de Wissant…
C’est tout cela l’âme d’un Parc, l’esprit d’un Parc, la vie d’un Parc.
Et c’est tout cela l’honneur d’avoir un Parc chez nous.
C’est le citoyen qui vous le dit et c’est le président qui vous demande simplement de nous accompagner… Et pour terminer, Mesdames et Messieurs, permettez-moi de vous rappeler qu’on ne repousse jamais une déclaration d’amour même si elle peut sembler grandiloquente ! et pour cela, je m’en excuse mais on ne se refait pas.
Merci de m’avoir écouté.
Hervé POHER