Salle des fêtes du Marais de Guines
Rassurez-vous, je serai beaucoup plus court que mes prédécesseurs. Bernard a parlé de la commune et Marc a envoyé des messages politiques qu’il n’est pas besoin de répéter. D’ailleurs, je ne prendrai qu’un 365ème de leur temps. En effet, ils ont résumé une année et moi, je vais vous résumer une journée… Pas n’importe qu’elle journée, celle du 26 décembre dernier, le dimanche 26 décembre.
Ce jour là, je me suis levé de bonne humeur, souriant et agréable … Comme d’habitude. En buvant mon café, j’ai lu le journal. En première page, il était écrit : « Il neige ! ». En deuxième page : « Il neige beaucoup ! ». En troisième page, « Il neige et les gens sont ennuyés ! ». En quatrième page, « Il neige et que fait le Conseil Général pour déblayer les routes ? »… Et je me suis dit : « Qu’est ce que c’est que cette société qui s’étonne qu’il neige en hiver ? Qu’est ce que c’est que cette société qui ne comprend pas qu’il ne neige pas au 15 août ? Qu’est que c’est que cette société où les gens râlent dés qu’ils sont embêtés ? Qu’est ce que c’est que cette société qui est incapable de s’adapter à la nature ? »
Du coup, je m’étais levé de bonne humeur et je suis devenu de mauvaise humeur.
Ce jour là, je devais aller à Lille pour chercher, à la gare, quelqu’un qui venait passer les fêtes à Guînes. En voiture, j’allume la radio et j’entends : « Il neige… Il neige sur Paris, sur l’Ile de France… Les avions ne décollent plus, les camions sont en portefeuilles, plus de circulation… Et c’est terrible ! C’est la fin du monde ! Le ministre dit que ce n’est pas la pagaille. D’autres disent que c’est la pagaille… » Et je me suis dit : « Depuis quand Paris est-il le centre du monde ? Depuis quand ce qui se passe à Paris est-il plus essentiel que le reste ? Je sais bien qu’on parle de Paris sans arrêt. Même à la radio, ils ne peuvent pas s’empêcher de parler du PSG… Même quand le PSG est mauvais. Ils feraient mieux de parler de Guînes ou du FC Campagne. »
Du coup, j’étais encore plus de mauvaise humeur.
Et je change de radio. Et là, je tombe sur l’interview d’un vieux monsieur de 93 ans. Monsieur Stéphane Hessel, 93 ans, compagnon de la résistance et corédacteur de la déclaration des droits de l’homme, qui vient de sortir un petit livre de 22 pages… Et ce livre s’appelle « Indignez-Vous ! ». Et il nous dit, indignez-vous ! Révoltez-vous ! Osez dire que ce n’est pas normal ! N’ayez pas peur de contester… Je ne vais pas vous lire ce livret, mais je vais vous en donner un extrait :
« Certes, les raisons de s’indigner dans le monde complexe d’aujourd’hui, peuvent paraitre moins nettes qu’à d’autres périodes, mais cherchez et vous trouverez :
- L’écart grandissant entre les très riches et les très pauvres
- L’état de la planète
- Le traitement fait aux sans-papiers, aux immigrés et aux roms
- La course au toujours plus et à la compétition
- La dictature des marchés financiers
- Et jusqu’ aux acquis sociaux bradés…
Indignez-vous et ne laissez pas faire ! »
Voilà ce que j’ai entendu et du coup, cela m’a rassuré car je ne suis pas seul à m’indigner. Et j’étais alors de meilleure humeur !
Arrivé en gare de Lille, j’étais en avance et je rentre au kiosque. Et là, je tombe en admiration, en pamoison sur une revue… La revue s’appelle GO et on y voyait une photo du Docteur House et en bas, il était écrit : « L’art de faire la gueule. La mauvaise humeur contre la tyrannie des gentils. »
Je me suis dit : « C’est pour moi cela ! ». Je l’achète immédiatement et je vais vous en lire quelques extraits. Il y est noté :
- La mauvaise humeur est une tradition bien française (Gabin, Ventura, Baccry, Poher…) Non, Poher, c’est moi qui l’ai ajouté. La mauvaise humeur fait partie de notre patrimoine affectif
- Etre de mauvaise humeur, c’est être vivant. Passer sa vie à sourire et à faire semblant est insoutenable.
- Ceux qui évitent les affrontements en faisant semblant d’être de bonne humeur, font 2 fois plus d’infarctus que les autres… Je vais vivre vieux, moi !
- On est dans une société du bonheur obligatoire et ceux qui montrent qu’ils ne sont pas contents passent pour des anormaux.
- Et enfin, écoutez bien : Le cerveau des grincheux marche mieux que les autres.
Et j’en ai gardé un mais je l’ai mis en dernier car il va vous faire réagir : « Un homme qui fait la gueule, on dit qu’il a du caractère ; une femme qui fait la gueule, on dit qu’elle est hystérique. » Ce n’est pas moi qui le dis, c’est écrit !
J’ai acheté cette revue et c’est devenu mon livre de chevet.
Je suis donc revenu à Guînes et nous avons fêté Noël. Et comme dans chaque maison, il y avait un sapin de Noël avec devant ce sapin, un mont de cadeaux. Enorme ! Presque indécent ! Mais nous étions très nombreux…
Mais, savez-vous, dans ce mont, presque la moitié des cadeaux, et j’en suis presque jaloux, était pour une seule personne : c’était pour Alexandre… Alexandre, c’est un petit bout de viande de bientôt 6 kilos, de 2 mois et c’est mon petit fils…
Et là, je me suis dit : « C’est vrai que tout est relatif !
- Il neige dehors mais il fait du soleil dans la maison grâce à Alexandre
- Paris n’est pas le centre du monde parce que le centre du monde est à Guînes, chez moi, avec Alexandre.
- C’est vrai qu’il faut s’indigner, protester, se révolter… mais celui qui s’indigne le plus facilement, c’est Alexandre quand il veut la gougoutte
- Et être de mauvaise humeur, il sait bien le faire, lui, comme son grand-père, surtout quand il a les fesses mouillées… Pas le grand-père… Alexandre !
Je ne veux pas vous parler de ma vie privée mais je veux, simplement, vous rappeler qu’il y a des choses importantes et d’autres qui le sont moins.
Et ce qui est important, c’est bien l’amour et la joie que vous procurent vos enfants, vos petits enfants, et tous ceux qui vous sont proches. Tous ces gens que vous aimez et qui portent sur eux les parfums du bonheur.
Pour 2011, je vous souhaite simplement de vous noyer dans des parfums de bonheur.
Hervé Poher