Arras, le 24/06/2013. Plénière du Conseil Général 62
Pas besoin d’aller bien loin pour trouver certains arguments justifiant cette délibération. Il suffit de parler avec des passants, d’écouter les discussions en famille ou de circuler au sein du Conseil Général, pour entendre les mêmes remarques : « Y’en a marre… Les hivers sont de plus en plus rudes ; les printemps ressemblent à l’automne et les étés sont pourris. Tous les jours, on le voit à la télévision, il y a des catastrophes.»
Et certains rajoutent : « On va finir par croire qu’il y a vraiment un changement climatique. »
Mais tout cela résulte d’impressions, d’insatisfactions et d’ambiance. Or dans l’analyse scientifique, la gestion publique et dans le prévisionnel, on ne peut pas se contenter d’impressions ou d’ambiance. Il faut des faits, il faut des chiffres, il faut des évolutions.
Et des chiffres et des tendances, nous commençons à en avoir. Par exemple, on sait que
Sur 122 espèces d’oiseaux communs dans le Nord-Pas-de-Calais, 30 espèces risquent d’augmenter et 92 sont en train de baisser, pour arriver peut-être à la disparition. Augmentation des fauvettes, des chardonnerets, des tourterelles… Baisse ou disparition de la bécassine, du pinson et du rossignol.
Une récente étude sur 35 espèces de papillons, sur 10 ans, a montré que 70% de ces lépidoptères nous quittaient pour aller se poser 250 kilomètres plus au nord.
Pour la flore, nous perdons définitivement, chaque année, plus d’une espèce de plante régionale… Et contrairement à ce qui transpirait dans un quotidien régional dernièrement, ce n’est pas uniquement dû à la fragmentation du territoire ou à de mauvaises pratiques agricoles.Le réchauffement climatique y est pour quelque chose. La meilleure preuve, c’est qu’à contrario, on voit apparaitre, chez nous, certaines espèces dites méditerranéennes.
Pourquoi tous ces phénomènes ? Simplement parce qu’il est prouvé qu’une augmentation de 2° sur un siècle, entraine une profonde variation de l’écosystème, du biotope et que du coup, les espèces animales modifient leur lieu de vie, leur couloir de migration et leur lieu de reproduction.
Certains d’entre vous pourraient me dire : « Ce n’est pas le pinson, le papillon ou l’orchidée qui vont influer sur les politiques départementales ! »
Soit, alors parlons du niveau de la mer qui a augmenté de 12 centimètres depuis 60 ans à Dunkerque… Ou de la température moyenne annuelle qui a augmenté de 1° sur 50 ans à Lille… Mais vous pourriez me répondre que tout ça, c’est dans le Nord…
Soit. Alors rappelons que la pluviométrie annuelle a augmenté de 50%, en 40 ans, à Boulogne sur mer et le Pas-de-Calais est, avec le Nord, le champion de France en ce qui concerne les CATNAT, c’est-à-dire les déclarations de catastrophes naturelles.
Tout cela pour dire, qu’on peut admettre ou refuser l’idée d’un changement climatique, personne ne peut nier qu’il y a un changement de notre environnement. Et pour pouvoir mesurer ce changement, pour pouvoir évaluer les impacts de ce changement sur notre région, il nous faut un tableau de bord, tableau de bord, objectif et indiscutable ; tableau de bord basé sur des données d’observations scientifiques ; tableau de bord pouvant se référer à des observations et des relevés déjà anciens.
Ce que j’ai pris en exemple est issu de communications d’associations ornithologiques, de la DREAL, de Météo-France, d’Eden 62… Bref, d’un peu partout.
Et dans le cadre de notre travail, au sein du Pôle Climat, il a semblé indispensable, pour tous les acteurs, de pouvoir faire un tableau de bord qui serait aussi une bibliothèque de données régionales et départementales, données pouvant même être des données locales et ces données étant à la disposition de tous. Une première approche de la démarche, nous amène à imaginer un tableau de bord avec plus de 300 types d’informations différentes.
Nous faisons déjà partie du Pôle Climat, ce qui nous permet, depuis 2008, de travailler avec la DREAL, la Région, l’ADEME et le département du Nord. Dans le même esprit de dynamique collective, nous vous proposons de participer, physiquement, intellectuellement et financièrement à l’observatoire Climat. Ce qui sera, indéniablement, un outil supplémentaire dans l’aide à la décision.
Proposition d’adhérer à la démarche, de signer la charte et la convention constitutive, en vous proposant de désigner monsieur Hervé Poher comme représentant officiel et monsieur Ludovic Loquet comme membre suppléant.
Hervé POHER