J’y vois, essentiellement, trois raisons :
La première, c’est que nous vivons dans un monde perturbé, un peu déboussolé, un monde plein d’incertitude et qui se pose beaucoup de questions. Et dans ce monde troublé, nous avons tous besoin de retrouver des valeurs, des repères… ce que j’appelle des jalons. Alors certains se tournent vers la foi, parfois vers les sectes. D’autres font de la politique… Mais de la politique de façon active ; vous pouvez le voir tous les jours dans les journaux. D’autres enfin se tournent vers la nature et l’environnement. Mais quels que soient les choix, on se rend compte que la valeur la plus sûre, l’institution incontournable, c’est la famille et l’enfant… parce que l’enfant, c’est le symbole de la famille.
La deuxième raison est purement égoïste pour nous, responsables de la communauté de communes. En effet, comme vous le savez, notre rôle, c’est de créer et d’assumer des politiques. Mais quand nous faisons du service public, 50% des gens râlent ; quand nous nous occupons des documents d’urbanisme et des PLU, 75% des gens protestent. Et quand nous assumons le problème des ordures ménagères, 100% des gens engueulent le président de la communauté de communes. Alors, quand on parle de famille et d’enfance, c’est plus simple pour moi et pour nous, car je sais que je ne risque rien. Et même quand dans ce village, on évoque l’allaitement maternel… Même si madame Badinter évoque le problème de l’allaitement et du statut de la femme, je sais que je ne risque rien. Ce n’est pas le président de la CCTP qui va répondre aux questions de madame Badinter. Tout cela ne dépend pas de moi… De toute façon, avec l’épouse que j’ai, je ne peux pas faire autrement que d’être pour l’allaitement maternel.
La dernière raison est que, quand on parle famille et enfance, on évoque automatiquement solidarité, éducation et avenir. Et l’éducation, la solidarité et une certaine idée de l’avenir sont quand même les fondements et les bases de l’action d’un élu. Si un élu ne pense pas à l’avenir, donc à l’enfant, ce n’est pas la peine de se présenter à des élections.
Voilà pourquoi nous nous sommes impliqués dans la mise en place de ce village. Et ces journées, nous avons voulu les dédier à François Lebas… Parce que François qui est décédé il y a 2 ans, juste avant la journée de l’enfant… François était médecin ; Et dans l’idée que je me fais du médecin, cela veut dire qu’il savait porter un regard sur l’autre. François était pédiatre et il savait donc porter un regard sur l’autre. Et, enfin, François a créé Misola : cela prouve simplement qu’il savait porter le regard sur les autres.
Une dernière anecdote pour terminer. Il y a 8 jours, j’étais chez ma fille, à plus de 1000 kilomètres. Et pendant ce temps, des personnalités importantes sont venus dans le coin, sur le site des Caps. Lundi dernier, nous étions en plénière au Conseil Général et un de mes collègues m’a demandé : « Comment se fait-il que tu n’étais pas là lors de la visite du site des Caps. » J’ai répondu : « Tu vois, je me suis posé la question : Est-ce-que je reste chez ma fille ou est-ce-que je remonte ? Et bien vois-tu, je n’ai pas hésité : je suis resté avec ma fille. » Et mon collègue m’a répondu ; « Sincèrement, c’est toi qui a raison. »
Mesdames et Messieurs. Cela veut dire qu’il y a des moments où il faut savoir retrouver ses vraies valeurs…
Hervé Poher