Camiers
Mesdames et Messieurs. Rassurez-vous, je serai beaucoup plus court que monsieur le Maire et je laisserai le soin au Président Dupilet d’expliquer à quoi sert la taxe qui n’est plus une taxe d’espace vert, mais la TDENS, taxe départementale des espaces naturels sensibles. Permettez moi d’être un peu plus dans la philosophie.
Depuis quelques décennies, nous vivons dans une société d’information et de communication. Avec quelques défauts et quelques déviances. En effet, quand on parle de loi, on signale surtout les effets négatifs et les mauvaises conséquences supposées de cette loi. On oublie les effets bénéfiques. Si on nous parle de la création d’une structure ou d’un organisme, les gens disent : « Encore une structure supplémentaire… Encore une couche supplémentaire aux mille-feuilles… Cela va, encore, retarder les procédures… ». Quand on vous parle d’un mariage, on ne parle que des mariages où il y a des problèmes, des mariages qui ne marchent pas… On ne parle jamais des mariages réussis… »
Eh bien, n’en déplaise à certains, aujourd’hui nous sommes réunis pour fêter une loi intelligente, c’est la loi littoral ; un organisme utile et qui a fait ses preuves : le conservatoire du littoral et un mariage réussi : celui du conservatoire avec les collectivités territoriales, et en particulier avec le Conseil Général du Pas-de-Calais.
Et si vous avez besoin d’une preuve de la conjonction bénéfique de ces trois facteurs, il suffit de parcourir notre cote, de monter en haut du mont Saint Frieux ou de s’asseoir en haut du Blanc Nez… Il suffit de voir le nombre de touristes qui envahit notre région… Il suffit de voir le nombre de fois où on me demande d’aller expliquer à Carcassonne, à Paris ou ailleurs, comment nous avons réussi, en collaboration avec le conservatoire, à préserver notre littoral et
j’ai entendu dire que c’est prés de 25% de notre cote qui est maintenant protégé.
Il y a 10 jours, j’étais au Ministère de l’Environnement, pour fêter le 100ème anniversaire de la création des grands sites.
Je devais intervenir et je dois avouer que je ne savais pas trop comment aborder le sujet. Le déroulement de la journée m’a
fourni l’angle d’attaque.
Le matin, au milieu des interventions, certains membres du monde associatif ont fait haro sur le dos des élus… C’est très à la
mode de bouffer de l’élu. Et l’après-midi, nous avons assisté à un cour dephilosophie, nous expliquant le pourquoi du comment,
et essayant de trouver la substantifique mœlle de notre démarche… Du coup, lorsque je suis intervenu, j’ai expliqué que
nous avions fait du concret, que nous avions agi, que notre alliance avec le Conservatoire était d’une efficacité remarquable
et que pas un mètre carré du littoral ne pouvait passer entre les mailles du filet. Bref, je leur ai parlé de concret et je pense que ce
discours leur a plu.
A la fin de la réunion, la présidente des grands sites m’a demandé : « Qu’est-ce qui vous motive, pourquoi faites-vous
tout cela ? » . J’ai répondu simplement parce que c’est beau… Je ne suis pas philosophe, je protége parce que c’est beau.
En plus, je dois avouer que j’ai une réaction très égoïste…Je veux pouvoir léguer à mes enfants et à mes petits enfants,
que j’espère connaître si j’arrête de fumer, ce que j’appelle des espaces de jouissance : Ces horizons où nous sommes noyés
par les couleurs ;ces espaces de bois et de forêts où nous sommes imprégnés par l’odeur de la sève ; ces espaces de
vent où nous ne supportons plus le cri des mouettes ou tout simplement, ces espaces de sable où nous
trouverons une raison pour reconstruire des châteaux de sable. C’est cela la vraie raison.
Alors, si nous réussissons cela, c’est que nous aurons bien travaillé et pourtant, ce n’est pas facile.
On entend les termes de spoliation, de vol, de dictature étatique… Mais nous continuons, parce que nous savons que nous avons
raison et que dans 10 ou 15 ans, les gens le reconnaîtront.
Mais dans cette démarche, Mesdames et Messieurs, nous ne faisons, tout simplement,
que notre travail… Mais ce travail là, au moins, nous l’aurons bien fait.
Hervé Poher