Monsieur le Préfet,
Lorsqu'on est au courant d'un danger pouvant toucher une personne et qu'on ne fait pas ce qu'il faut...
Lorsqu'on est au courant de certains fléaux touchant des régions entières et qu'on ne fait pas ce qu'il faut...
En terme juridique, cela peut porter un nom.
Depuis des décennies, tout le monde sait que l'espérance de vie, dans le Nord-Pas-de-Calais est une des plus basses de France.
Depuis plus de dix ans, tout le monde sait que nous avons un taux de mortalité nettement supérieur à la moyenne nationale.
Depuis plus de dix ans, tout le monde sait que nous possédons un taux de morbidité nettement supérieur à la moyenne nationale.
Depuis plus de dix ans, nous avons identifié dans notre région des zones caractérisées par des pathologies graves.
Et depuis des années, les dotations de l'Etat par habitant, pour nos hôpitaux sont nettement inférieures (voire la moitié) à celles des autres régions (même si cette année un tout petit effort a été fait).
Bref, Monsieur le Préfet,
"Ici, on est plus malade mais on a moins de moyens pour se soigner".
Et cette situation est :
moralement indéfendable,
politiquement inexplicable,
humainement impardonnable.
C'est pourquoi, dans le cadre du contrat de plan, nous demandons un véritable rééquilibrage sanitaire, pour toute notre région mais encore plus pour le Pas-de-Calais, qui présente les chiffres les plus alarmants.
Ce rééquilibrage sanitaire peut revêtir deux formes :
soit la création d'un CHR multipolaire du Pas-de-Calais ; ce qui veut dire un engagement fort de l'Etat pour des investissements et la création de services de pointe. Si cette solution logique était adoptée, la création, dans un deuxième temps d'un CHU pourrait être envisagée.
soit une forte déconcentration et décentralisation du CHRU de Lille sur tout le territoire de notre Département.
quelque soit la solution adaptée, Monsieur le Préfet, il faudra que l'Etat prenne ses responsabilités, mais l'homme étant ce qu'il est et les médecins n'étant que des hommes, vous pensez bien que la 1ère solution (création d'un CHR) serait plus facile à mettre en place et plus équitable.
De plus, je tiens à signaler que ces deux solutions sont parfaitement compatibles avec les objectifs de l'ARH, dans le cadre de la réorganisation hospitalière.
Monsieur le Préfet, nous réclamons ce qui nous est dû en vous rappelant simplement "qu'avoir une bonne santé est un droit pour tout homme, mais que donner les moyens d'une bonne santé, c'est un devoir pour l'Etat".
La situation sanitaire du Pas-de-Calais pourrait être qualifiée :
Par un polémiste de "non assistance à personne en danger"
Par un scientifique "d'observatisme sanitaire"
Et par un sarcastique "d'indifférence administrative".
Et dans les trois cas, cette situation est injustifiable.
En conclusion, Monsieur le Préfet, permettez-moi de rappeler que le Pas-de-Calais a beaucoup donné durant les siècles passés, à la nation française.
Il serait normal que dans un domaine où on ne peut pas avoir d'état d'âme, nous puissions bénéficier d'une solidarité nationale exemplaire.
Hervé Poher